Compagnie A.I.M.

Carole Trempe
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Une approche de la danse en dehors des sentiers battus

Carole Trempe –  Kyle Abraham est désigné comme étant le plus brillant talent créatif à émerger durant l’ère Obama par Out Magazine1 Croyez-moi, cette réputation n’est pas surfaite ! Là, on est ailleurs. Une exceptionnelle distinction colore les multiples œuvres de ce chorégraphe absolument génial. 

La directrice de répétition Jessica Tong, la dansesuse et chorégraphe Keerati Jinakunwiphat, le danseur Dymon Samara, Guillaume Côté et Étienne Lavigne lors de la rencontre avec le public à la fin du spectacle. – Photo : Michel Fortier

Danseur et chorégraphe vedette et chouchou de la scène new-yorkaise, Kyle Abraham est le lauréat de nombreux prestigieux prix. Il est courtisé par les plus grandes compagnies de danse au monde. La concrétisation de sa vision artistique est phénoménale. Il exploite ses formations en musique populaire, en musique classique, en arts visuels et dans une multitude de styles de danses, comme le hip-hop, le street, le néo-classique, et le moderne.

Kyle Abraham est né en 1977 à Pittsburgh. Il a fondé la Compagnie A.I.M en 2006 à New York. Son œuvre d’une riche densité met à l’honneur des tableaux qui relatent la culture et l’histoire afro-américaines post-esclavagistes à partir de ses expériences personnelles, de ses intérêts artistiques et de sa quête identitaire.

La Compagnie A.I.M en est à sa première visite à Saint-Sauveur avec sa troupe de 10 fameux et fabuleux danseurs.

Au programme, quatre pièces

Big Rings (2019), chorégraphie par Keerati Jinakunwiphat. L’Éclairage évoque un match de basket-ball en fin de soirée. Les danseurs se déplacent progressivement en lignes pour faire comme s’ils driblaient et tiraient. Les effets esthétiques deviennent de plus en plus variés et complexes sur la musique de Saint-Saëns, le Cygne. Frissons garantis. Cette œuvre illustre l’énergie, le dynamisme et l’harmonie du groupe. La collaboration dans l’action.

Show Pony (2018) chorégraphié par Kyle Abraham et incarné par Dymon Samara. La fierté et la confiance en soi dans un costume constituant une deuxième peau reluisant harmonieusement avec l’éclairage. Visuellement, c’est absolument magnifique. Un message spectaculaire sur le plaisir d’être.

If We Were A Love Song (2021) chorégraphié par Kyle Abraham. Alors, là… coup de Cœur à jamais ! Sur la voix large et profonde comme un océan de Nina Simone, qui porte toute l’histoire de son peuple dans sa tessiture et dont le vibrato nous transperce l’âme, nous sommes hypnotisés. L’usage de la lumière ajoute au dynamisme. On nous présente des vignettes poétiques intimes en solos. Gestuelle raffinée, élégance, émotion à fleur de peau, le spectacle prend forme. En souplesse et tout en ondulations poétiquement composées de moments de parfaite immobilité qui surviennent au beau milieu d’un débordement expressif, le temps se suspend. On est en contact avec une telle émotion, une telle beauté. On s’élève. On vit une expérience mystique. L’art dans sa toute puissante expression qui nourrit l’âme humaine. Un moment de pur ravissement. La réaction du public en témoignera. Nous étions en lien avec l’infiniment grand, l’infiniment beau.

La danseuse Tamisha A. Guy – Photo : Christopher Duggan

Rain (1998) chorégraphié par Bebe Miller. Évoque le retour à la terre d’une femme de la communauté noire. Portrait intéressant. Le fait de présenter cette œuvre à la toute fin du spectacle n’était pas la meilleure idée. Elle a, malheureusement, été éclaboussée par la pièce précédente qui a tout ravi.

Kyle Abraham crée un vocabulaire unique, son approche est en dehors des sentiers battus. Avec le public, il partage son humour, son intelligence, sa tendresse et le pur bonheur de la danse.

Nous souhaitons vivement le retour chez nous de sa Compagnie avec sa troupe de danseurs.

  1. Danse : mue et mise à nu avec Kyle Abraham, Le Monde. fr, juin 2018 consulté le 2 août 2023


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