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Le pianiste Philip Chiu : touchant et vrai!
Carole Trempe – Dans le cadre de la Série Jeunes virtuoses, Diffusions Amal’Gamme a produit le concert de Philip Chiu – Voyages – le dimanche 28 janvier 2024, à la salle de spectacles Saint-François-Xavier à Prévost.
Un concert incomparable par la singularité de ce pianiste. Bien au-delà de ce que l’on qualifie habituellement : lyrisme, fluidité, sensibilité, technique parfaite, qu’il possède haut la main, Philip Chiu est ailleurs. Il a découvert l’art de tirer dans chacune des pièces interprétées, des nuances, des couleurs, des paysages, des sonorités inconnues qu’il partage avec brio. Même si nous avons entendu plusieurs fois certaines œuvres de son programme, c’est comme si on les entendait pour la première fois. Lui seul a su nous livrer le fruit de sa précieuse quête musicale. Le voyage auquel il nous invite est incomparable.
D’entrée de jeu, il s’adresse au public pour présenter un programme qu’il a sciemment concocté en faisant des liens judicieux entre les pièces. Ces liens, il les voit comme des leviers d’inspiration en les associant à d’autres compositions par le rythme, l’ambiance, l’atmosphère. C’est très osé, très bien orchestré et le résultat est fabuleux.
Sa compréhension de la musique et sa façon de la livrer s’expriment non seulement par les millions de nuances remarquablement exécutées par chacun de ses doigts, mais aussi par la maturité avec laquelle il exerce son art. On remarque que certains artistes atteignent ce niveau à un âge plus avancé habituellement.
À le regarder s’asseoir au piano et se concentrer, on ressent son immense respect et sa posture d’humilité à l’égard de la musique. Touchant et vrai. Voici ce qu’il nous fait entendre.
Claude Debussy : Images, livre 1, il s’agit de trois pièces dont : Reflets dans l’eau, Hommage à Rameau, Mouvement qui ont su tailler leur place dans la littérature du piano. Pièces que Philip Chiu associe à des compositrices contemporaines, dont Barbara Assiginaak qui puise ses compositions dans la tradition orale anichinabée près de la nature.
Debussy Estampes, intime et délicate avec une palette de sonorités douces et expressives. Le Youkali extrait de Marie Gallante de Kurt Weill, c’est le pays de nos désirs et c’est magnifiquement interprété. Alice Ping Yee Ho, compositrice canadienne née à Honk Kong et réputée pour sa ferveur à l’égard de la musique contemporaine.
Il a souhaité recevoir les applaudissements à la fin du concert pour ne pas interrompre le voyage. Il a misé gagnant ! Le public a pu lui serrer la main à la sortie de la salle de spectacle. Un pur moment d’éternité avec un musicien incomparable.