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Au Québec, sous l’influence des enseignements de la religion chrétienne, nous avons été éduqués depuis des générations dans le respect des autres. Chacun pouvait évidemment s’écarter de principes proposés, mais se questionner sur les valeurs proposées n’était pas courant, ni surtout sur le sens des mots décrivant les lieux et pratiques coutumières.
Or, la paroisse, par exemple, tire son nom d’une expression grecque désignant ceux qui habitent à proximité. On peut y lire d’abord le sens positif du voisinage, et paroisse décrit alors un groupement de maisons, un village. C’est ainsi la pratique universelle d’offrir les services de la religion à une communauté définie. C’est d’ailleurs aussi le sens d’église, qui provient d’Ecclesia(assemblée) qui nomme le lieu du rassemblement des croyants. Temple et mosquée ont le même sens de lieu de prière.
Selon mon dictionnaire*, l’évocation de ceux qui habitent à côté d’autres peut aussi désigner les étrangers, qui ne vivent pas trop loin mais ne partagent pas la même culture. Et curieusement, c’est aussi la signification que les premiers chrétiens associaient à paroisse. Vivant au sein de populations qui respectaient d’autres croyances spirituelles, ils se percevaient comme très différents de cet entourage, au point de se dire étrangers à ces concitoyens qui s’en méfiaient souvent et parfois les persécutaient.
Dans nos sociétés actuelles, cette différence plus ou moins marquée entre gens de croyances diverses s’est accentuée. À Montréal, surtout, certaines communautés vivent encore en étrangères, comme il y a deux mille ans. Celles-ci imposent, entre autres aux femmes, des règles discriminatoires et parfois cherchent à faire prévaloir des lois contraires aux nôtres. Ces fanatiques persistent d’ailleurs à vivre parmi nous comme si nos traditions basées sur l’amour du prochain nous méritait une haine légitime. Et même parmi ceux qui se réfèrent à notre courant religieux, des pratiquants d’allégeance chrétienne, au nom d’une vision sectaire s’objectent résolument aux libertés civiles conquises de haute lutte concernant, entre autres, le droit à l’avortement.
Les premiers chrétiens ont sans doute eu raison de se méfier d’un voisinage agressif à leur égard, mais nos institutions catholiques, heureusement, n’exigent pas une adhésion inconditionnelle à leur foi et n’incitent pas à des comportements contraires au principe du vivre et laisser vivre. Dans la région immédiate, notre paroisse, couvrant désormais Saint-Sauveur, Sainte-Anne des Lacs et Prévost, fête cette année ses cent ans aux cloches bien sonnées. Même si beaucoup ont cessé de fréquenter nos églises, rappelons-nous que les libertés issues de l’évolution des mentalités ne contredit pas son enseignement, toujours basé sur l’ouverture aux autres. N’abandonnons pas les valeurs fondamentales qui nous rassemblent.
* Dictionnaire étymologique et historique, Larousse, 1971