Des BD pour tous les goûts

Le bédéiste Tristan Demers – photo: Léa Charbonneau
Léa Charbonneau
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12e Festival de la BD réussi

Léa Charbonneau – Pour sa 12e édition, le Festival de la BD de Prévost a été un véritable succès. L’équipe d’organisation, plus rodée que jamais, était prête à accueillir petits et grands, beau temps comme mauvais temps. Franchement étonnés par la diversité des bédéistes présents, nous avons assisté à diverses activités en plus de participer à des discussions animées.

Fais-moi un dessin

Sous un ciel dégagé, dès 10 h du matin le 29 août dernier, l’école Champ-Fleuri a ouvert ses portes. La programmation offrait des activités des plus créatives les unes que les autres. La première à laquelle nous avons assisté était « Fais-moi un dessin ». Sur la scène, le bédéiste Xavier Cadieux était présent. Armé de son crayon, il créait en direct un dessin au choix du public. L’excellent animateur tentait tant bien que mal de poser quelques questions à notre artiste sous les yeux de la foule. Le personnage à moitié créé, l’animateur demanda au public, plus précisément aux jeunes présents, s’ils avaient des idées pour le dessinateur. « On pourrait faire un espion en action », proposa un jeune garçon. Aussi vite dit que fait, l’artiste ajouta l’espion à son dessin en moins de cinq minutes. Par la suite, une seconde scène, non loin de celle-ci, offrait un autre type d’activité, cette fois-ci à caractère plus pédagogique. Plusieurs jeunes y étaient rassemblés, les yeux rivés sur le bédéiste Tristan Demers, qui avait à la main un crayon et un grand tableau blanc derrière lui. D’un ton loufoque et d’une pédagogie déconcertante, il éveillait l’esprit créatif. Il créait des personnages, des objets et même des histoires à partir de numéros de téléphone, de formes et de tout autre élément. Il ne captivait pas seulement les jeunes, mais aussi tous les parents et accompagnateurs.

L’œuvre et l’artiste

Ce qui est encore plus fascinant avec ce festival, c’est qu’il vous permet de découvrir la belle diversité des bédéistes au Québec. Par diversité, nous entendons ici tous les sens possibles : leur genre, leur histoire, leur personnalité, leur motivation, etc. La beauté de la chose est que l’on pouvait aller les rencontrer personnellement à leur kiosque, où étaient exposées leurs œuvres. N’ayant plus l’âge de lire des BD jeunesse, mon cœur d’enfant s’est tout de même réjoui face à la créativité d’Olivier Carpentier et de sa série BD Vinyasa Yoga et Far Out . Mélangeant lecture et sport, Vinyasa Yoga est une série interactive qui fait découvrir le yoga aux jeunes. À la fin, il y a même une carte pliable montrant chaque mouvement effectué par les protagonistes tout au long de l’histoire. Cette carte enseigne comment les lecteurs peuvent à leur tour effectuer ces mouvements à la maison. Son deuxième livre reste dans le domaine de la fiction, mais cette fois-ci, il combine robots et Far West. Le plus impressionnant est le souci du détail : « Une page me prend plus de vingt heures à dessiner », nous confie le bédéiste. Ces livres contiennent plus d’une vingtaine de pages. Je vous laisse imaginer le nombre d’heures et l’investissement que cela représente pour chacune d’entre elles. D’ailleurs, cela fait plus de cinq ans qu’Olivier assiste au Festival de la BD de Prévost. Il nous a confié que c’est le seul festival dans le secteur.

L’histoire ? Oui, mais non

En poursuivant notre parcours de kiosque en kiosque, nous nous sommes arrêtés à celui de Jocelyn Jalette. Ses BD colorées aux aspects jeunesse étaient détaillées comme le travail d’un moine. Ses ouvrages, tels que Le Québec en 215 tableaux d’hier à aujourd’huiLa république assassinée des Métis et bien d’autres, donnent envie aux petits comme aux grands de s’y aventurer. Des périodes charnières de notre histoire étaient mises sous nos yeux avec précision et créativité. « Ça fait plus de trente ans que je suis bédéiste », nous dit-il. Un jeune homme à côté de moi, dans la vingtaine, lui a dit : « Monsieur, j’ai acheté votre BD La république assassinée des patriotes au Pied-du-Courant il y a plusieurs années. Jusqu’à ce jour, c’est l’une de mes préférées. » À côté de ce jeune homme se trouvaient des plus jeunes qui, à leur tour, faisaient signer leurs œuvres. Il y avait quelque chose de profondément touchant à voir ces différentes générations exprimer leur admiration pour cet homme. En l’interrogeant sur la motivation qui le poussait à écrire sur ces phénomènes de notre passé, il nous a expliqué que l’histoire était une passion personnelle. Cette passion transparaissait à travers la qualité et la justesse de ses œuvres. Parler de notre passé à travers une bande dessinée jeunesse tout en restant amusant et factuel n’est pas chose simple. C’est pourtant une tâche que Jocelyn Jalette accomplit avec brio. À l’inverse, le dessinateur Xavier Cadieux, a donné un tout autre appétit pour notre histoire. À sa table, une bande dessinée était exposée La poutine et la pitoune. Étant l’une de ses plus récentes, la BD y était mise en avant et traitait de notre héros émérite : Jos Montferrand. Jos, c’est un draveur, un homme fort de notre imaginaire collectif qui défendait son peuple. Il me semblait merveilleux qu’un auteur, surtout un bédéiste, lui rende hommage. Cependant, ce n’est pas exactement l’avis que Xavier Cadieux semblait partager : « Au début, quand on m’a approché avec le scénario, je n’étais pas vraiment impressionné », dit-il. Cependant, il décida quand même de le réaliser : « En fait, Jos Montferrand était juste un soûlon qui se battait avec des Anglais », poursuit-il, ajoutant qu’il en fallait peu aux gens de l’Outaouais pour faire une légende. Il est dommage de constater que l’on se moque d’un mythe qui attribue une certaine gloire et du courage au peuple québécois. Lorsqu’on touche à notre passé, surtout les passages moins connus du commun des mortels, il paraît normal de le faire avec rigueur et respect.

La représentante de la Caisse Desjardins de la Rivière-du-Nord; Ginette Robitaille, artiste locale et réalisatrice des trophées; Nino Mancuso, auteur de la bande dessinée parue en 2024 Westwolf a reçu le prix Bédéiste recrue remis à un bédéiste participant pour la première fois au Festival; Patrick Boutin-Gagné, dessinateur, illustrateur et storyboarder ayant entre autres réalisé les bandes dessinées Samurai Origines (tomes 4 et 5),Terence Trolley, Vinland et Sarcophage des âmes a reçu le prix Bédéiste étoile; Julien Paré-Sorel, auteur et illustrateur ayant réalisé entres autres la bande dessinée Aventurosaure (tomes 1 à 5) a reçu le prix Coup de coeur du public choisi par les festivaliers; et Paul Germain, maire de Prévost – photo: Michel Fortier
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