Menestrel

Deux jeunes musiciens de formation classique, Janelle Lucyk, chant et violon et Kerry Bursey, chant et luth – photo: Raoul Cyr
Carole Trempe
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De la musique douce et dénudée, simple et efficace

Carole Trempe – Dans la Série Jeunes Virtuoses, Diffusions Amal’gamme a ouvert l’année 2025 avec Ménestrel qui a présenté L’Ordre du Bon Temps à la salle de spectacle Saint-François-Xaver de Prévost le dimanche 12 janvier 2025.

Deux jeunes musiciens de formation classique, Janelle Lucyk, chant et violon, et Kerry Bursey, chant et luth, ont partagé avec le public leur passion pour la musique ancienne que Kerry qualifie d’alternative. 

On retourne plus de 400 ans en arrière, en hiver. On peut imaginer le froid et la rigueur qui accablaient la vie des Français en Acadie dont certains n’ont pas échappé au scorbut. Samuel de Champlain, Seigneur de Port-Royal, eut l’idée de créer l’Ordre du bon temps durant l’hiver 1606-1607. Le vendredi soir, tous se réunissaient pour fêter et faire un repas constitué du fruit de leur chasse et de leur pêche, afin d’égayer l’ambiance et de créer un plus grand esprit entre les membres de l’état-major.

La musique au service du Seigneur pour distraire son entourage. On comprend le besoin d’un grand bain d’optimisme, le moral n’étant pas moins important que le physique. Nous ne sommes pas loin du carnaval du peuple, fête des fous, de la subversion dans lesquelles sont parodiées les règles de l’ordre établi, civil ou religieux, au service du rire et de la joie débridée. 

Nos deux protagonistes nous proposent un voyage musical soutenu à souhait par l’histoire, notre histoire. Le programme totalement imaginé par le duo reprend des chansons françaises et anglaises comportant des complaintes, des chants religieux, des chants d’espoir et d’amour de toutes les inspirations de la vie qui nous font chanter.

La première pièce est la plus vieille chanson recensée de la Nouvelle-France : À la claire fontaine, livrée tout en douceur et sans artifice. Ensuite, de Pierre Guédron, Qu’on ne me parle plus d’amourLa Pavane de Thoinot Arbeau que toutes les chorales choisissent d’interpréter et qui aurait été l’air écouté par le Roi Arthur lorsqu’il était triste. Guerre, guerre, vente vent chanson de Tri Yann d’origine bretonne racontant le retour au pays d’un matelot après la guerre de sept ans opposant l’Angleterre à la France.

Quelques pièces de John Dowland, compositeur pour voix et luth protégé de la Reine Élizabeth 1 d’Angleterre et préféré de Shakespeare. Très belle musique recherchée.

En bref, un concert, en grande partie empreint de mélancolie, traduisant sans doute la vision du monde de l’époque de rendre plus audible l’émotion humaine par l’exploitation d’une large palette d’émotions. De la musique douce et dénudée, simple et efficace. De la musique populaire destinée à un large public reposant sur des formes simples et répétitives adaptées à la danse ou à la mémorisation. Cela dit, cette musique demeure essentielle à notre culture et à nos sources. Les interprètes ont fait preuve de générosité et de passion. Leurs voix s’harmonisent à merveille pour notre pur ravissement.

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