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Les lanternes de Geneviève Oligny
Jacinthe Laliberté – Et la lumière fut. Il est difficile de catégoriser les œuvres de Geneviève Oligny, et ce, même en misant sur l’art visuel. Peut-être la sculpture. Ses lanternes revêtent un caractère unique. Regarder, voire contempler une lanterne de madame Oligny, c’est entrer dans le monde onirique, c’est se projeter dans l’univers du rêve, son rêve et le vôtre. Un surnom qui lui sied bien : Allumeuse de l’imaginaire.
Geneviève Oligny, native de Montréal, inspirée par la nature des Laurentides, a pris racine à Saint-Adolphe-d’Howard où elle a établi son atelier. Depuis 20 ans, elle y crée ses ouvrages au rythme de la nature.
Ses débuts remontent bien avant ce déménagement dans les Laurentides. Détentrice d’un certificat en Art d’impression de l’Université du Québec à Montréal et autodidacte, elle développe une expertise pour les matières dites inadéquates à la recherche de la transparence idéale pour ses créations. Elle joue avec le papier. Pour elle, toutes les formes existent. Elle n’a pas de barrière.
Peu à peu, la lumière devient sa matière de prédilection. « La lumière est une assurance, un attrait que j’ai le goût d’approfondir. Lorsque j’allume une lanterne, la lumière devient une surprise, un élément à découvrir », explique l’artiste qui ne sait, elle-même, où se situer dans le monde des arts.
Lanterne et livre, une combinaison gagnante
Elle crée des lanternes uniques avec des matières premières qu’elle affectionne : le livre et, conséquemment, le papier. Elle aime redonner une seconde vie aux choses. Ses livres lumineux résultent du recyclage de livres élagués par les bibliothèques et destinés à être détruits.
« Quand on entre dans un livre, on entre dans un voyage à travers l’imagination que j’essaie de reproduire avec mon lignage, avec l’imitation de la pagination du livre tout en y ajoutant une touche personnelle ».
Depuis son enfance où elle dessinait et écrivait, déjà à la maternelle, sous le regard de sa grand-mère, elle était fascinée par le papier et les mots. Elle peut toujours assouvir cette passion, puisqu’elle travaille à la bibliothèque de la municipalité de Sainte-Anne-de-Lacs.
De plus en plus, elle insère ses écrits dans ses ouvrages. Lors de ses dernières expositions, elle a projeté, sur les murs, ses inspirations lyri-ques souvent en lien avec des textes.
Pour Geneviève, la lanterne permet de se connecter intérieurement contrairement à la lampe qui n’a comme but d’éclairer une pièce. Quant à la lanterne, celle-ci a une évocation onirique : elle permet d’entrer dans le monde de l’imaginaire.
Un vêtement illuminé
Tout part d’un projet pour l’exposition ONE (Objets non enfouis) du Chapitre Dix : Des Mots et Merveilles pour le Biodôme où elle a créé un mannequin qu’elle ne pouvait suspendre. Elle désirait donner une autre dimension à ses œuvres. Un travail de neuf mois où tissus et lumière n’ont fait qu’un : son premier prototype.
« Le corps abrite la lumière ». Ce sont ces mots, ce principe qui ont amené Geneviève à façonner, des habits de lumières, des vêtements qui laissent filtrer la lumière : « Pour moi, les vêtements sont comme des lanternes, mais de grandeur nature. Un autre matériau que je voulais explorer », d’expliquer cette artiste nommée Créatrice de l’année des Laurentides recevant, ainsi, en 2015, le prix du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) dans le cadre de la 26e édition des Grands prix de la culture des Laurentides.
Un parcours imposant
La première reconnaissance du public : une exposition au salon de thé Camélia Sinensis et une autre dans une brasserie artisanale, le Cheval blanc, à Montréal. Par la suite, elle a exposé dans plusieurs endroits du Québec avant de répondre à des demandes provenant de l’étranger comme à Lille en France et à Dubaï. Plus tard, ses créations ont permis d’attirer l’attention du Cirque du soleil, de la TOHU et du Centre Diane Dufresne. Des gros noms comme elle le souligne.
Dans ses collections privées et publiques, on retrouve Susan Surandon, Pierre-Marc Johnson lorsqu’il était premier ministre du Québec et Pierre-Karl Péladeau. « J’aime savoir que Susan Surandon a une petite lanterne chez elle », de mentionner bien simplement Geneviève.
Personnaliser ses créations en partant des intérêts des gens, de leur sensibilité, s’insère dorénavant dans la démarche de l’artiste. Pour ce faire, elle désire que l’inspiration vienne des deux côtés. L’artiste et la personne doivent se nourrir l’une de l’autre pour ouvrir une porte à l’invention.
Ses projets
L’artiste, pour poursuivre son œuvre et alimenter sa créativité, doit se vendre. Or, Geneviève aimerait trouver un musée, un collectionneur ou une bibliothèque qui serait preneur de certaines de ses pièces maîtresses. Elle parle ici de ses Habits de lumière.
Finalement, publier un livre d’artiste est dans ses projets immédiats. Par définition, un livre d’artiste n’est pas un livre d’art ou un livre sur l’art, il est l’œuvre d’art en soi. Or, Geneviève désire concevoir un livre fait « main » en peu d’exemplaires.
Pour terminer, la dame de la lumière nous laisse sur une de ses inspirations : « Ici et maintenant, il s’agit, à travers la minutie des choses, d’offrir une dimension symbolique à l’objet à travers des sculptures porteuses d’un esprit et d’une émotion parce que c’est permis d’allumer l’imaginaire ». – Pour d’autres informations, vous pouvez visiter : https://genevieveoligny.wordpress.com/