Élisabeth Pion

Elisabeth Pion au piano – photo : Serge Pilon
Carole Trempe
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Innovatrice et inspirante !

Carole Trempe – Dans la série Jeunes virtuoses présentée par Desjardins Caisse de la Rivière-du-Nord, Diffusions Amal’Gamme proposait le 15 janvier 2023 Elisabeth Pion dans Visions révélées à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost. Une pianiste sensationnelle et bien de son temps.

Dès son entrée sur scène, elle démontre beaucoup d’aplomb. Elle s’exprime avec aisance et fluidité. Nous rencontrons une très belle personne. Elle aime son public et nous sommes immédiatement conquis et bien disposés à faire le voyage musical qu’elle nous propose.

Cette artiste est complète. D’ailleurs, c’est ce vers quoi tend sa génération : être complet. Et cela suscite beaucoup d’espoir pour nous tous ! 

En effet, Elisabeth se développe en tant que personne tout autant qu’en tant qu’artiste pianiste. En lisant sur son parcours – ma foi, déjà fort exceptionnel – ou en écoutant les balados – on apprend sur ses intérêts pour la relève, la littérature, la poésie, l’écriture, le Tai Chi. Sa démarche mène au développement de la Pleine Conscience au sens de l’Intelligence émotionnelle. Cela fait d’elle une artiste présente, engagée socialement et dans la communauté artistique, ouverte à apprendre et à faire autrement, généreuse dans toute son expression, généreuse, aussi de son temps, à l’écoute de l’autre, chaleureuse et souriante. Sans omettre son immense talent. Elle est tournée vers l’innovation, vers de nouvelles pratiques pour notre plus grand bonheur.

Elle nous amène ailleurs. Elle divise son programme en deux parties, la première allemande, la seconde française. Se réservant les œuvres dites plus traditionnellement classiques comme pièces de résistance, elle nous fait découvrir un répertoire d’œuvres composées par les femmes – traitées inéquitablement – qu’elle qualifie de perles. Fanny Hensel Mendelssohn – Lied fur klavier op.8 no 1, Hélène de Montgeroult (1764-1836) compositrice et pianiste dans Études no 26 & no 111, Mel (dont le véritable nom est Mélanie-Hélène) Bonis et – Femmes de légende illustrant un tableau des sept femmes de Shakespeare. Elle partage avec nous son intérêt pour la musique classique féminine qu’elle souhaite faire découvrir à un large public, malgré le défi que représente la recherche des partitions des œuvres. Elle approfondira ses recherches dans le cadre de ses études à Londres. 

Elisabeth est une passionnée. Le programme de ce concert était à son image. Elle a interprété la Sonate Appassionata de Beethoven avec lyrisme, noirceur, tension, folie, complexité, fougue et intelligence. Sensations fortes garanties. Le Shubert/Liszt – Auf der Wasse zu singen & Erlkonig sur des poèmes de Goethe transcrits par Liszt pour piano, traduit son grand sens du lyrisme. Le répertoire français a mis en évidence sa tendresse et sa sensibilité. Ses intentions au sujet des longues phrases ont dévoilé un raffinement naturel. On en oublie les innombrables heures de technique derrière cette prestation.

Elisabeth porte en elle l’espoir d’une élaboration d’artistes sensibles qui osent varier leurs expériences et être en tant qu’artistes les personnes qu’ils sont réellement. Libres, riches, inspirés et porteurs d’espoir pour nous. Des artistes complets.

Je laisse le mot de la fin à Aristote : « Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas un acte, mais une habitude. »

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