Un autre univers

Carole Trempe
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Regard Persan

Carole Trempe – Dans la Série Azimuts & Jazz/Monde, Diffusions Amal’gamme proposait Regard Persan le samedi 11 novembre 2023 à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost. Une musique dont l’origine remonte au moins à 6000 ans.

Il n’est pas facile de faire l’appréciation d’une telle musique à sa juste valeur. Notre schème mental de référence habituel est bouleversé par l’origine, l’histoire, la culture, les instruments, les rythmes persans.

Il n’en demeure pas moins que ce spectacle musical de très haut niveau ouvre nos horizons par une démonstration spectaculaire du brio des musiciens sur scène. Trois musiciens d’origine perse vivant à Montréal.

Saeed Kamjoo au « kamancheh » un instrument à cordes frottées. Il s’agit d’une viele à pique. Une courte pique reposant sur le genou du musicien. Il se joue avec un archet soutenu en bas du chevalet, la paume de la main devient visible. À l’inverse du violon où c’est l’archet qui tourne sur le chevalet, c’est l’instrument qui tourne sur sa pique. Saeed donne à cet instrument un caractère très raffiné et lyrique, ses accords suscitant souvent la surprise. Né à Téhéran, ce musicien possède une formation vocale et instrumentale classique perse.

Pooria Pournanzeri au « tanbour » un luth à long manche dont la caisse est très arrondie. Trois cordes à pincer. Le son est très riche. Pooria est le descendant d’une grande famille de joueurs de luth. Son jeu témoigne d’une virtuosité éclatante. Il y a des moments qui nous mènent vers la méditation.

Ziya Tabassian à la percussion. Ce fabuleux musicien est capable de finesse et d’une précision sans borne. Il nous fait découvrir les instruments tels que le tombak, taillé dans une seule pièce de bois sur laquelle est déposée une peau. Cet instrument est muni d’un système pneumatique qui sert à accorder le son des peaux naturelles. Le daf constitué d’un cadre de bois sur lequel est greffé une peau animale auquel s’ajouteront des guirlandes ou des grelots pour les tintements. Le dayre, un cercle très épais avec de gros anneaux métalliques derrière. 

On a aussi entendu quelques vocalises des protagonistes pendant la prestation. Il nous a semblé que leur rôle décidait de l’ambiance à exprimer dans les poésies interprétées. Le son de leur voix porte l’histoire de leur peuple.

Ce spectacle nous a transportés hors du temps, dans un autre univers à l’origine du monde occidental.

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