- Fantômes, vous avez dit fantômes ? - 22 novembre 2024
- Je t’aime gros comme… - 22 novembre 2024
- Le gros mot - 18 octobre 2024
Lyne Gariépy et Joanis Sylvain – Les guerres prennent beaucoup de place dans les médias et les vies de plusieurs humains ces dernières semaines, mois et années. Voici quelques suggestions nous présentant les réalités derrière ces conflits.
Pour vous, un documentaire, un film historique et une dystopie sur la guerre. En espérant que les conflits présents se régleront pour le mieux et le plus rapidement possible.
20 jours à Marioupol
(V.F. de 20 Days in Mariupol) Documentaire, 2023, guerre, actualités, journalisme de guerre, Ukraine, 92 minutes, Tou.tv en version originale, sous-titrée en français; réalisation : Mstyslav Chernov; journaliste : Evgeniy Maloletka.
Synopsis – Février 2022. Une équipe de journalistes ukrainiens de l’Associated Press (AP), piégée dans la ville assiégée de Marioupol, filme les atrocités de l’invasion russe. Seuls reporteurs internationaux sur place, ils capturent ce qui deviendra des images marquantes de la guerre.
Ciné-fille – Après avoir décroché un prix Pulitzer et un Bafta, le documentaire 20 jours à Marioupol de Mstyslav Tchernov, récit poignant à la première personne du journaliste de l’AP, sur les premiers jours de l’invasion russe en 2022, a été récompensé de l’Oscar du meilleur long métrage documentaire, et cela constitue tout de même une victoire douce-amère pour les Ukrainiens. « Je suis probablement le premier réalisateur sur cette scène à dire que j’aurais préféré ne jamais faire ce film, si en échange la Russie n’avait pas attaqué l’Ukraine, ni occupé nos villes », a lancé, Mstyslav Chernov sur la scène des Oscars au moment de recevoir sa statuette.
Dès les premières minutes du documentaire, la réalité vécue par les habitants de Marioupol nous saute au visage, comme les bombes qui pleuvent sur leurs têtes. On assiste aux efforts, infructueux, des médecins pour sauver un enfant. Ce n’est pas un film facile à regarder, mais c’est justement pour cela qu’il faut le faire. Au plus près des civils, le journaliste livre un témoignage capital sur la réalité de la guerre qui déchire son pays. Il offre un récit puissant et déchirant des civils pris dans le piège, ainsi qu’une réflexion sur la responsabilité d’un reporteur en zone de conflit et sur l’impact d’un tel journalisme à l’échelle mondiale.
Voilà un documentaire indispensable, dont on ne ressort pas indemne, mais qui redonne foi dans le journalisme. Parce qu’en montrant, en racontant au plus grand nombre, il nous force à ne pas oublier. Et parce que cette guerre continue, et que d’autres subissent le même sort que les résidents de Marioupol. 9 sur 10
Ciné-gars – 20 jours à Marioupol nous présente crûment les évènements du début de la guerre en Ukraine, par le seul journaliste international sur place. Nous nous souvenons tous de la maternité qui avait été bombardée durant ces premiers jours, avec une femme enceinte portée sur un brancard. Grâce à ce journaliste, nous avons une trace de ces évènements atroces.
Je ne sais quoi en dire, tant j’ai été choqué. Excellent documentaire sur un sujet horrible. 9 sur 10
La Zone d’intérêts
(V.F. The Zone of Interest). Film, 2023, drame de guerre, historique, États-Unis, Grande-Bretagne, Polo-gne, 1 h 45minutes, Amazon Prime; réalisation Jonathan Glazer; inter-prètes : Christian Friedel ,Sandra Hüller.
Synopsis – Seconde Guerre mondiale. Le commandant Rudolf Höss s’occupe du camp de concentration d’Auschwitz, régissant méthodiquement cet endroit où règne la mort. Pendant ce temps, son épouse Hedwig construit une existence de rêve pour leurs enfants. La famille habite dans une maison paradisiaque avec un jardin à côté du camp. Un mur empêche de voir ce qui se passe, mais le bruit s’entend jour et nuit. Lorsque Rudolf est appelé à occuper de nouvelles fonctions loin de chez lui, Hedwig ne veut surtout pas déménager et quitter cet endroit qu’elle aime plus que tout.
Ciné-fille – L’idée de départ est intéressante, soit nous présenter la vie quotidienne et privilégiée de la famille du commandant d’Auschwitz, Rudolph Höss, juste à côté du camp, alors qu’une extermination massive se produit de l’autre côté du mur. Une banalisation du mal pour nous rendre l’horreur des camps d’extermination encore plus cruelle ?
Madame Höss est bouleversée à l’idée de quitter ce qu’elle considère comme un foyer idyllique et synonyme de réussite. La banalité de l’intrigue du film et la représentation minimale des horreurs du camp reflètent la vision étroite du monde de la famille Höss, dont les préoccupations ne dépassent pas leur jardin.
Car, nous ne verrons pas la réalité des camps d’extermination, ni leurs horreurs, pas plus que des explications historiques ne seront précisées durant le film. Hormis la famille Höss, tout ce que nous percevons de la guerre, c’est le bruit et les cris, présents nuit et jour. Personnellement, j’ai eu de la difficulté à apprécier ce film, pour le manque de faits, mais aussi pour la bande-son, avec des pauses sans images faites de sons abstraits et stridents, très agressantes et superflues.
Le film a piqué ma curiosité sur cette famille réelle, mais j’en ai appris plus sur leur rôle dans l’histoire en 5 minutes de lecture sur internet que durant le film.
Les acteurs sont bons, et Sandra Hüller (Anatomie d’une chute) joue à perfection son rôle de Madame Höss, et nous la rend détestable et futile.
Les attentes à la suite des critiques étaient élevées, mais n’ont pas été comblées. Le synopsis décrit l’entièreté du film, sans ajouts ni surprise. La zone d’intérêt aurait pu être tellement plus. Mais au final, le film est décevant. 6 sur 10
Ciné-gars – Le sujet est simple, nous suivons la famille, mais surtout la femme, du dirigeant d’Auschwitz. Un quotidien sans doute banal, si l’environnement sonore ne trahissait pas l’activité du camp.
On découvre d’un côté une maîtresse de maison fière de sa réussite, établie sur les choses volées aux prisonniers. De l’autre, un mari s’élevant avec talent dans les SS. Au final, un film beaucoup trop long pour le contenu qu’il apporte, avec certains plans séquences qu’on ne comprend pas vraiment. 6 sur 10
Guerre civile
(V.F. Civil War) Film, 2024, dystopie, drame de guerre, action, thriller, États-Unis, Royaume-Uni, 1 h 49 minutes, Amazon Prime, YouTube, Google Play, payant; réalisation : Alex Garland; interprètes : Kirsten Dunst, Wagner Moura, Stephen McKinley Henderson, Cailee Spaeny.
Synopsis – Dans un futur proche, une équipe de journalistes et photographes de guerre, parcourt les États-Unis en proie à une guerre civile qui s’intensifie rapidement et engloutit le pays tout entier. Le président s’accroche à un troisième mandat, les Forces de l’Ouest du Texas et de la Californie avancent vers Washington, les milices extrémistes partisanes commettent régulièrement des actes politiques et violents. Alors que les journalistes ne sont armés que de leur matériel, l’armée américaine, de son côté, est chargée de tirer à vue.
Ciné-fille – Dans Guerre civile, on suit la photojournaliste Lee Miller (brillamment interprétée par Kirsten Dunst, sobre et juste) qui documente la guerre, comme elle l’a fait pour des centaines d’autres conflits. Avec son collègue reporter Joel (intense Wagner Moura), ils ont décidé de partir de New York pour aller à Washington afin d’interviewer le président, qui n’a pas donné d’entrevue depuis plus d’un an. Ils sont accompagnés de Sammy et Jessy, une photographe débutante.
Les origines exactes de la guerre ne sont jamais clairement expliquées. On ne sait pas toujours dans quel camp sont ceux que croisent les journalistes, ou qui affronte qui. On découvre que certains Américains parviennent à vivre en toute tranquillité. Il y a même une petite ville qui semble avoir échappé au conflit. Mais que se passe-t-il aux États-Unis ? Sans point de repère, le spectateur adopte rapidement le point de vue neutre des quatre journalistes.
Et ces questions sans réponse favorisent l’immersion dans un monde qui ressemble au nôtre à quelques exceptions près. Et c’est ce qui fait peur : non pas l’idée abstraite d’une guerre civile improbable, mais la ressemblance avec la société actuelle américaine et la possibilité d’un tel conflit.
Sur fond de thriller d’action, Guerre civile s’interroge aussi, au travers de chacun des quatre journalistes, sur leur motivation propre, mais aussi sur le sens de l’information, le pouvoir de l’image et la nécessité de préserver un journalisme de terrain véridique, afin d’exposer la vérité.
Sans jeter de la poudre aux yeux inutilement, Guerre civile nous tient en haleine du début à la fin. Jusqu’à la dernière partie qui est explosive. Un film qui restera longtemps imprégné dans nos pensées. 8,5 sur 10
Ciné-gars – Ce film me semble une belle représentation du journalisme de guerre. Des moments crus, du stress, de l’action, la découverte du vécu des journalistes, on pourrait croire que c’est un vrai moment de l’histoire auquel nous assistons.
Guerre civile démontre l’importance d’un vrai journalisme, loin des informations prises sur les médias sociaux. Le déroulement du film est bon, les acteurs sont sentis, bref, c’est bien tourné. 8,5 sur 10