Quand la tête retrouve les bras du corps social

Entourée de certains représentants de la scène politique régionale, la ministre Chantal Rouleau remercie les figures de proue des organismes communautaires d’avoir accepté son invitation de participer à cette table de concertation – photo : Nicolas Michaud

La ministre Chantal Rouleau rencontre les organismes communautaires des Laurentides

Nicolas Michaud – À Sainte-Adèle, le lundi 5 juin dernier, une table de concertation a eu lieu entre la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, et les différentes sphères communautaires de la région.

C’est par des investissements de 1,1 G$ que la ministre Chantal Rouleau prévoit s’attaquer au dossier de la pauvreté au Québec. Pour ce faire, elle a fixé trois objectifs : élaborer le quatrième Plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale avant le dépôt du dernier budget de cette année, réviser la loi ainsi que les programmes sur l’aide sociale, et mettre en œuvre une loi-cadre en action communautaire pour 2024.

Afin de s’assurer que personne ne passe à travers les mailles du filet social, le Ministère envisagerait, entre autres, d’offrir un statut aux organismes communautaires pour qu’ils accèdent aux appels d’offres gouvernementaux, de permettre aux sociétés philanthropiques d’aider financièrement ces mêmes organismes comme c’est actuellement le cas dans le reste du Canada, de mieux encadrer les redditions de comptes en fonction des sommes dépensées pour des projets communautaires, et de remplacer la méthode punitive pour une approche axée sur l’accompagnement de cette population vulnérable.

Si la proposition de la ministre d’allier la solidarité sociale à l’action communautaire a vivement été saluée au cours de cette réunion, les acteurs communautaires pressent néanmoins le gouvernement de s’attarder sur cinq points concomitants.

Cinq points revendiqués par les organismes communautaires

Premièrement, la pénurie de loyers abordables et de logements communautaires touche plus fortement les gens pauvres, marginalisés, malades et handicapés que les autres. Leur situation, déjà désavantagée, demeure un obstacle supplémentaire pour se loger convenablement et il reviendrait au gouvernement d’arrêter les coupures dans l’investissement d’hébergements bon marché.

Deuxièmement, l’économie locale connaît de plus en plus de ruptures de services, étant donné les enjeux visant les barrières linguistiques et identitaires des travailleurs issus de l’immigration, le vieillissement de la main-d’œuvre, l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle pour les petits salariés; le manque, voire l’absence de services de garde pour les familles, surtout les mères, qui se voient ainsi privées d’émancipation économique. De ces faits, le secteur du travail réclame l’élargissement des critères d’admissibilité aux aides à l’emploi tout en pérennisant leurs financements pour éviter aux organismes communautaires de gaspiller des ressources dans la recherche de fonds.

Troisièmement, l’insécurité alimentaire reste palpable lorsque près de la moitié des banques alimentaires peuvent tomber en bris de services dans les Laurentides par manque de bénévoles, d’argent ou de dons de denrées non périssables face à la recrudescence des demandes d’aide alimentaire en réaction à l’inflation. De plus, une partie de ces gens moins fortunés ne possèdent pas les habiletés ni les équipements culinaires nécessaires pour se nourrir.

Quatrièmement, la déficience du réseau de transport en commun entre les vastes territoires des MRC cause de nombreux problèmes de délais et d’isolement, ce qui nuit à l’autonomie de déplacements des usagers démunis pour aller chercher les ressources d’aide. Ainsi, il faudrait davantage d’ententes entre les différentes municipalités pour favoriser la circulation interterritoriale.

Cinquièmement, pour ce qui est des économies sociales et des financements, il importe de soulever qu’il y a présentement une absence de fonds qui permettraient de chiffrer les impacts sociaux des organismes communautaires. Par conséquent, un tel financement serait essentiel pour reconnaître l’efficacité des actions entreprises par ces organismes.

Consultations publiques

« Toute la société québécoise est invitée à se prononcer, dont les personnes vivant en situation de pauvreté et d’exclusion sociale et celles représentant les organismes autochtones, les organismes communautaires et bénévoles, les entreprises d’économie sociale ou encore les groupes appartenant aux milieux syndicaux, patronaux et municipaux », peut-on lire sur le site Web https://consultation.quebec.ca/processes/consultationpauvrete. Pour les gens intéressés et concernés par cet enjeu sociétal, cette série d’enquêtes sur le terrain se déroulera jusqu’à l’automne 2023.

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