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Un événement qui a marqué notre imaginaire collectif
Daniel Machabée – Pour certains, la Crise d’Octobre est un profond traumatisme. Comment, dans notre société démocratique, en arrive-t-on à des enlèvements politiques de nature terroriste ? Comment un gouvernement peut-il suspendre les libertés individuelles au nom de la sécurité d’État ? Quoi qu’on en dise avec un demi-siècle de recul, cet épisode rocambolesque de notre histoire est profondément ancré dans notre imaginaire collectif. Retour sur cet événement marquant de notre histoire qui se conclut le 28 décembre 1970.
Les enlèvements politiques
La population en général était en grand désaccord avec les méthodes employées par le FLQ, quant à l’utilisation des bombes et de la violence. Les Québécois sont un peuple résolument pacifique et l’ont souvent prouvé dans le passé lors des crises sur la conscription obligatoire notamment. Quand la crise se déclencha le 5 octobre 1970 avec l’enlèvement du représentant économique de la Grande-Bretagne, James Richard Cross, la sympathie du public francophone québécois était pourtant acquise au FLQ. Avec toute l’effervescence des revendications nationales de l’époque, avec la prise de conscience de leur infériorité économique, les francophones reconnaissaient que cet enlèvement était un puissant symbole de leur infériorité. Par contre, lorsque les felquistes enlevèrent le ministre Pierre Laporte, le vent de sympathie du public envers la cause des ravisseurs changea drastiquement. On vit là un geste désespéré de la part des felquistes et le public n’adhéra plus à cet esprit terroriste pour faire avancer leurs inspirations.
Le Manifeste du FLQ et son impact
La lecture et la diffusion du Manifeste du FLQ écrit par Jacques Lanctôt et André Roy sur les ondes de CKAC et ensuite de Radio-Canada a-t-il réussi son but, soit de sensibiliser le public à l’infériorité économique des francophones en appelant le peuple à une certaine révolution ? Il a été noté que plus de 50 % des appels faits aux médias par le public après la lecture du Manifeste furent en faveur de ce qui était mentionné dans le Manifeste. Ce n’est pas anodin, car tout de suite après, le gouvernement fédéral du très « Just Watch Me » Pierre Elliot Trudeau changea de stratégie en préconisant une intervention militaire, car il n’était pas satisfait de la réaction du public à l’égard du FLQ. Et devant la mollesse de Robert Bourassa, il n’hésita pas à promulguer la Loi sur les mesures de guerre qui allait enlever pour un temps les libertés civiques aux Québécois.
Dans notre imaginaire collectif, voilà l’événement qui a le plus frappé les esprits. Sans préavis, de nombreuses personnes se sont retrouvées emprisonnées pour leur opinion politique, leur fréquentation ou leur association. La police entrait chez les gens sans sommation et sans mandat, scénario digne de la Gestapo. Des professeurs furent arrêtés en plein cours ! L’armée, qui veillait à ce que le couvre-feu soit respecté, n’était composée que de soldats anglophones. La GRC entra avec effraction dans les locaux du Parti québécois pour voler la liste des membres et des sympathisants. 50 ans plus tard, nombreux sont ceux qui attendent encore les excuses du gouvernement fédéral.
Des excuses qui se font attendre
Davantage que la Crise d’Octo-bre, la Loi sur les mesures de guerre fut un épisode marquant de notre histoire et la blessure sociale est toujours profonde. Notre cher Premier sinistre , fils de monsieur « Just Watch Me », dans sa grande promptitude à verser une larme sur n’importe quoi de futile pour se faire du capital politique, a eu une occasion en or lors du 50e anniversaire de la Crise d’Octobre de présenter ses excuses au nom du gouvernement fédéral aux victimes qui ont été malencontreusement emprisonnées contre leur gré. Certaines familles attendent encore des compensations financières promises. Ne serait-il pas temps de tourner la page et d’admettre que tous les torts en reviennent à l’intransigeance du gouvernement fédéral quant aux aspirations nationalistes des francophones ? Dans l’optique où la reconnaissance des deux peuples fondateurs se fait sur une base juridique, économique et constitutionnelle, qu’attend le gouvernement fédéral pour corriger son attitude hautaine, mesquine et antidémocratique envers un des peuples fondateurs de ce pays ? La réponse ? Il attend tranquillement que notre mémoire collective oublie et qu’on se résigne à subir comme on l’a toujours fait depuis 1759.