BD de Prévost

Cynthia Desruisseaux, la coordonnatrice culturelle de la Ville, tient entre ses mains un exemplaire de la bande dessinée Prisonniers du temps à Prévost en compagnie du maire Paul Germain – Photo : Nicolas Michaud

Un festival et une BD pour le 50e anniversaire de Prévost

Nicolas Michaud – Durant la fin de semaine du 12 et 13 août, au sein du stationnement de l’école du Champ-Fleuri, le Festival de la BD de Prévost a réuni quelque 34 bédéistes francophones, qui sont venus partager leur amour pour cet art avec le public.

Dans sa programmation, le festival proposait gratuitement un large éventail d’animations libres ou dirigées, de quoi satisfaire les goûts divers et variés de tout le monde : des conférences, des expositions, des activités interactives en ligne, des ateliers jeunesse et pour adultes, des séances de dessin en direct, des improvisations, des combats de crayons ainsi que des rencontres avec les bédéistes. De plus, une zone de coloriage géant, un kiosque de maquillage et une mascotte étaient présents sur les lieux aux grands plaisirs des tout-petits. Enfin, pour récompenser les artistes, des trophées fabriqués par la sculptrice locale, Ginette Robitaille, et des bourses en argent ont été décernés aux lauréats dans les catégories « Coup de cœur du public », « Bédéiste Recrue » et « Bédéiste Étoile ».

Une BD en cadeau pour ses 50 ans

Exceptionnellement, cette année, le moment fort du Festival de la BD de Prévost était le lancement officiel de la bande dessinée en l’honneur du 50e anniversaire de la fusion de Prévost. En considération du regard artistique de Jocelyn Jalette et du visage érudit de l’organisme His-toire et Archives Laurentides, ces deux institutions ont été mandatées par la Ville de Prévost pour faire découvrir les événements marquants de son passé sous la forme d’une BD de 114 pages qui inclut un complément de textes et de photographies.

C’est Cynthia Desruisseaux; la coordonnatrice municipale au Service des loisirs, de la culture et de la vie communautaire; qui a lancé le coup d’envoi en faisant savoir que « chaque page de cette bande dessinée représente un morceau de notre histoire ». Cette récréologue indiquait que si la BD était actuellement en vente, elle « serait également disponible au Service des loisirs, à la bibliothèque municipale ainsi qu’en ligne afin que chacun puisse avoir l’occasion de la découvrir et de conserver ce souvenir mémorable ».

Témoignage en vers politiques

Un certain monsieur Cyrano de Prévost; en l’occurrence le maire, Paul Germain; a déclamé un discours lyrique pour commémorer « le demi-siècle qui s’est écoulé depuis le grand amalgame de Prévost, Shawbridge et Lesage ». À l’image d’un troubadour, l’élu municipal a scandé : « J’ai trouvé le besoin impérieux de célébrer cette échéance majeure de façon singulière en dépeignant l’histoire de Prévost d’une manière à la fois accessible et captivante. De ce fait, nous avons jeté notre dévolu sur l’art séquentiel du 9e art pour traquer ces 50 années de trames historiques […] La bande dessinée, ce puissant canal de l’imaginaire capable d’allumer le feu de l’enthousiasme chez les jeunes comme chez les moins jeunes; notre souhait était de voir ce médium rassembler toutes les générations autour de notre patrimoine com-mun. »

Après sa prouesse poétique, ce notaire de formation a profité de sa tribune pour promouvoir la journée Le 12 août, j’achète un livre québécois : il a fièrement souligné le fait que le festival offrait un contenu à presque 100 % québécois, et a fortement incité ses concitoyens à adopter cette initiative pour encourager l’industrie livresque au Québec.

Témoignage en phylactères imaginatifs

Décrit par le maire comme étant « le sieur, l’artiste, le Michel-Ange de la BD », Jocelyn Jalette se sentait comblé de récolter les fruits de son dur labeur. Natif de Joliette, il estime sa méconnaissance prévostoise comme étant à la fois une force et une faiblesse créatrices : « j’avais toujours à cœur de faire une bande dessinée qui pouvait être comprise par quelqu’un qui ne connaît pas Prévost ». Revendiquant ardemment l’idée selon laquelle le cadre historique d’une BD ne doit pas se faire au détriment du récit pour maintenir l’intérêt du lectorat, l’auteur rejette cette manière ennuyante et encombrante de sombrer dans une longue énumération d’éléments historiques. Intitulé Prisonniers du temps à Prévost, son œuvre met en vedettes Joséphine Lesage, Maturin Morin dit Matou, Ti-Shaw, Arthur Shaw et Marie Prévost : « Ces personnages fictifs rencontreront des personnes qui ont réellement existées à travers cette histoire insolite basée sur des faits historiques », a-t-il écrit. Ce grand passionné d’histoires et d’Histoire reconnaît volontiers que la présente période représente « l’âge d’or de la BD québécoise ». S’il croit que la bande dessinée « est l’art le plus complet qui existe », c’est parce qu’il considère que pour « faire une BD historique; tout ce que ça nous prend, c’est le talent et c’est la patience alors qu’au cinéma, ça prend des budgets colossaux ».

Témoignage en poussière mémorielle

Chez Histoire et Archives Laurentides, la directrice générale et archiviste, Linda Rivest, détaillait le rôle de cet organisme sans but lucratif en tant que gestionnaire et coauteur du projet de BD anniversaire. La municipalité de Prévost étant la seule ville de la MRC à ne pas encore détenir son ouvrage historique, il était temps, selon l’archiviste, de remédier à cette situation : « aujourd’hui, nous fêtons les 50 ans de Prévost, mais c’est près de 200 ans d’histoire qu’on raconte dans ce livre-là ». Alors que Linda Rivest était invitée à exposer sa pensée au sujet du 50e anniversaire de Prévost, elle a partagé sa vision philosophique de l’Histoire avec l’auditoire : « On a souvent tendance à négliger notre histoire locale, à croire qu’elle n’est pas aussi importante et intéressante que la grande histoire nationale. Pourtant, c’est elle qui caractérise notre région. On pourrait pas faire la grande histoire du Québec sans la petite histoire de nos localités. Et quand on se met à la fouiller, cette histoire-là, à l’étudier, à s’y intéresser, on fait des découvertes surprenantes et passionnantes […] alors quand vous trouvez des photos, des vieux contrats, des programmes de spectacle dans le fond d’un garde-robe ou oublié depuis des années, dites-vous que vous avez entre les mains la petite histoire de votre région. »

De gauche à droite, Jocelyn Jalette, le dessinateur et scénariste de la BD anniversaire; Henri Prévost, le président du conseil d’administration d’Histoire et Archives Laurentides (HAL); et Linda Rivest, la directrice générale et archiviste de cet organisme sans but lucratif Germain – Photo : Nicolas Michaud
Rencontre avec sa bédéiste favorie – Photo : Michel Fortier
Le bédéiste Xavier Crespo heureux de dédicacer son livre! – Photo : Michel Fortier
«Les petits monstres» au festival de la BD – Photo : Michel Fortier
Le bédéiste Philippe Girard prend le temps d’ajouter un dessin comme dédicace dans son livre Leonard Cohen, sur un fil  – Photo : Michel Fortier
Les kiosques des bédéistes – Photo : Nicolas Michaud
Les kiosques des bédéistes – Photo : Nicolas Michaud


print