Quand Ravel rencontre Gershwin

Ils nous ont tenu sur le bout de nos chaises

Sylvie Prévost – Concert exceptionnel : seulement un piano et quatre mains, mais un son d’orchestre complet !

Ravel et Gershwin avaient l’un pour l’autre beaucoup d’admiration, tout en étant très différents dans leur tempérament et leur expression musicale. Le premier, aérien, raffiné, tout en nuances, le second vigoureux, audacieux, prenant rythme et mélodies à bras le corps. Ils se rejoignent pourtant dans la lumière solaire qui baigne leur œuvre respective et dans laquelle on peut entendre la traduction d’une certaine volupté. C’est tout ça, et plus encore, que nous ont donné Rosemarie Duval-Laplante et Jean-Michel Dubé.

Ces pianistes se situent tous deux bien au-delà des problèmes techniques. La difficulté des croisements de main, l’analyse de la superposition des mélodies/contre-chants/accompagnements, la synchronisation des tempi et des variations de volume sonore, etc., tout ça est bien réglé. Ils respirent ensemble, bougent à l’unisson, vivent conjointement la musique, s’entendent parfaitement sur l’interprétation. C’est une harmonie de tous les instants. 

L’habileté de l’un concorde avec celle de l’autre : souplesse du son, douceurs extrêmes, endiablé des rythmes, équilibre musical parfait dans le jeu des mains gauche et droite. Les pleins et les déliés, si je peux dire, sont en parfaite connivence. Par la variété des touchers et des attaques, ils nous ont donné à entendre tout un arc-en-ciel orchestral. L’éclat des percussions, la transparence de la harpe, le soutien des cordes, les exclamations des cuivres, tout y était et on entendait chacun apporter sa brique à l’expression musicale. On en a vu de toutes les couleurs ! Même Fauré, prédécesseur plus académique, s’est paré sous leurs doigts d’or, de bleus, de violets évocateurs. 

Évidemment, les pièces présentées ont été arrangées pour quatre mains. À ce chapitre, les musiciens ont su traduire la sève de chaque pièce. Il faut souligner en particulier le travail somptueux de Guy Campion dans Porgy and Bess.  

Un concert éblouissant !

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Le samedi 29 avril 2023 : Quand Ravel rencontre Gershwin

Rosemarie Duval-Laplante et Jean-Michel Dubé, piano à quatre mains.

M. Ravel : Ma mère l’Oye; G. Gershwin : 3 préludes (arr. Gregory Stone), Porgy and Bess (arr. Guy Campion), Girl Crazy (arr. Guy Campion); G. Fauré : Pavane, Suite Dolly; A. Mathieu: Concerto de Québec (arr. Louis-Dominique Roy); G. Gershwin : Rapsody in blue (arr. Henry Levine).