Bonheurs de lecture

Une lecture décevante

Valérie Lépine – Tiens, tiens… Le numéro un de Mikhaïl Chevelev : un thriller à saveur politique qui se passe en Russie. Voilà une proposition qui semblait intéressante. La lecture des premières pages a malheureusement vite fait de briser cet engouement. Et la suite du récit n’a fait que confirmer la déception.

Moscou, 1984. Vladimir Kapovitch, un étudiant russe, tente de faire un peu d’argent en revendant sur le marché noir des pneus neufs. Il se fait prendre par la police et, pour éviter des conséquences fâcheuses pour lui-même et sa famille, il signe un papier que lui remet un homme du KGB. Un malheureux papier qui aurait dû finir aux oubliettes, mais qui viendra miner sa vie bien des années plus tard.

Ainsi commence le livre Le numéro un écrit par le journaliste d’opposition russe Mikhaïl Chevelev. À travers les aléas de la vie de Vladimir, l’auteur veut clairement critiquer les forces sinistres qui gouvernent son pays depuis la fin du communisme. Corruption, pots-de-vin, coercition, blanchiment d’argent, chantage, exécutions sommaires, censure, surveillance tous azimuts. Chevelev a pris tous ces éléments qui gangrènent la Russie et a tenté d’en faire un thriller centré autour du sort de Vladimir, cet homme un peu naïf et surtout opportuniste qui voit sa vie basculer plus d’une fois à cause des secrets qu’il détient concernant les transactions douteuses dont il a été témoin durant son emploi dans une compagnie financière moscovite.

Mais, malgré que bien des éléments soient réunis pour faire de ce roman un bon suspense à saveur politique, Chevelev n’a pas réussi à bâtir un récit crédible. L’intrigue est cousue de fil blanc, les dialogues, stéréotypés, les personnages, unidimensionnels et leurs sentiments, sans nuances. Bref, c’est un roman qui tombe à plat. Dommage. On était en droit de s’attendre à plus de la part d’un journaliste dont la majeure partie de la carrière a été passée à couvrir les guerres qui ont eu lieu après l’effondrement du bloc soviétique. 

Le numéro un, Mikhaïl Chevelev, Gallimard, 2023, 168 p.

Note : Envie d’un bon thriller politique? Je vous suggère la trilogie de L’emprise de Marc Dugain. Une enquête de meurtre se métamorphose en une analyse grinçante des arcanes du pouvoir en France. Bien écrit, se lit d’un trait.