Ensemencement de la rivière du Nord

Des gouttes de vie pour une rivière et une communauté

Nicolas Michaud – Le 2 juin dernier, aux petites heures du matin, le premier des trois dépôts de 2000 poissons qui devaient être effectués dans la rivière du Nord avait lieu sous le pont Vanier en arrière du restaurant Pacini de Saint-Jérôme.

Pour cette saison estivale, les Québécois seront encore en mesure de taquiner le poisson grâce à l’œuvre, pilotée depuis 1992, par le chevronné moucheur dans l’âme qu’est Ronald Raymond, qui occupe maintenant les fonctions de conseiller municipal du district 1 de Saint-Jérôme en plus de son poste de président à la Fondation de l’eau rivière du Nord. Sur la vingtaine de personnes qui l’accompagnaient cette journée-là, notons la présence de quelques personnalités politiques locales; dont le maire de Saint-Jérôme, Marc Bourcier; de plusieurs responsables du Parc régional de la Rivière-du-Nord, du personnel de La Hutte, et du pêcheur-animateur Alain François ainsi que de son équipe de tournage pour l’émission Kalamouche diffusée sur les ondes de RDS.

À vos chaudières !

En groupe de deux, chaque équipe exécutait des allers-retours, entre les gros bassins du camion de Pisciculture Kenauk Hatchery et la rivière, en transportant la précieuse cargaison dans des bacs remplis à moitié d’eau. Leur contenu ? Principalement des truites brunes ou Salmo trutta, âgées de 18 à 24 mois, d’environ 10 pouces chacune. Après avoir ajouté l’eau de la rivière dans ces bacs pour acclimater les poissons à la température de leur nouvel habitat, les participants s’empressent de les libérer dans la nature. Peu de temps après, nous voyons déjà ces animaux à écailles accomplir quelques sauts acrobatiques au milieu de la rivière.

Pourquoi l’ensemencement ?

Dans le cadre du Programme de soutien pour l’ensemencement des lacs et des cours d’eau, les répercussions bénéfiques des ensemencements peuvent être d’ordre biologique et socioéconomique. D’une part, cela permet de protéger l’intégrité écologique et la biodiversité génétique des populations indigènes de poissons, de veiller à la qualité de l’eau et à la régulation des écosystèmes aquatiques, et de réduire la pression de pêche exercée sur les populations naturelles. D’autre part, cela permet de soutenir l’offre de pêche, d’attirer les pêcheurs sportifs, de former la relève en initiant les jeunes à cette activité, d’offrir d’importantes retombées économiques pour la région en misant sur le récréotourisme, et de réaliser la mise en valeur des cours d’eau.

De la rivière aux ventres de la pauvreté

Un aspect méconnu de l’ensemencement provenait des témoignages recueillis auprès de l’équipe d’intervention de La Hutte, la maison d’hébergement d’urgence pour personnes en situation d’itinérance de Saint-Jérôme. D’après eux, plusieurs membres de leur clientèle trouveraient dans la pêche, non seulement un agréable passe-temps, mais également une source alimentaire d’appoint. À cet effet, des cannes à pêche seraient même fournies par l’organisme. Évidemment, l’itinérance n’ayant pas d’adresse fixe, nous pouvions d’ailleurs constater sur les berges des objets qui paraissent indiquer la présence d’un hébergement temporaire.

Un cas de réussite

Grâce au soutien financier de la Ville de Saint-Jérôme, l’ensemencement s’inscrivait aussi à l’occasion de la Fête de la pêche qui se déroulait partout au Québec entre le 2 et le 4 juin. Cette fête familiale promut la valorisation du plein-air et l’importance de préserver notre environnement. « Les poissons n’ont pas de voix; alors, je suis comme leur porte-parole », s’exclame Ronald Raymond lorsque nous lui demandons d’où vient son intérêt pour son travail de sensibilisation. Son labeur a porté ses fruits, selon le maire Marc Bourcier, puisqu’il s’agit de « la seule rivière au Québec où on peut pêcher au centre-ville », lance-t-il fièrement.

Pascal Desrosiers, le chef d’équipe à La Hutte, avec Mario Fauteux, l’administrateur représentant le président de la Régie intermunicipale du Parc régional de la Rivière-du-Nord et le conseiller municipal de Saint-Jérôme pour le district 10 – photo : Nicolas Michaud
Le responsable chez Pisciculture Kenauk Hatchery avec Ronald Raymond qui présente un beau spécimen à Alain François – photo : Nicolas Michaud

Caché sous la végétation du talus près du pont Vanier, un sac réutilisable
qui semble contenir un matelas de fortune – photo : Nicolas Michaud

print