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Gleason Théberge – Les langues dévoilent la lecture du réel de chaque société. C’est ainsi que sauf dans les sociétés animistes ou chez François d’Assise, elles imposent un vocabulaire différent selon qu’il s’agit de l’être humain ou des autres animaux.
À nos bras et jambes, nous opposons les pattes; tout comme mains et pieds correspondent aux serres, griffes et sabots des bêtes, sauvages ou apprivoisées, voire désignent aussi les objets, comme les pattes de la table et les sabots des Bretonnes. De même, au lieu de la bouche, du visage et du nez, les autres animaux ont des gueules, des trognes et des museaux. Les cheveux du corps humains deviennent ailleurs crin, fourrure, pelage, toison…
Nous nous distinguons aussi des animaux de compagnie, (chiens et chats en voie d’obtenir un statut juridique), le bétail (bovin, ovin, porcin et volaille, apprivoisés pour l’élevage et protégés par certains droits); ou le gibier (animaux dits sauvages et souvent chassés, piégés ou pêchés). On notera d’ailleurs que bétail ou gibier ne s’emploient qu’au singulier : On s’intéresse au bétail et au gibier.
Animal de compagnie et bétail profitent cependant d’un statut particulier, puisqu’à la manière humaine de nous décrire, homme, femme et enfant correspondent à mâle, femelle et rejeton. Chiens (chien, pitou, chienne, chiot) et chats (matou, chatte, chaton) sont aussi répartis en une très grande quantité de races (afghan, terre-neuve; persan, siamois) qui témoignent de l’intérêt que nous leur portons. Les bovins (taureau, vache, veau, taurillon et taure), sont aussi distingués en diverses races (canadienne, hosltein, jersey); et pour les chevaux (étalon, jument, pouliche, poulain), on peut aussi compter une cinquantaine de désignations raciales (arabe, canadien, mustang, percheron). Coqs et poules produiront leurs désignations différentes; tout comme chez le loup, les cerfs ou chevreuils, les ours et quelques autres animaux terrestres, aquatiques, marins ou aviaires.
On remarquera d’ailleurs que la race ne prend pas la majuscule, laquelle sera portée par le nom spécifique de l’animal : Ti-gars est mon troisième fox-terrier; et qu’en alimentation c’est en terme générique neutre qu’on évoque bœuf, mouton, porc, poisson, poulet, veau, volaille. De même, de nombreux animaux sont désignés au masculin (macaque, orignal, geai, brochet) ou au féminin (dinde, girafe, mésange, perchaude), sans qu’aucune de ces références ne soit de nature sexuelle : il y a femelle et mâle chez le macaqueautant que chez la girafe.
Chez les humains, de nos jours soucieux de noter le genre, c’est le terme de gens qui permet le neutre le plus évident, mais aussi personne dont le féminin inclut le masculin, et à l’inverse, individu dont le masculin inclut le féminin.
Une deuxième chronique soulignera les manières humaines de valoriser nos voisins les autres animaux.