L’état de la planète

Collaboration JDC
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Y’a des limites

Valérie Lépine – En cette ère de bouleversements climatiques et de déclin de la biodiversité, peu de gens seront surpris d’apprendre que la planète est mal en point. Mais à quel point l’est-elle ? Des scientifiques ont planché sur la question et ont établi différents critères pour évaluer l’état de la planète. Sans surprise, leurs calculs démontrent l’urgence d’agir maintenant pour éviter des bouleversements planétaires sans précédent.

Limites planétaires

Une des façons d’évaluer la santé de la planète pour les scientifiques a été de déterminer des seuils à ne pas dépasser pour neuf indicateurs afin que les écosystèmes terrestres restent stables et assurent la survie de l’humanité. Ces barèmes ont été établis sur le principe qu’une croissance économique illimitée a des conséquences destructrices dans un monde aux ressources finies. Conséquemment, plus la consommation augmente, plus les limites sont franchies et plus les conditions de vie sur Terre se dégradent.

Neuf indicateurs, qu’on nomme les limites planétaires, ont été sélectionnés : les changements climatiques, la perte de la biodiversité, les cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, la déforestation et l’urbanisation, l’acidification des océans, les changements des cycles hydrologiques, l’appauvrissement de la couche d’ozone, la pollution par les produits synthétiques et plastiques et l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère1

En 2024, six des neuf limites planétaires ont déjà été franchies (voir schéma), c’est deux de plus qu’en 2015. Deux autres de ces limites sont sur le point de franchir leurs limites. Les conséquences de ces dépassements se font déjà sentir : augmentation des événements météorologiques extrêmes (sécheresses, vagues de chaleur, inondations, etc.), augmentation des composés chimiques dans l’environnement avec des conséquences encore inconnues sur la santé humaine, raréfaction de l’eau potable, diminution de la productivité alimentaire, diminution de la capacité des océans à séquestrer le carbone (ce qui alimente les changements climatiques), etc. 

Au rythme où ces limites sont dépassées, on calcule que la température moyenne sur Terre augmentera de 1,5 0 C dans 5 ans, ce qui entraînera, entre autres : la fonte de glaciers au Groenland et en Antarctique, la fonte du pergélisol au Nord et l’émission de puissants gaz à effet de serre qui feront augmenter significativement le niveau des mers. La disparition des récifs coralliens provoquera des changements drastiques dans les chaînes alimentaires marines. Si rien n’est fait, on estime que deux milliards de personnes seront exposées à des chaleurs extrêmes d’ici 2090.2

Jour du dépassement de la Terre

Toujours pour souligner la portée des actions humaines sur les écosystèmes, on évalue aussi la santé de la planète en estimant à quel moment dans l’année l’humanité a consommé l’ensemble de ce que la planète peut produire en un an. On détermine ainsi le jour du dépassement de la Terre. Passé cette date, l’humanité vit à crédit.

Le calcul est effectué en mesurant l’empreinte écologique globale des activités humaines et en la comparant à la capacité de régénération de la Terre (appelée biocapacité). Les chiffres colligés jusqu’à aujourd’hui témoignent de l’augmentation rapide de notre empreinte écologique collective. Par exemple, en 1971, le jour du dépassement était estimé à la fin décembre. En 2000, cette date avait reculé à la fin septembre. En 2024, ce jour était le 1er août. Et si la population mondiale consommait autant de ressources que les Canadiens, le jour du dépassement, tomberait le 26 mars en 20253

Schéma indiquant les limites planétaires et leur niveau de dépassement :
Changements climatiques (climate change), perte de la biodiversité (biosphere integrity), déforestation et urbanisation (land-system change), changements des cycles hydrologiques (feshwater change), cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore (biochemichal flows), pollution par les produits synthétiques et plastiques (novel entities), augmentation des aérosols dans l’atmosphère (atmospheric aerosol loading), acidification des océans (ocean acidification), appauvrissement de la couche d’ozone (stratospheric ozone depletion).
stockholmresilience.org

Solutions

Notre planète est donc très malade. Et les remèdes sont connus. Modifier notre modèle économique basé sur l’hyperconsommation, encourager l’agriculture durable, protéger les forêts, mieux gérer notre consommation d’eau, diminuer l’érosion des sols, etc. Les solutions devront bien sûr venir des gouvernements et des industries, mais nous pouvons tous jouer un rôle dans la guérison de la Terre. Voici quelques exemples d’actions concrètes qui collectivement pourraient faire une différence : Diminuer sa consommation en eau et en électricité, manger moins de viande, acheter moins de vêtements neufs et privilégier les vêtements usagés, diminuer ses déplacements en auto ou en avion, faire moins de feux de foyer, acheter en vrac avec ses propres contenants pour diminuer la pollution plastique, diminuer le gaspillage alimentaire, encourager l’agriculture biologique, faire des pressions sur le gouvernement, signer des pétitions, soutenir les organismes de protection de l’environnement… Les actions concrètes ne manquent pas. Peut-être pourrez-vous adopter une de ces actions comme résolution de la nouvelle année ?

1. Pour en savoir plus sur la description de ces indicateurs et les conséquences du dépassement des limites, consultez ce site : https://www.guides. amisdelaterre.org/media/Amis-de-la-Terre-les-limites-planetaires.pdf

2. Pour plus de détails, voir ce site de référence : https://www.planetaryhealthcheck.org/

3. https://overshoot.footprintnetwork. org/newsroom/country-overshoot-days/

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