L’Espace et l’humanité

Lyne Gariépy
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 Lyne Gariepy et Joanis Sylvain – Le mois de mars ayant un homonyme, la planète Mars, nous a inspiré le sujet de nos suggestions ce mois-ci : la conquête de l’espace.

Les trois films, que nous avons visionnés pour vous, ont tous un lien avec la conquête de l’espace. Un se déroule sur terre, alors que les deux autres sont carrément dans l’espace. Mais tous ont un aspect profondément humain. Donc, pas d’extra-terrestres dans nos suggestions, que des humains qui tentent de faire ce qu’ils croient être le meilleur choix pour eux ou pour l’humanité.

Rival

(voa. Foe) Film, 2023, drame, science-fiction, thriller, États-Unis, Australie, Royaume-Uni, 1 h 50, Amazon Prime; réalisateur : Garth Davis; interprète : Saoirse Ronan, Paul Mescal, Aaron Pierre. 

Synopsis – 2065, Junior et Henrietta, jeune couple marié depuis sept ans, vivent reclus dans leur ferme isolée, entourée d’un pays asséché. Une nuit, un étranger frappe à leur porte, apportant une nouvelle qui bouleverse leur vie : Junior a été choisi pour se rendre dans une grande station spatiale expérimentale en orbite de la Terre. Mais Henrietta ne sera pas laissée seule, un remplaçant est déjà prévu. Confronté à un choix impossible, le couple devra lutter pour préserver leurs liens. Rival donne vie à un futur où se mêlent images hypnotiques et questions cruciales sur la nature des humains, réels et artificiels. 

Ciné-fille – Le film Rival, réalisé par Garth Davis, assisté de l’auteur canadien du livre, Ian Reid, au scénario, dessine un parallèle entre l’état de la planète Terre asséchée et aride et le couple de Junior et Henrietta, après sept ans de mariage. La possibilité pour Junior d’être de l’aventure dans la station spatiale pendant deux ans, ainsi que le remplaçant offert à Henrietta par l’organisation, menace leur couple. Mais le couple n’est-il pas déjà en danger par l’usure et la dessiccation des sentiments dans leur relation ?

L’idée est excellente, intelligente, le scénario aussi, mais je ne peux vous en dire plus sur cette histoire, pour ne pas gâcher votre plaisir. Mais le film en vaut l’écoute ! Les trois acteurs principaux de ce quasi-huis clos sont superbes ! Saoirse Ronan est touchante en femme fragile et forte à la fois. Paul Mescal offre une juste interprétation entre force et doute. 

Les décors et costumes sont non seulement excellents, mais bien pensés. De situer la majorité du film dans une demeure des années 1800, alors que l’histoire se déroule en 2065, est ingénieux. Cela évite au spectateur de chercher les inventions conçues pour le film, et lui permet de se concentrer sur l’histoire. Le rythme est pensif et demande l’attention du spectateur. Mais sans longueur. Il y a une énorme ressemblance entre le décor et les costumes, et l’esthétique des années 1930, lors de la grande dépression. Époque sombre pour le peuple, tout comme l’est cette période incertaine pour le couple de Junior et Henrietta.

Rival suscite la réflexion, et la discussion, entre autres sur ce qui fait l’humanité, et l’amour, longtemps après la fin du film. Un film surprenant, original, intemporel, et fascinant, qui mérite d’être vu et revu, pour bien tout saisir ! 9,5 sur 10

Ciné-gars – Dans un futur relativement proche, les changements climatiques ne sont plus une spéculation, mais une réalité. Un jeune couple, marié depuis sept ans, vivant dans leur ferme isolée et inexploitable, reçoit la visite d’un représentant d’une firme, leur annonçant que le mari doit partir dans la station spatiale pour deux ans, laissant sa femme sur leur ferme, mais accompagnée d’un remplaçant. Le représentant doit rester avec le couple un certain temps, afin de les étudier, pour perfectionner le remplaçant. Nous assistons alors à un huis clos, qui nous démontre l’usure du temps sur un couple, comment ils se sont perdus et comment ils se découvrent et se retrouvent, tant individuellement qu’en tant que couple. Mais…

Les acteurs sont excellents pour démontrer la palette d’émotions qu’ils vivent. Les décors et paysages sont très bien exploités visuellement. Le rythme du film est sans longueur, avec un début plus lent. Histoire originale et intelligente, avec un questionnement sur la moralité. 8 sur 10

S.S.I.

(voa. I.S.S.) Film, 2024, science-fiction, suspense, États-Unis, 1 h 36, Amazon Prime $; réalisatrice : Gabriela Cowperthwaite; interprètes : Ariana DeBose, Pilou Asbæk , Masha Mashkova, Chris Messina.

Synopsis – Dans un avenir proche, des tensions éclatent à bord de la Station spatiale internationale, lorsqu’un conflit mondial éclate sur Terre. Bientôt, les astronautes américains et russes à bord reçoivent chacun les mêmes ordres de leur pays respectif, avant que les communications ne soient coupées : prendre le contrôle de la station par tous les moyens nécessaires.

Ciné-fille – Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine entame sa troisième année, S.S.I., trouve écho dans nos pires craintes face à ce conflit. 

Tandis que la plupart des films sur l’espace nous présentent une vie idéalisée, S.S.I. semble plus réaliste, dès l’arrivée pas très confortable en Soyouz. Pareillement pour l’espace encombré de la station spatiale. Même l’unité, l’harmonie des scientifiques, malgré la rivalité de la Russie et des États-Unis, semble réelle et vraie. Jusqu’à ce que la guerre éclate sur Terre et que chacune des parties reçoive l’ordre de prendre le contrôle de la station.  

La méfiance apparaît dans la station sans contact avec la Terre. Qui croire ? Faire confiance à ses compatriotes, à son pays, ou à ses collègues ? Qui ment, qui dit la vérité ? La survie ou la patrie ? Le suspense est constant dans le huis clos spatial. 

Excellent jeu de la part des acteurs, particulièrement Pilou Asbæk, touchant et émouvant. Habile exploitation du décor et de l’effet d’apesanteur, malgré quelques incohérences.

La réalisation de Gabriela Cowperthwaite est brillante. Son expérience en documentaire transparaît dans S.S.I. et rend l’expérience davantage immersive. La patrie ou l’humanité, voilà qui résume S.S.I. très bon film. 8 sur 10

Ciné-gars – Sous les yeux des astronautes russes et américains, l’innommable se produit. Une guerre éclate sur Terre. Recevant l’ordre de prendre le contrôle de la station par tous les moyens, les astronautes sont confrontés au dilemme moral : faire confiance aux collègues ou à la patrie. C’est là que toute la trame se joue : un peu de suspense, un peu d’action, quelques messes basses. 

L’apesanteur est présente tout au long du film, d’une réalité surprenante vraiment réussie ! Ariana DeBose est excellente. Les effets spéciaux par ordinateur sont réussis, mais parfois perceptibles. 7,5 sur 10

Le passager no 4 

(voa. Stowaway) Film. 2021, science-fiction, thriller, États-Unis, Netflix; réalisateur : Joe Penna; interprètes : Anna Kendrick, Toni Collette, Daniel Dae Kim, Shamier Anderson.

Synopsis – La pilote Marina, le médecin Zoe et le biologiste David sont en route vers Mars dans un vaisseau spatial pour préparer la planète à la colonisation par les humains. Lorsqu’ils remarquent, peu après le décollage, un homme blessé qui ne devrait pas être à bord, l’équipage est confronté à un problème : l’oxygène dans le vaisseau ne suffit que pour trois membres d’équipage, et le retour sur Terre est impossible. L’équipe doit trouver un moyen d’alimenter le vaisseau en air frais.

Ciné-fille – Le passager no 4 est un film sur l’espace, mais avant tout un huis clos étouffant au cœur duquel se trouvent quatre personnages, coincés dans une situation apparemment insoluble. Chacun va prendre la voie qu’il croit la bonne pour régler au mieux le problème. Certains en sondant davantage leur âme et leur humanité.

Les quatre interprètes, Anna Kendrick, Toni Collette, Daniel Dae Kim et Shamier Anderson, sont tous très bons. Les décors sont léchés et très proprets, un contraste avec S.S.I.

Un film intéressant, sur la capacité humaine d’abnégation devant un choix cornélien. 7,5 sur 10

Ciné-gars –  Le passager no 4 nous présente aussi un choix moral. Le vaisseau spatial étant conçu seulement pour trois passagers, lorsqu’un malheureux quatrième est découvert, la course aux solutions pour trouver davantage d’oxygène s’enclenche, sinon, le malheureux devra se sacrifier. 

Les interactions des membres d’équipage d’origine, devant le problème, démontrent la difficulté de faire un choix nécessaire, mais drastique une fois qu’ils connaissent le nouvel arrivant. C’est cela qui fait l’intérêt du film. Le film est bien tourné, et les interprètes, à la hauteur. 7 sur 10

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