Défi zéro déchet

Les conclusions de l’organisme Incita

Nicolas Michaud – Tel qu’annoncé dans son numéro de mai, le Journal a finalement obtenu le rapport analytique, rédigé par la coop Incita, qui recense toutes les données collectées auprès des ménages participant au Défi citoyen zéro déchet afin d’en dévoiler les faits saillants au grand public.

Grâce à un partenariat entre la Ville de Prévost et Incita, la coop-conseil zéro déchet, une cohorte de 36 personnes regroupées en 11 foyers a pu participer au projet Réduisons nos déchets sur une période de six mois s’étalant du 30 octobre 2023 au 25 avril 2024. Ce défi est, selon les termes de la coopérative, « un accompagnement soutenant le changement comportemental de manière progressive, personnalisée et déculpabilisante, afin d’encourager l’adoption d’habitudes écoresponsables pérennes dans le quotidien de chacun des foyers. »

Pour les besoins de son rapport évaluant la pertinence de son programme, l’organisme a demandé aux participants d’effectuer un diagnostic initial et final afin de mesurer l’évolution de leur production de matières résiduelles. En voici les principales conclusions.

De la connaissance vers l’autonomie

Après que 45 % des foyers ont complété l’ensemble des 26 leçons rassemblées en sept modules, totalisant 20 heures de formation, 80 % des ménages se considèrent maintenant comme entièrement autonomes alors que les 20 % restants se considèrent comme très autonomes afin de poursuivre leur transition vers un mode de vie sans déchet. De plus, 90 % des participants affirment qu’ils vont maintenir leurs nouvelles habitudes après la fin du défi.

Réduction à la source

Dans leur rapport, Incita a révélé les résultats de son étude sur les pratiques écoresponsables des familles pour réduire leurs déchets à la source. Ainsi, parmi les participants, 90 % ont déclaré mieux recycler; 80 % ont indiqué diminuer le gaspillage alimentaire, trouver des solutions de rechange à l’achat d’objets neufs, et mieux composter; puis 70 % ont dit réduire la quantité de recyclage, et faire des choix de consommation plus durable.

De petites tirelires vertes

Au cœur de ce contexte inflationniste, cette organisation écologiste a aussi voulu déterminer si la hausse des prix à la consommation a influencé ces foyers dans l’adoption des pratiques zéro déchet. Sur ce point, 60 % des familles affirment qu’elles ont réalisé des économies dans leurs postes de dépenses en intégrant de meilleures habitudes de consommation écoresponsables.

Adoption de saines habitudes environnementales

Parmi 24 habitudes sondées, l’organisme a noté celles qui ont été les plus fortement intégrées au sein des foyers participants. Ainsi, au domicile, c’est l’achat prioritaire des objets usagés; dans la salle de bain, c’est l’utilisation d’un bidet et du papier hygiénique lavable, et la confection de ses propres cosmétiques; dans la cuisine, c’est la fabrication de ses produits ménagers, et du fait de cuisiner toutes les parties d’un aliment; dans les commerces de restauration, c’est le refus des articles à usage unique et l’effort d’apporter sa tasse réutilisable pour les boissons à emporter; et à l’épicerie, c’est l’achat des aliments en vrac, et le refus du suremballage.

Réduction des objets à usage unique

Parmi 21 types d’objets à usage unique, la coop-conseil a mesuré 40 % de diminution moyenne du poids pour ces objets consommés entre le début et la fin de l’accompagnement des familles. Cette réduction variait aussi selon le secteur, soit 48 % pour l’épicerie, 28 % pour le domicile et 21 % pour la restauration. Pour ce qui est des objets ayant connu la plus forte diminution, celle-ci se mesure à hauteur de 100 % pour les lingettes ménagères ainsi que les sachets en papier de fruits et légumes, de 81 % pour les lingettes cosmétiques, de 73 % pour les éponges, et de 50 % pour les cotons-tiges et les cartons de livraison.

De plus, en extrapolant les valeurs recueillies au cours de cette expérience, Incita estime que chaque participant réduira sa consommation annuelle de 250 objets à usage unique, ce qui correspond à une moyenne annuelle de 20 kg de déchets en moins par personne. Proportionnellement, si cette réduction s’appliquait à l’ensemble de la population de la ville de Prévost, estimée à 13 951 habitants en 2022 d’après les données révisées de l’Institut de la statistique du Québec, il y aurait environ 3,49 millions d’objets à usage unique en moins dans les sites d’enfouissement par année, soit 279 020  kg de déchets.

Les beaux mots de la fin

Enfin, la conclusion la plus remarquable de ce rapport est que la cohorte prévostoise démontre clairement que n’importe quelle famille, peu importe la composition de son foyer, est en mesure d’atteindre des résultats probants de réduction de matières résiduelles au bout de six mois grâce au programme. De plus, 50 % des participants estiment avoir influencé positivement leur entourage. La seule question qui reste en suspens est : quelles seront les prochaines familles et/ou municipalités à faire appel au service d’une telle organisation pour améliorer son empreinte environnementale ?

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