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Pierre Lauzon, citoyen de Sainte-Anne-des-Lacs – Il y a un profond cancer qui met à mal notre démocratie municipale, que ce soit à Montréal, à Québec ou dans nos petites municipalités laurentiennes, comme à Sainte-Anne-des-Lacs.
Il est facile de faire le constat qu’en dehors des réseaux sociaux, le seul lieu où certaines personnes peuvent déverser leur trop plein, justifié ou non, de leur colère intérieure, c’est le conseil municipal. Les autres formes de gouvernance, fédérale, provinciale ou même dorénavant scolaire, sont beaucoup trop loin des citoyens. Quant aux entreprises (épiceries, télécommunications, services de tout acabit…), ils sont encore plus loin et nous ne saurions à qui parler. Nous n’y pensons même pas.
Près d’un élu municipal sur dix a démissionné depuis 2021*. Il y a donc là matière à réflexion. Si, pour certains, c’est toujours la faute aux élus et aux administrateurs s’ils vivent un problème, la réalité se doit de laisser place aux nuances. Dans bien des cas, il y a un problème de communications ou tout simplement de connaissances, de quelle façon se vit le quotidien municipal. Exemple : on peut accuser la Municipalité de mille maux parce que notre bac vert n’a pas été vidé, alors que cela ne relève pas d’elle mais plutôt de la MRC.
Comme dans la plupart de nos municipalités laurentiennes ou non, Sainte-Anne-des-Lacs n’échappe pas à cette espèce de dialogue de sourds. La moindre brèche, le moindre élément deviennent des prétextes à discréditer l’administration. Le positif ne réussit jamais à y trouver sa place, au prix même de voir réduits au silence ceux qui ne font pas partie de ce groupe de subtils penseurs.
Le choix des mots n’est jamais innocent. On dénonce le fait que certains élus ne se comporteraient pas avec honneur, conformément à leur code de déontologie, comme si, à leurs yeux, cela n’était pas valable dans les deux sens. On tente de faire ses choux gras ou de jouer les vierges offensées, toujours au nom de la démocratie, parce que certains élus sont exclus du caucus officiel du conseil municipal, alors que c’est très souvent la règle dans de très nombreuses administrations municipales au Québec. C’est même la règle dans nos partis politiques, tant au provincial qu’au fédéral.
Pour pouvoir discuter, pour établir un dialogue ouvert entre élus, il faut le respect tant dans les propos que dans les attitudes. Qui accepterait de poursuivre un dialogue de recherches de solutions si nous avions vécu ou si nous vivions non pas avec des collaborateurs, mais plutôt avec des adversaires politiques qui ont leur propre agenda ? Si le respect ne s’impose pas, mais plutôt se mérite, cela se doit d’être dans les deux sens.
À Sainte-Anne-des-Lacs, comme dans les autres Municipalités, il existe un comité consultatif en urbanisme et un autre en environnement. N’y aurait-il pas lieu d’innover et d’en créer un pour notre démocratie municipale ? Ce comité consultatif en démocratie municipale pourrait être constitué de trois à cinq citoyens de Sainte-Anne-des-Lacs, nommés à l’unanimité des membres du Conseil, et qui seraient une sorte de Conseil de sages, sans agenda politique. Il se pencherait sur des problématiques de notre démocratie municipale pour faire leurs recommandations publiques à la recherche d’un mieux-vivre démocratique au sein de notre municipalité.
Pour que la démocratie s’épanouisse, il faut penser collectivité, non seulement chez les élus, mais aussi chez les citoyens, et ne pas favoriser des intérêts personnels ou politiques.
Je laisse le tout à votre réflexion.
* Près d’un élu municipal sur dix a démissionné depuis 2021; par Jasmine Rondeau, La Tribune et Rémi Léonard, La Tribune, 23 janvier 2024