Les sentiers de la danse à Saint-Sauveur 

Carole Trempe – Un « trésor » qui a été présenté dans les sentiers de la danse de Saint-Sauveur.

Le FASS a présenté des performances de danse dans les sentiers forestiers du parc John-H.-Molson. Six groupes d’artistes et 12 spectacles. Ces spectacles étaient gratuits.

Je me suis intéressée à la Compagnie Danse Nyata Nyata et à son âme dirigeante, Zab Maboungou que j’ai eu le privilège de rencontrer et d’interviewer.

Zab est au Canada « la chorégraphe du temps ». Elle explore le rythme dans le corps et dans le temps, « il s’agit de retracer le passage du temps à travers le langage corporel », dira-t-elle.

 Née en France d’une mère française amoureuse des lettres et d’un père congolais ingénieur en micro-mécanique, elle se dirige vers la philosophie pour l’enseigner. Elle dit que si la philosophie est l’art du questionnement, la danse est l’art des réponses.

Cette femme incarne une force vive en perpétuel mouvement. Chorégraphe, interprète et pédagogue, elle est aussi une grande visionnaire. Une personne d’une infinie sensibilité et qui a magistralement développé sa conscience. L’énergie qui se dégage d’elle marque le cœur de celui qui la côtoie de façon indélébile.

Zab a un remarquable parcours qui s’étend sur la scène internationale et c’est à Montréal qu’elle installe sa compagnie de danse en 1987. Cette artiste s’implique partout où elle va. Elle a créé un programme de formation professionnelle en danse africaine à Montréal, elle en est la pionnière. Ce programme s’étend sur 2 ans et regroupe 8 à 12 élèves déjà engagés dans un cheminement artistique, des élèves qui sont en quête de l’éveil, de la réalisation de soi.

Pour Zab, le rythme est la moelle de la danse, inséparable de l’acte même. Son approche humaniste contribue à nourrir notre imaginaire culturel. Elle dit que c’est par l’humilité et la douceur que l’on peut délier les corps.

Elle a été honorée par de nombreux prix et distinctions, soulignons 2015, le Prix de la diversité culturelle en danse décerné par le Conseil des Arts de Montréal; 2019, elle est nommée Compagne de l’Ordre des Arts et des Lettres du Québec, 2021, elle est récipiendaire pour le prix du Gouverneur général pour les arts de la scène-réalisations artistiques, la plus haute distinction attribuée au Canada. Un documentaire hors centres de mouvement perpétuel réalisé par Marlene Millar et Philip Szporer Maboungou : Being In The World a été présenté en 2023 au Musée McCord et à Toronto. Il sera lancé en Angleterre cet automne.

Au FASS, dans les sentiers, elle présente un extrait reconceptualisé d’un ensemble poétique qui s’intitule Mozongi (1997), il y a quatre artistes sur scène, deux danseurs et deux tambourinaires dont l’un d’eux est le fils de Zab. Rigueur du rythme, spectacle fantastique inspiré du temps, de la physique du temps. Zab dit que les choses sont déjà là, on les prend en charge. C’est le rythme de la vie, de ce que nous sommes, toujours en mouvement. 

Extrait reconceptualisé d’un ensemble poétique qui s’intitule Mozongi avec quatre artistes sur scène, deux danseurs et deux tambourinaires – Photo : Vanessa Fortin