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Un événement incontournable
Léa Charbonneau – « Le plus grand festival de danse au pays », nous assure notre guide Étienne Robidoux. Eh oui, c’est confirmé, le festival de danse de Saint-Sauveur mérite bien son titre. Lors du parcours des sentiers de la danse, nous avons pu voir en action nos trois artistes mis en vedette dans notre dernière édition du journal : Sarah Bronsard, Lady C et le groupe interprétant la création d’Adrian Batt.
Un crescendo d’émotions
En cette chaude après-midi, plusieurs dizaines de personnes attendaient le début du parcours au parc John-H.-Molson. Le sympathique guide nous dirigea vers notre premier arrêt : le numéro Èbe de Sarah Bronsard. Sur scène, la danseuse était accompagnée de deux instruments uniques : des accordéons-robots. En douceur, elle commence sa danse au son des petits bruits se chevauchant. La musique produite par ces machines s’apparentait aux sons de la mer. Le regard fixe sur les instruments, Sarah dansait en symbiose avec eux. Commençant au sol, elle étendait ses bras et ses jambes au rythme de la respiration. Munie d’un éventail, elle l’ouvrait au rythme des vagues et des respirations qu’elle créait avec ses mouvements. Une fois debout, le regard tourné d’un instrument à l’autre, elle tentait de saisir le rythme des sons disparates. Ainsi, elle s’élança sur la scène avec des pas de flamenco en parfait agencement avec les accordéons-robots. Ceux-ci tournaient autour d’elle grâce à l’apparition de son collègue qui les faisait tourner. Il y avait dans ce numéro une sorte d’intimité entre la danseuse et la nature, évoquée par l’antithèse du naturel : les instruments-robots.
La Magie de Lady C
Le deuxième arrêt, un peu plus loin dans le parc, avait peu de matériel sur scène comparé au premier numéro, juste une scène et une chaise. La danseuse arriva en même temps que nous en costume blanc. Assurément confiante, elle nous demanda de prendre une grande respiration avec elle, ce que tous firent. Tout de suite, une musique rythmée de jazz retentit et le numéro intitulé Rapsody commença. Telle une toupie, elle monopolisa la scène avec un dynamisme contagieux. Dansant avec une énergie sans équivoque, elle envoûta le public avec ses mouvements de hip-hop et de popping. Tous avaient un sourire aux lèvres. Cette danse se termina sur la chaise dans le coin de la scène. Soudainement, la musique fut remplacée par une voix nous expliquant l’importance des moments présents et de l’écoute. En même temps, l’interprète enlevait lentement son costume tout en faisant comme si elle tombait dans le vide. Après ces quelques minutes, elle était de retour sur scène où une autre musique ambiante se mit à jouer. Changement de costume pour un chapeau et une blouse, elle se mit à danser avec autant d’enthousiasme que lors du premier numéro. Cependant, on sentait que nous rentrions encore plus dans son intimité. À la fin, la dame en blanc, maintenant devenue la dame en noir, s’arrêta et la voix calme de tout à l’heure retentit. Cette fois, elle nous imposait l’importance du rythme et comment celui-ci se trouve dans tout. Son talent hors pair de danseuse et d’actrice rendait vraiment le scénario captivant. Après cette intervention, une musique plus calme envahit nos oreilles. Elle clôtura son numéro avec un style de danse plus relaxant et doux. Ce decrescendo de vitesse de mouvement s’accompagnait d’un crescendo d’intimité et d’émotions. C’était de toute beauté !
Place à l’innovation
Le troisième numéro, et non le moindre, était la nouvelle création d’Adrian Batt. Trois artistes étaient assis sur la scène, dos à nous. La musique électronique commença, accompagnée d’un violoniste. D’une synchronisation presque parfaite, les trois jeunes hommes se levèrent. Bien différent des autres numéros, celui-ci ne jouait pas avec des objets ou des vêtements; nous étions dans la manipulation d’émotions et de sons. Chacun des trois semblait supporter moralement et physiquement les autres. On pouvait les apercevoir à maintes reprises posant une main réconfortante sur l’un d’eux. On voyait un côté tendre des uns envers les autres. À vrai dire, tous les trois semblaient à la fois chercher quelque chose et se débarrasser d’autre chose. À tour de rôle, ils allaient en avant-plan, faisant des figures tordues, tentant de nous dire quelque chose. Par moments, ils avançaient encore une fois à tour de rôle pour faire comme s’ils crachaient une émotion. Ils riaient, ils pleuraient. C’était fascinant. On sentait que ces danseurs comptaient l’un sur l’autre et se réappropriaient leur masculinité et leur sensibilité. Les expressions faciales agrémentaient les mouvements théâtraux et enrichissaient grandement l’histoire de cette fabuleuse scène.
Enfin, le festival de danse de Saint-Sauveur continue de s’imposer comme un événement incontournable, rassemblant des talents exceptionnels et offrant des performances qui touchent le cœur et l’âme de tous.