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La femme derrière deux pharmacies
Normand Gosselin – Annie Bélanger possède et exploite elle-même les deux pharmacies Jean Coutu de Prévost. En rencontrant cette toute petite femme, vient à l’esprit tout naturellement l’expression dans les petits pots les meilleurs onguents. Et dès qu’on discute un peu avec elle, on découvre une Grande Femme; tout un plaisir de lui parler et de parler d’elle à quelques semaines de la Journée internationale des femmes. Comme on dit familièrement : il y en a dedans !
Elle est devenue propriétaire de pharmacie il y a maintenant 10 ans. L’une de ces pharmacies est une classique selon les normes de Jean-Coutu, soit plus de 10 000 pieds carrés – c’est celle située à l’entrée sud de la ville, près du Clos Prévostois. L’autre est une pharmacie dite Santé-beauté, située dans le secteur Shawbridge, beaucoup plus petite et offrant moins de produits de tous ordres, concentrée sur la santé et les cosmétiques. Les deux entreprises comptent un total d’un peu plus de 80 employés, dont huit pharmaciens en plus de madame Bélanger. Pourquoi deux pharmacies plutôt qu’une seule ? Parce que c’était le « package deal » que le groupe Jean Coutu lui offrait.
Originaire d’une petite localité de la Mauricie, Annie Bélanger a souffert d’une importante maladie à l’âge de 12 ans. C’est dès ce moment que la volonté de travailler en santé s’est ancrée en elle. Après mûre réflexion, c’est la pharmacologie qui l’a emporté. Se sortir de ce pétrin et en venir à avoir la vie qu’elle a aujourd’hui lui fait dire tout de go qu’elle a une bonne étoile. Il y a donc 26 ans maintenant qu’elle pratique cette profession avec une passion qui a installé un soleil dans ses yeux. Elle a entrepris sa carrière en représentant des entreprises pharmaceutiques, pour ensuite travailler au siège social du groupe Jean Coutu, alors situé à Longueuil; elle a décidé de réorienter sa carrière lorsque le siège social est déménagé à Varennes.
Les défis
Comme en toutes choses, posséder deux pharmacies apporte son lot de défis à relever. La pandémie de COVID-19 en a été un creuset de premier ordre. Entend-on parfois qu’il y a présentement pénurie de personnel un peu partout ? Poser la question c’est y répondre. La pénurie de médicaments est encore pire. Manquer de personnel oblige ceux et celles qui sont en poste de travailler plus d’heures; manquer de médicaments, ce qui est le cas actuellement, est encore plus difficile à accepter pour quelqu’un qui a choisi de consacrer sa vie à soulager les malaises des autres.
En lui demandant de parler de ses pharmacies, c’est immédiatement l’amour de ses employé.es qui prend le haut de ses priorités; pas surprenant qu’elle les considère davantage comme des collègues de travail plutôt que comme des employé.es au sens commun du terme. Elle ne cesse de parler de son équipe développée à partir de l’équipe expérimentée de l’ancienne pharmacie Proxim, des femmes qui connaissent la clientèle qu’elles servent depuis des décennies.
« Elle est vraiment la meilleure patronne que j’ai eue de toute ma vie »
Les bons mots prononcés à son égard proviennent justement de son personnel d’abord, puis de la clientèle composée d’une part d’ainé.es, et d’autre part de familles. Une des infirmières à son emploi a un jour mentionné : elle est vraiment la meilleure patronne que j’ai eue de toute ma vie. Et ce qui touche profondément madame Bélanger, ce sont les lettres de remerciements, de reconnaissance, qu’elle reçoit à l’occasion de la part de ses client.es. Une anecdote révèle assez bien pourquoi sa clientèle l’apprécie autant : un jour, un jeune homme autiste de Prévost a été reçu de façon inadéquate dans une succursale du groupe Jean Coutu d’une grande ville du Québec. Les parents du jeune homme ont raconté, tout bonnement sans arrière-pensée, cette aventure à Annie Bélanger. Elle n’a fait ni un ni deux, elle a eu le cran de téléphoner au pharmacien en question sans se soucier qu’elle pourrait bien être blâmée pour ce geste, et peut-être même être mise au pilori pour autant, et lui a indiqué sans détours la façon d’accueillir et de parler à un autiste. Fallait le faire !
« Taxi mom »
Dans la vie de tous les jours, Annie Bélanger et son conjoint des 26 dernières années sont des « taxi mom » et « taxi dad » pour leurs deux ados, une fille de 13 ans qui s’adonne à la natation de compétition, ce qui amène aussi maman à coudre des brillants et des perles sur des costumes de bain; l’autre ado est un garçon qui entrera au cégep à l’été et qui est un passionné de hockey, dans le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). L’oisiveté est complètement absente de cette famille.
Discuter avec elle à la fois de sa passion pour sa profession et de la vie en général donne le goût d’ajouter une branche à notre arbre généalogique, de se créer une p’tite sœur de plus. Oui, il est facile de tomber en amour fraternel avec celle qui considère sa profession d’abord et avant tout comme « un métier de cœur ».