Entre splendeur et réalité

Léa Charbonneau
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À la découverte d’Athènes

Léa Charbonneau – Le mois dernier, j’ai foulé pour la première fois le sol européen. Plus précisément, celui du berceau de la démocratie : la Grèce. Ma semaine à Athènes m’a non seulement fait tomber en amour avec cette ville, mais m’a aussi frappée de plein fouet par ses réalités.

Les alentours et leurs histoires

Ce périple était en réalité un cours d’histoire et d’arts auquel une trentaine de jeunes, dont moi, assistions. Notre soif de connaissances et de découvertes de ces civilisations pionnières nous a poussés à changer de continent. Sitôt arrivés, nous avons constaté l’immensité de cette métropole. Tout était beige : les bâtiments, les routes, l’oxygène. Les yeux rivés sur l’horizon, nous nous sentions déjà bien dépaysés. Notre hôtel se situait à une vingtaine de minutes du quartier de Plaka, le Vieux-Québec d’Athènes, l’un des plus beaux quartiers de la ville. En chemin, nous avons traversé des lieux emblématiques comme le parlement, la bibliothèque nationale et le célèbre quartier touristique de Monastiraki. Les colonnades ornaient la majorité de ces institutions, c’était vraiment magnifique. En plus de contempler ces merveilles, nous avions la chance d’assister à des cours à l’Institut canadien, qui nous instruisait davantage.

Les musées et les divinités

Étant une grande fan des époques hellénistique et classique, j’ai été comblée par les musées athéniens, en particulier le musée privé Bénakis. On y trouve des œuvres d’art byzantines, des costumes traditionnels d’époque et même de magnifiques reconstitutions de salles historiques. Plusieurs de ces objets n’avaient même jamais été vus par nos professeurs. La propreté et la diversité du musée étaient complètement déconcertantes. Cependant, l’un des enjeux avec les musées privés d’Athènes, comme nos enseignantes nous l’ont expliqué, est que les objets exposés ne sont pas toujours documentés. Ce n’est pas la faute de monsieur Bénaki : ces objets arrivent souvent sur le marché grâce à des fouilles non officielles.

Le musée national d’Athènes devait donc être à la hauteur. Ce musée est garni d’impressionnantes statues de divinités : Dionysos, Zeus, Déméter, la fameuse Athéna, et bien d’autres. Athéna est la déesse par excellence, représentant la virginité (Parthénos), la sagesse, la victoire, l’artisanat, la protection, et bien plus. Au musée national, nous avons pu voir une réplique de l’incroyable Athéna Parthénos de Phidias. L’original était conçu en or et en ivoire et se trouvait dans le Parthénon, offert à la déesse. Aucun citoyen ne pouvait y entrer. Bien que magnifique, je me suis surprise à ne pas être aussi impressionnée par la configuration du musée national que par celle du musée Bénaki. Plusieurs salles étaient fermées et les sculptures étaient entassées les unes contre les autres.

Vue du Parthénon, du côté Ouest de la ville – photo: Léa Charbonneau
Parlement d’Athènes avec un garde traditionnel – photo: Léa Charbonneau

Les vraies couleurs d’Athènes

Lorsque je voyage, j’aime voir toutes les facettes de l’endroit : le beau et le moins beau. Les musées et les infrastructures à couper le souffle d’Athènes ne représentaient qu’une partie du paysage. Bien qu’elle soit une ville effervescente, à seulement 500 mètres, on pouvait tomber sur des rues qui présentaient tout le contraire de cette féerie : des murs tapissés de graffitis, des monuments entachés de slogans anarchistes, et une insalubrité nauséabonde. La disparité et la fracture sociale étaient vraiment drastiques. On passait du 0 au 100 en quelques minutes de marche. Cependant, en tant que touriste, j’ai apprécié cette authenticité. Il est primordial de constater les véritables enjeux d’un endroit lorsqu’on le visite, et non juste son côté de carte postale. Cela m’a rappelé un certain maire, sur lequel j’ai beaucoup lu, qui voulait ériger un mur pour séparer le quartier industriel du quartier pauvre de l’île qui allait recevoir l’Expo 67. On essayait de cacher notre réalité, et c’est exactement pour ces raisons que j’ai été fascinée par cette mise à nue d’Athènes, cette décomplexion de leur crise.

Jolie quartier de Plaka, à quelques kilomètres de notre hôtel – photo: Léa Charbonneau
Sculpture de Phidias d’Athèna Parthénos (la vierge) – photo: Léa Charbonneau
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