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Une bibliothèque pour Sainte-Anne-des-Lacs
Marie-Andrée Clermont – Le soir, mes parents s’installaient au salon pour se plonger dans des livres en écoutant de la musique. Mon père interrompait parfois sa lecture pour fredonner un air qu’il connaissait… Mais ma mère ne levait jamais les yeux de son bouquin. Elle adorait les romans. Mon père préférait la non-fiction.
Les dictionnaires étaient à l’honneur chez nous. L’Encyclopédie de la jeunesse trônait sur les tablettes. Je m’en suis régalée dès que j’ai su lire, entre deux romans de la Comtesse de Ségur.
Puis, un jour, ô merveille ! j’ai découvert la bibliothèque du quartier. Ma mère s’y approvisionnait régulièrement et je la suppliais d’attendre que je sois rentrée de l’école pour l’accompagner. Le monde s’ouvrait à moi. J’ai dévoré les collections multicolores… bibliothèque verte, rose ou bleue, romans noirs, drames de guerre, histoires de détectives, aventures périlleuses, signes de piste… La bibliothécaire a fini par me connaître. Parfois, lorsque j’arrivais, elle me faisait signe : elle avait mis tel livre de côté pour moi. La fois d’après, elle me demandait ce que j’en avais pensé. Elle devinait ce qui élargirait mes horizons… la poésie, les œuvres classiques, les biographies… elle nourrissait mon appétit insatiable.
Plus tard au collège, combien d’heures j’ai passées à la bibliothèque, installée à une table jonchée de dictionnaires, d’atlas et d’ouvrages de référence pour documenter un devoir, une dissertation ! Au cours de ma carrière, cette pratique m’a été fort utile : je fréquentais assidûment la bibliothèque pour fouiller les sujets que j’abordais dans mes traductions et autres écrits ! Et jamais je n’ai arrêté de lire. Je dévore encore les livres avec autant de jouissance. La lecture m’a d’ailleurs permis de passer à travers l’isolement imposé par la pandémie.
Nous avons à Sainte-Anne-des-Lacs une bibliothèque
bien sympathique, mais petite
Depuis plusieurs années, il est question d’en construire une plus grande, adaptée aux besoins d’aujourd’hui. Des subventions sont possibles, tant au provincial qu’au fédéral, mais chaque fois qu’une subvention est obtenue, un problème survient qui empêche la Municipalité de bénéficier de cette aide financière. Depuis quelques mois, les Amis de la bibliothèque ont rencontré la mairesse Catherine Hamé, la conseillère Helen Morrison et le conseiller Louis Dupuis pour leur exprimer leur rêve – une bibliothèque troisième lieu (voir La bibliothèque, un lieu essentiel dans un milieu vivant sur le site web du journal). Nos élus nous ont affirmé avoir l’intention ferme de construire un jour une bibliothèque de type agora qui devienne un espace de rencontre et de socialisation, un lieu de création, le cœur culturel du village, un endroit assez vaste pour permettre des usages multiples, tels ateliers de discussion, rencontres culturelles…
Mais voilà que des voix discordantes soulèvent des doutes. Est-ce qu’on peut, ici à Sainte-Anne-des-Lacs, se permettre une nouvelle bibliothèque ? Et au fait, pourquoi est-ce si important d’avoir une nouvelle bibliothèque ? Ce qui nous ramène à la case départ.
Pour ma part, j’ai des réponses à ces deux questions. Et vous ?