Jeux de pouvoir

Gleason Théberge
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Le français a commencé à être écrit de la manière dont nous le connaissons, à une époque où l’on prononçait pratiquement toutes les lettres des mots. Au Québec, nous en maintenons la manière en faisant sonner avec vigueur nos T dans je vais toute faire ou dans notre énergique pantoute (pas du tout).

Issu de la dominance militaire et culturelle de Rome, son mariage vaguement celte avec le latin, et aussi le grec où les Romains ont largement puisé, ce vieux français conserve cette affection dans les noms d’éléments chimiques découverts depuis, même si leur finale latine en UM [oume] est désormais prononcé [òme], comme dans calcium. Et c’est aussi le cas de la plupart des termes de médecine (vertèbre, pandémie), ou de botanique (acéracées, famille de l’érable, appelé acer en latin, a donné acériculture). Et c’est sous l’influence économique et politique des nations que nous avons ensuite emprunté des expressions à d’autres langues, consciemment ou non.

Les langues germaniques anciennes (franc, scandinave, allemand) nous ont transmis hachehangar, et haine; des termes de marine comme varech et homard, des titres de noblesse comme marquis, le gouverneur des marches (frontières); le nickel, d’après le nom des génies qui hantaient les mines; certains noms et prénoms, dont ceux qui comme Albert ou Gilbert se terminent en bert(brillant); les blanc, bleu et vert; ou ce lice (barrière) des tournois du Moyen-Âge que nous retrouvons chez nous dans la clôture à quatre lisses des Gens de mon pays, de Vigneault.

De l’arabe des pays dépositaires des connaissances égyptiennes, grecques et asiatiques, nous avons reçu les termes techniques de l’alchimie, l’alcool (aujourd’hui interdit par l’Islam) et surtout provenant de l’Inde, ce sifr (zéro) devenu chiffre et base de notre mathématique.

Mais c’est par l’Italie nouvelle que ces mots nous sont aussi arrivés dans les bateaux des commerçants de la Méditerranée (au milieu des terres) : caledouanebanquepiastre (métal dont on faisait la monnaie) et même gazette, du nom de la pièce (gaxetta) qui permettait d’acheter les premiers feuillets d’information imprimés. Et La richesse musicale qui suivit fit se répandre les termes de la notation musicale allégro (heureux, rapide) ou piano (lent) qui nomme aujourd’hui l’instrument.

Puis, c’est l’Espagne et ensuite le Portugal qui dominèrent l’économie avec leur pillage en Amérique du Sud, et nous ont transmis des indigènes arawak, aztèque, maya et quechua, des produits comme coca, tomate et ananas (parfum des parfums). C’est l’époque où l’essor culturel créé a codifié dans toute l’Europe les trois actes d’une pièce de théâtre. Nous y recevrons aussi camarade, de caramada (groupe partageant une chambre) et le TCH de macho.

Ce sera ensuite l’anglais qui dominera. 

Au mois prochain ! 

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