Investir dans l’entrepreneuriat de demain

Pour Maëly (9 ans) de Mimi et Maman, c’est une manière de verser une partie des profits à la Maison des jeunes et de tisser des liens avec sa mère tout en liquidant les stocks de chandelles qu’elles ont initialement fabriquées pour se désennuyer lors des longues périodes de confinement pandémique – photo : Nicolas Michaud

La grande journée des petits entrepreneurs, 10e édition

Nicolas Michaud – Le samedi 3 juin dernier, partout au Québec, quelque 8000 enfants âgés de 5 à 17 ans ont relevé le défi d’exposer leur petite entreprise devant leur résidence ou dans l’un des 180 Marchés de petits entrepreneurs. À Prévost, cette activité a attiré une quarantaine de jeunes qui s’étaient réunis à La Halte Boréale afin de vendre leurs produits.

Pour une deuxième année consécutive, l’entrepreneure Valérie Stevens — une adulte ou, si vous préférez, une enfant avec beaucoup d’années d’expérience — a accueilli La grande journée des petits entrepreneurs dans le stationnement de son commerce. « Redonner à la communauté » : ce sont par ces mots qu’elle justifie sa volonté d’organiser cet événement. Avec l’ambiance festive qui régnait, même son petit garçon était déçu de ne pas avoir participé. « Il participera sûrement l’année prochaine », dit-elle en souriant. De 10 h à 15 h, ce sont des parents, des amis, des membres de la famille ou encore quelques curieux fouineurs qui sont venus encourager les héros et les héroïnes du jour. D’ailleurs, Paul Germain, le maire de Prévost, et Rhéal Fortin, le député fédéral de Rivière-du-Nord, étaient tous deux de passage et ont vivement exprimé leur admiration face à l’initiative de ces apprentis entrepreneurs.

La parole est aux jeunes

En faisant le tour de la vingtaine de kiosques installés, la clientèle avait le choix entre une vaste variété de biens artisanaux : des parfums, des bougies, des bijoux, des cartes, des signets, des babioles de toutes sortes, des semis et des plantes en pots ainsi que des pâtisseries et des boissons rafraîchissantes. Chaque entrepreneur a son histoire et ses raisons de participer à cette journée. Pour Maëly (9 ans) de Mimi et Maman, c’est une manière de verser une partie des profits à la Maison des jeunes et de tisser des liens avec sa mère tout en liquidant les stocks de chandelles qu’elles ont initialement fabriquées pour se désennuyer lors des longues périodes de confinement pandémique. Pour Alex (12 ans) de Petits becs sucrés, qui caresse le rêve de devenir pâtissière, c’est l’occasion de développer son sens des affaires en cuisinant avec amour des petites collations même si elle n’aime pas laver la vaisselle par après. Pour les deux sœurs Sophie (9 ans) et Éliane (7 ans) de Cocottes Peanuts, il s’agit plutôt de faire leur part pour l’environnement en façonnant des allume-feux écologiques à partir de pommes de pin enduits de paraffine. Pour en savoir davantage sur le portrait des jeunes entrepreneurs de Prévost, n’hésitez pas à survoler la page Facebook du Marchés des petits entrepreneurs de la Halte Boréale de Prévost.

Essor de l’entrepreneuriat féminin

Sur place, les plus observateurs pouvaient remarquer qu’environ 4 entrepreneurs sur 5 étaient des filles, ce qui est assez encourageant considérant qu’à peine 18 % des entreprises canadiennes sont détenues majoritairement par des femmes. Étant tributaire du rôle plutôt hostile que l’Histoire, la religion et la politique ont accordé à ces non-hommes, la réalité des femmes entrepreneures au Québec reste un phénomène relativement récent. Ce dernier s’est progressivement développé à partir des années 1970 avec l’entrée substantielle des femmes aux portes des entreprises grâce à la modification du Code civil du Bas-Canada qui les a longtemps privées de leurs droits fondamentaux. De plus, dans un contexte familial, amical et sociétal qui les incite moins souvent à prendre de la place et des risques, beaucoup de filles forgent leur personnalité avec une tendance à l’autodisqualification et sont confrontées à un syndrome d’imposture plus important que leurs homologues masculins. Le manque de confiance des femmes étant un obstacle très bien documenté, cela justifie d’autant plus l’importance de la validation du projet entrepreneurial par l’entourage. De ces veuves cabaretières et aubergistes de la Nouvelle-France à ces allumettières du XIXe siècle jusqu’à ces travailleuses d’usine durant les deux Grandes Guerres, celles qui ont longtemps été considérées comme étant le sexe faible peuvent être fières de leurs descendantes entrepreneuses qui ont su mettre de l’avant leur confiance en leurs capacités, et ce, avec le soutien de leurs proches et de leur société.

Une aventure prospère depuis bientôt 10 ans !

Depuis sa fondation en 2014, Petits entrepreneurs est un organisme de bienfaisance dont la mission est « d’inspirer, habiliter et éduquer les enfants d’âge scolaire en créant des occasions d’entreprendre afin de changer le tissu social, économique et entrepreneurial du Québec de demain ». Tout en s’amusant, chacun apprend les étapes nécessaires à la concrétisation de son projet d’entrepreneuriat : de la simple idée à la planification, au financement et à la mise en œuvre du plan d’affaires; à la présentation, au marketing, à la promotion, à la vente des produits de l’entreprise jusqu’aux rudiments du service à la clientèle. Pour ces enfants, la consécration de tous leurs efforts survient lors du rendez-vous annuel des petits entrepreneurs à tous les mois de juin. Le succès de cet événement reposant amplement sur le travail dévoué des bénévoles, il est déjà possible de s’impliquer pour la 11e édition en 2024 : www.petits entrepreneurs.ca/fr/simpliquer/. Enfin, s’il y a encore des jeunes qui sont indécis de participer l’année prochaine, suivez le conseil de Rémi (10 ans), cofondateur de l’entreprise À tes souhaits, et « ayez du fun ! »


Pour Rémi (10 ans) et Rosalie (10 ans) de l’entreprise À tes souhaits, cette aventure leur permet d’exercer la parole en public alors qu’ils expliquent le processus créatif de leurs cartes de souhaits hypoallergènes fabriquées à partir des photos rigolotes de leurs animaux respectifs, Fleur le chien et Alpha le chat – photo : Nicolas Michaud

Pour Alex (12 ans) de Petits becs sucrés, qui caresse le rêve de devenir pâtissière, c’est l’opportunité de développer son sens des affaires en cuisinant avec amour des petites collations même si elle n’aime pas laver la vaisselle par après – photo : Nicolas Michaud

Pour les deux sœurs Sophie (9 ans) et Éliane (7 ans) de Cocottes Peanuts, il s’agit plutôt de faire sa part pour l’environnement en façonnant des allume-feux écologiques à partir de pommes de pin enduits de paraffine – photo : Nicolas Michaud


Pour Alice (12 ans) de l’entreprise Le Jardin Créatif, c’est de démontrer sa créativité par diverses méthodes allant de la décoration de signets, d’éventails et de pots de plantes tout en prenant le temps de préparer des semis avec sa mère – photo : Nicolas Michaud

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