La vie avec Janelle Fung

janelle fung - journal des citoyensJanelle Fung au piano – Photo Serge Pilon
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Une pianiste à la signature unique

Carole Trempe – Dans la série Les Grands classiques présentée par Hydro-Québec, Diffusions Amal’Gamme recevait le samedi 12 novembre 2022, à la salle de spectacle Sant-François-Xavier de Prévost, la pianiste Janelle Fung dans Fêtons la vie. Une pianiste virtuose et très expressive dont l’histoire d’amour avec son instrument débute dès l’âge de 4 ans.

À 14 ans, elle fait ses débuts professionnels avec l’Orchestre Symphonique de Vancouver com-me soliste. Lauréate de plusieurs prix, elle a donné des dizaines de concerts sur les 5 continents.

Le répertoire proposé pour cette édition de Fêtons la vie était pour un public averti. Heureusement, cette grande artiste a favorisé notre compréhension en donnant de courtes explications fort appréciées. 

Le concert s’est ouvert avec Les moutons peuvent paître en paix BWV208 J. S. Bach, arrangement Egon Petri. Cette œuvre fait partie des cantates profanes de Bach. Dans cette délicieuse pièce à caractère bucolique, on pouvait entendre cabrioler les brebis grâce au jeu nuancé de la pianiste. Après, elle nous propose Children’s Corner une suite en six mouvements pour piano seul de Claude Debussy. Cette suite est dédiée à sa fille de 3 ans Claude-Emma : « À ma chère Chouchou avec les tendres excuses de son père pour ce qui va suivre ». Chacun des six mouvements a un titre anglais pour faire un clin d’œil à la gouvernante anglaise de Chouchou : Doctor Gradus ad Parnassum, Jimbo’s Lullaby, The Snow Is Dancing, The Litte Shepperd, Golliwog’s Cake-Walk. Cette œuvre d’une quinzaine de minutes, nous fait apprécier l’indépendance des doigts expérimentés de la pianiste. Expressive et enjouée, la virtuose passe de la berceuse aux moments sombres avec une agilité évidente. Techniquement difficile, cette suite nécessite un jeu précis à deux mains avec la mélodie entre elles. Remplie d’humour et de clins d’œil musicaux, Janelle porte les mouvements avec éclat et vivacité.

La deuxième partie présente Carnaval, Op. 9 de Robert Schu-mann. Un recueil de petites pièces pour piano dédiées à sa fiancée Ernestine von Fricken. On retrouve l’atmosphère d’un bal masqué présentant une succession de visions brèves et fantastiques. Les pièces introduisent une galerie de personnages agissants sous le masque et qui se croisent, se rejoignent, se séparent. Apparaissent également des compositeurs : Chopin et Paganini dont Schumann admire le génie. Le recueil s’ouvre avec Préambule un thème majestueux qui annonce l’arrivée des invités. Nuance fortissimo avec de nombreux accents, puis vient une valse et soudain le rythme s’accélère et le bal est effréné ! Pierrot et Arlequin inspiré de la Commedia Dell’arte ont des caractères distincts. Pierrot est un rêveur, sa pièce revêt un caractère mélancolique dans une nuance très douce. Arlequin est gai et facétieux, son thème est caractérisé par des notes courtes et piquées. Eusebius et Florestan deux personnages représentant la double personnalité de Schumann dans leur opposition : le premier poétique et sensible, l’autre franc et passionné. D’autres invités sont brillamment et musicalement décrits par la pianiste qui s’exprime avec délicatesse, sensibilité, passion et fougue. Dans certaines phrases, elle réussit avec brio à retranscrire la virtuosité diabolique du compositeur.

Janelle Fung une pianiste dont la signature est unique tant par sa vision des œuvres interprétées que par la texture si particulière de son jeu.

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