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Programme de gestion du risque
Anthony Côté – Une tâche ardue qui revient aux gestionnaires de sentiers de plein air : mettre en place un programme de gestion du risque. On peut classer en deux groupes les risques d’accident dans les sentiers de plein air : ceux inhérents à l’activité de plein air et ceux causés ou aggravés par l’aménagement ou le mauvais entretien des sentiers.
Selon Wikipédia, le processus de gestion du risque est « la discipline visant à identifier, évaluer et hiérarchiser les risques liés aux activités d’une organisation ». Elle a pris son plein essor dans les années 60 et elle est très appréciée des firmes d’assurances. Appliquée aux sentiers de plein air, elle constitue un outil indispensable pour réduire la gravité d’accident, éliminer les risques inacceptables et réduire les coûts des assurances responsabilité.
L’Association pour le développement des sentiers de vélo de montagne au Québec (ADSMQ) propose un programme de gestion du risque en 16 points pour les gestionnaires de sentiers. Établir une politique d’aménagement, d’inspection et d’entretien sont en tête de liste. La partie la plus difficile et qui demande beaucoup d’introspection pour les concepteurs des sentiers est l’identification de tous les dangers et les risques d’accident associés. Maintenant il faut faire le tri pour établir lesquels sont inhérents à l’activité et lesquels sont des problèmes associés à l’aménagement ou au design du sentier. Par la suite, la question capitale est : quels sont les risques d’accident inacceptables ? Pour ce faire, l’ADSMQ et l’International Mountain Bike Association (IMBA) énumèrent une série de précautions à prendre dans l’aménagement d’un sentier de vélo de montagne pour ne pas qu’il devienne un « piège » (un risque inacceptable inévitable) ou encore pour ne pas aggraver les blessures lors d’une chute (une chute étant un risque inhérent à l’activité). Une règle d’or est de toujours donner le choix aux cyclistes de contourner le défi technique par une voie de contournement (le fameux « chicken pass »). Ou encore, laisser aux cyclistes un choix de dernière minute : ne pas faire un « jump » (saut), mais plutôt le « rouler » à vitesse réduite sans que les roues du vélo ne quittent le sol. Dans l’aménagement d’un défi technique, une zone de chute doit être prévue : un espace sans encombrant à proximité de l’épreuve (arbres, souches, roches, etc.) qui pourrait aggraver les conséquences d’une chute.
Les sentiers multiusagers apportent leur lot de risques. Les intersections avec une arrivée en pente descendante peuvent occasionner une collision si un cycliste dans cette arrivée ne réussit pas à freiner à temps devant des randonneurs traversant l’intersection. Le problème est semblable pour un fondeur arrivant en vitesse dans une intersection où circulent des raquetteurs. Ici, il est toujours préférable de limiter le nombre d’intersections. Avec des sentiers existants, les choix sont limités : modifier l’arrivée du sentier dans l’intersection pour éliminer la pente descendante ou déplacer l’intersection pour la même raison. Une descente avec une courbe aveugle dans un sentier bidirectionnel est risquée tant pour les fondeurs en hiver que pour les cyclistes en été. D’où l’importance d’une signalisation efficace pour avertir les usagers de porter leur attention à ce qui vient.
S’ajoute au programme, la classification des sentiers par degré de difficulté, annoncer et mettre en pratique des règlements et préparer un plan d’urgence en cas d’accident. Les services d’incendie municipaux sont mis à contribution dans ce plan. Et encore, il est nécessaire de conserver systématiquement les dossiers et élaborer un système d’analyse d’accidents pour établir si la cause de l’incident est une maladresse de l’usager ou un problème de sentier. Viennent ensuite les étapes de former une équipe d’entretien et la mise en place d’une patrouille dans les sentiers. Du même coup, cette dernière peut faire l’inspection des éléments construits et de la dégradation du sentier. Pour terminer, il faut souscrire une police d’assurance responsabilité et trouver un consultant externe pour valider le programme mis en place et surtout… confirmer les risques acceptables dans les sentiers. Le risque zéro n’existe pas !