La croisée des chemins

Le dimanche 26 mars 2023 : Cordâme présente Déesses – Compositions de Jean Félix Mailloux Guillaume Martineau, piano; Marie Neige Lavigne, violon; Jean Félix Mailloux, contrebasse; Sheila Hannigan, violoncelle; Mark Nelson, percussions et Éveline Grégoire-Rousseau, harpe. – Photo : Serge Pilon
Sylvie Prévost
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Cordâme arpente un monde musical

Sylvie Prévost – Ensemble tout à fait original, Cordâme arpente, pour notre plus grand plaisir, un monde musical unique, hybride entre le classique, le jazz, et la musique traditionnelle de différents pays.

Ce sont six musiciens chevronnés qui ont ainsi présenté des compositions nouvelles et d’autres, tirées de projets précédents. Au piano, Martineau est comme toujours irréprochable. Il comprend si bien sa musique qu’il rend lumineux les labyrinthes les plus obscurs. Les percussions de Nelson sont juste à propos, jamais excessives, toujours dans le flot musical ambiant. Le violon, la harpe, l’agile violoncelle sont excellents, et la contrebasse de Mailloux coud d’un fil d’Ariane toute la structure sonore.  

En l’absence regrettée d’un programme, j’ai peine à parler de pièces particulières. Disons que l’ensemble du spectacle nous laisse avec l’impression d’avoir beaucoup voyagé, d’avoir entendu une foison d’ambiance. On entend tantôt des gouttes d’eau tomber calmement d’un toit et qui nous emmènent dans une atmosphère un peu hypnotique, presque « japonisante ». Une autre pièce, au début chaotique, s’organise peu à peu autour du piano et s’apaise. 

La plupart des compositions sont ensoleillées, riantes. On y reconnaît l’humour dont fait preuve le compositeur, qui fait aussi office de présentateur. La relation entre les titres – c’est-à-dire le nom d’une déesse, et la musique gagnerait à être davantage expliquée. Du moins, connaître les accomplissements ou la personnalité de chacune pourrait nous éclairer un peu. Par exemple, Héra est surtout connue pour sa jalousie maladive. La pièce nommée en son honneur commence par une marche tranquille qui m’évoque davantage Perséphone voyageant périodiquement du monde des enfers à celui d’au-dessus. Elle accepte son sort, sagement, mais ne manque pas de personnalité. Elle représente la fécondité de la terre et des femmes, le renouveau après la noirceur. Par contre, Athéna, dont Mailloux nous a énuméré les attributions diverses, est bien illustrée par différents tableaux astucieusement assemblés. 

Jamais choquante, toujours surprenante; jamais triste, toujours agréable; jamais ennuyante, toujours fascinante; la musique proposée par Cordâme ne laisse pas de nous captiver en toute amabilité.

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