Charles Richard-Hamelin

Charles Richard-Hamelin au piano – photo : Bernard Ouellet
Carole Trempe
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Chopin peut dormir en paix

Carole Trempe – Entre Chopin et Charles Richard-Hamelin, il y a cette musique éternellement merveilleuse.

Le 25 février dernier, Diffusions Amal’Gamme produisait son concert bénéfice 2024 à la salle de spectacles Saint-François-Xavier, de Prévost. En vedette, nul autre que Charles Richard-Hamelin l’un des plus importants pianistes de sa génération. Un immense trésor pour le patrimoine culturel québécois.

Le répertoire offert a été choisi avec une intention claire et sensible. Faire ressortir la fougue, l’énergie, la virtuosité, le lyrisme, la subtilité, la retenue, la sensualité, le romantisme de cette musique. Le pianiste nous propose deux compositeurs, Granados et Chopin. Il s’avère que de façon très exceptionnelle les deux œuvres portent le même titre : Granados allegro de concierto, op.46 et Chopin – Allegro de concert, op. 46. L’auditoire sera à même d’apprécier l’effet miroir des deux œuvres dans les deux parties du concert.

En première partie Granados compositeur et pianiste espagnol (1867-1916) dont le romantisme confère à la musique une richesse harmonique tellement bien rendue par Charles Richard-Hamelin. Son toucher est si délicat. On entend un magicien dont les doigts (plus rapides que l’œil) oscillent entre la profondeur et la délicate sensibilité. Les phrases sont articulées avec une grande minutie. Une œuvre qui constitue une magnifique découverte pour plusieurs d’entre nous.

Avant la pause, le virtuose nous joue La Vega d’Albeniz (1860-1909), pianiste et compositeur espagnol qui a écrit cette pièce évoquant les plaines de Grenade que l’on peut contempler depuis le Palais de l’Alhambra. Le niveau de difficulté de cette pièce est très élevé de l’aveu même de notre virtuose. Cependant, il affirme que le résultat en vaut le travail. Tellement vrai ! Un bijou qui nous transporte immédiatement en ces lieux sublimes.

En deuxième partie, Chopin (1810-1849) commençant par Allegro de concert, op. 46, une pièce rare qui a connu une histoire peu banale. Écrite par Chopin et mise à l’écart pour plusieurs raisons dont des ennuis de santé, il l’a retrouvée et transformée dix ans plus tard pour compléter cet Allegro. Une pure poésie où lyrisme et virtuosité sont constants. Ensuite un choix de valses, les préférées de Charles Richard-Hamelin, triées pour leur caractère alternant mélancolie, caprice, fougue. Il passe les doigts dans un univers de perles irisées. Il maîtrise dynamisme et rythme constamment. Il est d’une telle sensibilité ! Du fond de sa sépulture au Père-Lachaise, Chopin peut dormir en paix, Charles Richard-Hamelin veille.

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