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Et son pays imaginé, un documentaire
Gleason Théberge – Avant celui de J.-Pierre Roy et André Néron sur son pays imaginé, projeté récemment au cinéma Pine, Jacques Parizeau a été le sujet de deux autres documentaires, auxquels le plus récent répond avec une vision surtout centrée sur ses interventions politiques.
Le premier documentaire, de 58 minutes, réalisé par Francine Pelletier en 2003, s’intitule Monsieur. L’appellation respectueuse révèle la teneur d’une présentation un peu distante ouvrant sur l’intimité du personnage et plaçant dans l’ombre ses réalisations. Le deuxième, de 118 minutes, tourné par Marquise Lepage, appelé L’homme derrière le complet trois-pièces, offre davantage d’informations sur ses réalisations de l’économiste, toute sa vie au service de son pays. La réalisatrice, laurentidienne, m’avouait d’ailleurs récemment avoir dû avant le tournage, rassurer l’homme, que le précédent documentaire avait déçu. Produit en 2006, très beau visuellement, le film offre des archives inédites, des commentaires de ses proches, et dévoile, entre autres, son romantisme et son humour. Parizeau y raconte avec beaucoup d’esprit quelques ingéniosités de son cru, ainsi que le fameux voyage en train, effectué d’un bout à l’autre du pays et qui a transformé le fédéraliste qu’il était en indépendantiste. Un film produit par Pixcom, que Radio-Canada devrait rediffuser.
Jacques Parizeau et son pays imaginé
Dans le récent documentaire de 1 h 55, Jacques Parizeau et son pays imaginé, des témoignages de personnalités publiques québécoises qui l’ont connu entrecoupent des documents d’archives mettant en scène l’homme politique pour en exposer les idées. Les cinéastes Roy et Néron insistent sur sa logique qu’un véritable essor économique du Québec ne se ferait qu’avec notre indépendance. Pour cet économiste qui aurait pu avoir une carrière internationale, il fallait voir à hausser le niveau d’éducation au pays, se doter d’institutions comme la Caisse de dépôt et placement, et tout faire en fonction du grand objectif d’assurer une justice sociale pour tous en assumant pleinement nos droits.
Le film fait appel à ses propos de diverses époques, présentés de façon espacée, entre autres, par des témoignages de respect de grands intervenants comme Jean Campeau, co-président avec Michel Bélanger d’une commission qui s’est penchée sur l’avenir du Québec en 1990, ou Claude Béland, longtemps président du Mouvement Desjardins. Ce sont ainsi les escales du voyage méthodique et audacieux vers le pays imaginé que le documentaire précise. Les révélations de Marie-Josée Gagnon, son attachée politique, leur ajoutent sa noblesse, la confiance qu’il accordait à ses proches et sa préférence à convaincre plutôt qu’à séduire.
Sur le plan visuel, la sobriété domine et de délicats ralentis terminant les documents d’archives permettent aux spectateurs de laisser mûrir les propos avant les commentaires qui suivent. À mon avisi, personne n’a besoin d’être déjà convaincu de la validité du projet de Jacques Parizeau pour pouvoir apprécier un documentaire qui rappelle si bien la nécessité d’avoir un vrai projet social pour mériter d’une nation aux prises avec des problèmes trop souvent gérés au quotidien.