Maison des aînés

Pas seulement une dernière demeure, un véritable milieu de vie

Les aînés ne sont pas tous pareils. Pas plus que les jeunes. Voilà pourquoi on ne peut pas dire « les aînés sont comme ci, les aînés sont comme ça ». Ça n’existe pas, le bloc des aînés. Ce qui existe, c’est ton père, ta mère, le grand-père de ton ami, la grand-mère de la voisine. Bref, des êtres humains. – (Extrait de Vive les vieux de Stéphane Laporte dans La Presse du 18 avril 2020)

Carole Bouchard – Inaugurée le 24 novembre dernier, la Maison des aînés de Prévost a commencé à accueillir ses résidents dans leur nouvel habitat. Ce sont 48 nouvelles places pour les personnes aînées de la région, réparties en quatre maisonnées de 12 places.

Actuellement, deux maisonnées abritent chacune 12 personnes. Michel Gauthier, directeur adjoint et chargé de projet clinique pour les cinq maisons des Laurentides, a pris le temps d’accueillir le Journal. « Bienvenue dans l’aventure ! », c’est avec enthousiasme qu’il nous entraîne dans ce nouvel édifice de la rue Chopin, à Prévost. 

On est dans le village !

Il faut comprendre que ces milieux de vie ont fait l’objet d’un nouveau mandat et d’une nouvelle philosophie demandés par le ministère de la Santé et des Services sociaux : ils doivent passer d’un modèle institutionnel guidé par des considérations administratives à un modèle axé sur les choix et les préférences des résidents et de leurs proches*. Le défi est de taille, mais il plaît beaucoup à Michel Gauthier. Si les CHSLD comptaient principalement sur son personnel et la gestion, ici on aura besoin de la communauté, des organismes, des bénévoles et des proches aidants : « Il faut que nous, comme système, on ouvre nos portes vers la communauté », renchérit monsieur Gauthier. Les Maisons des aînés sont construites à l’intérieur de la communauté; celle-ci est en plein milieu résidentielle et tout à côté de l’école primaire des Falaises.

Brigitte Boisclair, gestionnaire responsable en Maison des aînés, nous raconte que lors de l’inauguration, les élèves de l’école des Falaises ont fait des cartes pour souhaiter la bienvenue aux résidents. Des projets comme ceux-là, il en faudra encore et c’est à cette tâche que l’équipe de la Maison travaille actuellement. Que ce soit venir répéter une pièce de théâtre ou le chant d’une chorale, il y aura plusieurs possibilités « J’ai mis au défi mes chefs de maison : je veux que les scouts viennent faire griller des guimauves dans la cour avec nos aînés », d’ajouter monsieur Gauthier. 

Un véritable milieu de vie

Les espaces aménagés dans les maisonnées ont été pensés différemment afin que les résidents se sentent chez eux et non dans un milieu hospitalier. La chambre du résident est spacieuse et peut être personnalisée : on peut y ajouter des photos, un meuble ou des accessoires signifiants. Une attention particulière est apportée afin que le proche aidant soit accueilli avec autant d’attention que le résident. Il peut y dormir s’il le désire, il peut venir cuisiner un petit plat préféré ou prendre son repas en toute intimité. « Ce n’est pas seulement de nouvelles bâtisses, c’est aussi une transformation de nos façons de travailler. », déclare Michel Gauthier. La durée moyenne de séjour dans un milieu d’hébergement est généralement de 6 mois à 18 mois. Le proche aidant doit apprendre à faire le deuil de son proche et l’équipe est là pour l’accompagner dans ce processus. 

La visite d’une maisonnée

En entrant dans la maisonnée Pont Morin Shaw ça sent bon, on entend le chant du canari qui accompagne un homme qui joue sur sa guitare, la lumière inonde la pièce : c’est l’heure du dîner des résidents ! À cette grande pièce se connectent directement les chambres où l’on trouve, affichée à l’entrée, l’histoire de vie de chaque personne, car s’intéresser à leur histoire est essentiel !

Cela fait à peine deux mois que la maison est ouverte. Le personnel que nous avons croisé lors de cette visite est chaleureux et passionné. Ses membres apprennent tous ensemble à mettre de l’avant les nouvelles valeurs de ces nouveaux milieux de vie. Et ils vont aussi compter sur notre communauté pour que ce soit un succès… serons-nous au rendez-vous ? 

Et comme le décrit si bien Stéphane Laporte dans son article Vive les vieux dans La Presse du 18 avril 2020 – « Ce n’est pas juste en disant « Ça va bien aller » que ça va bien aller. C’est en se faisant aller. Il faut changer notre rapport avec la vieillesse. Permettre de vieillir dans la dignité. »

* Document d’orientation Maison des aînés et alternatives, gouvernement du Québec, 2021 – www.msss.gouv.qc.ca, section Publications