Le Trio Laura Risk

Faire vivre l’art du son dans le temps

Carole Trempe – Dans la série Azimuts & Jazz/Monde, Diffusions Amal’Gamme présentait le Trio Laura Risk le 23 novembre 2024 à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost. Traverse est une expérience musicale à travers le temps et les frontières.

Ce trio de musique traditionnelle est composé de Laura Risk (violon), Nicholas Williams (flûte et accordéon) et Rachel Aucoin (piano). Ces trois musiciens accomplis ont offert au public un voyage qui « traverse » les frontières par la musique qui touche profondément l’âme partout sur la planète et qui « traverse » aussi toutes les générations. Le public ressent un sentiment d’identité qui se traduit par un sourire apposé sur toutes les lèvres. Le trio fait la promotion de la diversité culturelle et de la créativité humaine, on s’y retrouve, cela fait du bien !

Faire passer la musique appartenant à un patrimoine du passé dans l’actualité est tout un art. Il s’exerce par la transmission orale et la diffusion s’exprime par la mémoire. Les musiciens l’ont extraordinairement bien rendu ! Les arrangements sont tout en douceur et en finesse. Les compositions singulières révèlent la personnalité des artistes. Les ingrédients sont réunis pour passer une très belle soirée avec des musiciens doués, humbles et sympathiques. On a vraiment l’impression que si les violoneux d’il y a cent ans étaient avec nous, ils ne se sentiraient pas perdus.

Dans ses interventions au micro, Laura Risk nous fait bien sentir que la musique traditionnelle s’inspire des relations entre humains, se transmet par l’amour et nous survit au-delà de la mort. Elle raconte son extraordinaire rencontre avec Marcel Carignan (le frère de Ti-Jean Carignan), violoneux avec qui elle a construit une relation et un parcours musical inspirant. Bien que Marcel Carignan fut affaibli par une maladie dégénérative, il arrivait à jouer avec elle « pas fort », comme le dit Laura. Quelle belle histoire humaine et touchante de musique vivante !

La musique traditionnelle a fait l’objet d’un projet de recherche par le Centre communautaire de Douglas-town et Laura Risk afin de recueillir les chansons traditionnelles des gens de descendance irlandaise en Gaspésie. S’en est suivi un CD contenant 46 pistes. Au-delà du CD. Laura cumule diverses expériences hu-maines et musi-cales fantastiques qui teintent habilement son répertoire. Son jeu est expressif et très émouvant. Elle est belle à voir et à entendre jouer. Elle nous propose quelques compositions dont une pour une amie proche décédée du cancer Another Voyage. Une pièce dédiée à son père Jerry’s Waltz. La composition dédiée à sa mère est particulièrement émouvante. Dès la première note, on entend vibrer l’amour, la tendresse, la douceur. Les longs coups d’archet soutiennent des valeurs musicales remplies d’une émotion pure et vraie. C’est très beau, très touchant.

Nicholas Williams à la flûte et à l’accordéon nous fait découvrir ses compositions dont une valse qu’il intitule Pied De Vent, titre qu’il a choisi alors qu’il voyait la lumière du soleil traverser les nuages. Une belle mélodie douce et sensible. Un excellent musicien maniant ses instruments impeccablement bien. En duo avec le violon, dans une des pièces proposées, on entend un son de cornemuse (Retreat Marches).

La pianiste Rachel Aucoin est d’une grande musicalité. Elle est discrète, mais son jeu est précieux et efficace. Elle expérimente des tonnes de subtilités qui ajoutent au son sous la mélodie et le rythme.

Nous avons entendu des airs écossais empreints d’une profonde tristesse, des solos de piano lyriques, doux et sensibles, du violon plus vivant que nature ! Des reels, des airs de Philippe Bruneau, Hommage Aux Maheux, La Traverse de Pitou Boudreault et tant d’autres.Cette musique traditionnelle composée d’airs entraînants est porteuse d’un bagage culturel. Cette culture coule à travers notre ADN, si lointaine soit-elle. C’est bon de se le rappeler, de se recadrer. La musique étant un guide d’inspiration pour traverser le climat social dans lequel nous baignons.