Du nouveau pour la gestion des eaux

La rivière du Nord, encore un peu sauvage, sous un beau soleil d’été. – Photo : Raoul Cyr
Léa Charbonneau
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Entrevue avec le maire, Paul Germain

Léa Charbonneau – Le mercredi 5 juin dernier, le Journal a eu la chance de s’entretenir avec Paul Germain, maire de Prévost. Nous avons pu faire le point sur son parcours qui l’a poussé à s’impliquer activement sur la scène municipale et sur les projets ambitieux qui attendent la région, notamment avec la rivière du Nord.

Je les aime tous, mes bébés

« Je les aime tous, mes bébés ! » c’est en ces mots que monsieur Paul Germain a exprimé sa fierté pour les 160 actions environnementales de sa première plateforme. Depuis sept ans, le maire Germain dirige la Ville de Prévost. Plusieurs projets de son équipe, comme la décarbonation des bâtiments, ont rayonné à travers le Québec. La mesure interdisant l’utilisation du gaz naturel dans les nouvelles constructions résidentielles et industrielles a été adoptée par plus de 82 autres Municipali-tés à travers le Québec. Monsieur Germain, avec une humilité sans pareille, précise que malgré le succès de cette mesure, il met du cœur dans tous ses projets même les plus modestes. Récemment, plusieurs initiatives ont été lancées, dont une contribution écologique sur les emballages plastiques à usage unique. Initialement, la liste des produits concernés était plus longue, mais après un travail de collaboration avec les commerçants, elle a été réduite aux cotons-tiges, aux bouteilles d’eau et aux pailles jetables, avec des alternatives comme des fontaines d’eau potable et des pompes de lave-glace. En collaboration avec les quincailleries Canac et Patrick Morin, les citoyens peuvent louer des tondeuses électriques pour quatre jours. D’autres projets sont en cours, comme monsieur Germain nous l’a mentionné.

Prévost sur la map

Les idées ambitieuses de Paul Germain ont fait parler d’elles au Québec. De nombreux articles ont souligné ses politiques environnementales. Depuis, plusieurs organismes environnementaux ont sollicité la Ville. Ce qui motive monsieur Germain n’est pas la notoriété, mais les retombées positives pour sa communauté. Il souhaite laisser une marque par la continuité de ses politiques positives plutôt que par son nom.

Du positif pour la décontamination des eaux

Parmi les nombreux projets de Paul Germain, l’un des plus importants est de renforcer la coopération des Villes sur les politiques environnementales. Il croit fermement que l’union fait la force. Son nouveau cheval de bataille concerne la gestion des eaux; plus précisément, la contamination de la rivière du Nord qui empêche les baignades. Convaincu que des solutions existent à l’échelle municipale, il appelle à une collaboration accrue entre les Municipalités. En mai dernier, il a assisté à une conférence organisée par l’organisme Abrinord. Son constat est positif, et il souligne que les Municipalités présentes ont montré une bonne réceptivité. Dans les prochains mois, on verra si la réceptivité se transformera en actions. 

L’enjeu mis de l’avant par l’organisme concernait l’entretien des fossés. En effet, les importants débits d’eau transportée dans le réseau de drainage routier engendrent divers problèmes d’érosion qui contribuent à la dégradation de la qualité de l’eau des lacs, des cours d’eau et des rivières comme la rivière du Nord. La mauvaise gestion des fossés entraîne une augmentation du phosphore dans la rivière, ce qui stimule la prolifération des algues et des cyanobactéries, potentiellement nocives à grande échelle. Ce phénomène créé par un traitement incomplet des eaux usées s’additionne aux problèmes existants entourant la rivière. 

Le suivi d’Abrinord : les Municipalités doivent se tendre la main

À la suite d’une entrevue avec Abrinord, nous avons pu faire le point sur la vision de cet organisme concernant le bassin versant et sur sa récente conférence. Bien que reconnu par le gouvernement, Abrinord n’a pas de pouvoir légal, et œuvre dans une perspective de partenariat et de concertation. Le dernier atelier sur la gestion des fossés était bien plus qu’une simple conférence avec des images. Mélanie Lauzon, directrice générale d’Abrinord, nous a mentionné : « On avait la chance d’offrir gratuitement une formation sur le terrain donnée par l’organisme RAPPEL ». Le RAPPEL (Regroupement des associations pour la protection de l’environnement des lacs et des bassins versants) offre des solutions aux techniques traditionnelles d’entretien des voiries qui favorisent l’érosion des fossés, obstruent les canaux et augmentent la contamination des eaux. Les Municipalités présentes ont ainsi pu constater concrètement quels changements elles devaient adopter pour contribuer à une rivière plus propre. Plus d’une trentaine de Municipalités étaient présentes, et toutes les places étaient comblées. Madame Lauzon précise : « On ne peut pas forcer les gens à assister à nos formations. » Cette formation visait les acteurs municipaux, car c’est à ce niveau que les mesures doivent être adoptées et sont souvent négligées.

Tout comme monsieur Germain, Abrinord constate que cet atelier laisse un goût très positif pour l’avenir : « Tous ceux qui étaient présents semblaient avoir eu une révélation. On pense vraiment que cet atelier va porter ses fruits », dit-elle. Madame Lauzon souligne qu’il sera primordial que les Municipalités prennent l’initiative de s’organiser entre elles non seulement pour la gestion des fossés, mais  aussi plus particulièrement pour la protection de la rivière.

Paul Germain, maire de Prévost

Bien que la gestion des fossés soit un premier pas pour la santé de nos eaux, ce n’est pas la solution à tous les problèmes liés à la rivière du Nord. La rivière subit une importante contamination par les coliformes fécaux en raison des déversements d’eaux usées par les usines d’épuration et certains affluents. La présence élevée de coliformes, due à la négligence des Municipalités, empêche trop souvent toute baignade dans la rivière en dépassant les 200 CF/100ml d’eau.C’est pour cette raison que toutes les Municipalités ont leur rôle à jouer. Paul Germain et Abrinord souhaitent qu’elles collaborent pour adopter de meilleures solutions de traitement des eaux usées et de gestion des fossés. Tout ce qui touche les bassins versants aura un impact sur l’environnement, et les Municipalités doivent en prendre conscience dès maintenant.

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