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Nicolas Michaud – Rodolphe Parent, président bénévole de la Ligue d’action civique et diplômé d’une maîtrise en science politique à l’Université de Montréal, s’est entretenu brièvement avec le Journal des citoyens.
La Ligue d’action civique, un organisme contre la corruption municipale, a pour objectif de promouvoir de saines pratiques de gestion municipale tout en offrant ses services-conseils auprès des élus municipaux qui en font la demande.
Faire naître et donner des crocs aux petites oppositions
C’est ainsi qu’après avoir exigé la tenue d’une commission d’enquête publique sur la corruption dans les partis politiques et les syndicats, la deuxième étape dans la mission de la Ligue était de former et de structurer des oppositions municipales afin de leur permettre d’avoir les moyens de leurs ambitions. Par l’entremise d’une entreprise spécialement créée par la Ligue qui pouvait acheter en gros, elle a permis à de petites oppositions d’acheter des pancartes et du matériel électoral à moindre coût grâce à l’économie d’échelle. De cette manière, le coût d’entrée dans la compétition électorale devenait plus faible en nécessitant moins de donateurs. Ce genre d’actions est essentiel, selon Rodolphe Parent, car la vie municipale manque cruellement de concurrence politique, et ce, particulièrement dans les plus petites villes. Ainsi, à l’issue du scrutin du 7 novembre 2021, 4 970 postes de mairesse ou de maire, de conseillère ou de conseiller ont été élus sans opposition sur un total de 7 924, soit 62,7 % des postes d’élus et d’élues.
Instaurer un système de colistier
Dans les villes de grande taille, il y a habituellement une opposition plutôt stable. Toutefois, dans bien des municipalités — surtout les plus petites —, il n’y a pas d’opposition durable : lors de la défaite du chef du parti d’opposition, sa formation politique finit par se dissoudre avant l’élection suivante. Étant donné que le gouvernement du Québec n’a pas imposé de colistier dans les villes où les partis politiques en ont fait la demande, seules les villes de Montréal, de Québec et plus récemment de Gatineau ont installé le principe de colistier. Selon le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française (OQLF), un colistier est un « candidat aux élections municipales qui s’engage, s’il est élu dans son district électoral, à céder son siège au candidat que son parti a désigné à la mairie, advenant une défaite de celui-ci ». Autrement dit, lors d’une élection, le candidat à la mairie aura la possibilité de se présenter également dans un district avec un membre de son équipe politique. D’après ce principe de double candidature, le candidat à la mairie peut ainsi siéger en tant que conseiller s’il est élu dans un district, mais défait à la mairie.
Avoir la mainmise sur les greffiers municipaux
Pour garantir des élections justes et équitables, il faut une administration publique avec le plus grand sens de la probité et exempte de conflits d’intérêts avec le politique. Dans le cadre des élections provinciales, c’est Élections Québec, une institution neutre et indépendante, qui a le mandat de les organiser et d’en assurer l’intégrité, la transparence et la fiabilité. Cependant, dans certaines villes (surtout de petite taille), ces valeurs démocratiques sont mises à mal puisque les greffiers municipaux, ces personnes chargées des élections municipales, sont nommés par le maire en place. Qui plus est, la Ligue avait observé des situations où les greffiers municipaux ne procédaient pas correctement aux vérifications des renseignements donnés par les candidats municipaux. « Il y avait parfois des candidatures qui étaient clairement illégales », s’étonnait Rodolphe Parent. D’autres greffiers, au contraire, essayaient d’accomplir leur travail, mais leurs actions étaient obstruées par des maires. Plusieurs anomalies ont donc été notées où des greffiers municipaux se faisaient hurler dessus par l’élu en place parce que ce dernier souhaitait accéder aux urnes avant que le résultat ne soit dévoilé. L’idée de Rodolphe Parent n’aurait pas été de mettre les installations électorales municipales sous le joug d’Élections Québec, mais de permettre à cet organisme public de virer certains greffiers problématiques pour éviter que la fonction publique ne joue un rôle trop important dans l’élection de leur propre maire. « Ce qui est quand même assez particulier quand on y pense », allègue le président de la Ligue.