Les 100 ans de René Lévesque 

Journal des citoyens- René Lévesque
Daniel Machabée
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Le 24 août marquera le 100e anniversaire de naissance de René Lévesque

Daniel Machabée –  Les commémorations, commencées au printemps, dureront toute l’année aux quatre coins du Québec. Il est inutile de rappeler l’immense contribution de René Lévesque au Québec, autant en tant que journaliste, que ministre et premier ministre. Il a joué un rôle fondamental dans notre prise de conscience politique. Son héritage politique si immense : nationalisation de l’hydro-électricité, assainissement des mœurs du financement politique, loi 101, création de la SAAQ, loi sur le zonage agricole, et bien d’autres.

À l’instar de Napoléon en France, on ne compte plus les livres, les ouvrages ou les articles dont il est le principal sujet, à commencer par Option Québec, jusqu’aux livres récents sur sa vie, en passant par ses propres mémoires Attendez que je me rappelle. Par sa simplicité et sa proximité envers le peuple, tout le monde pouvait s’identifier à lui. Par son sens inné de la vulgarisation, il a permis à de nombreuses personnes de comprendre des sujets compliqués avec des émissions comme CarrefourPremier PlanLa revue de l’actualité et Point de mire

Par son charisme et sa détermination, il a imposé sa vision politique au détriment de longues amitiés sacrifiées : Jean Marchand, Gérard Pelletier, entre autres. Il s’est souvent braqué contre les injustices sociales (la grève de Murdochville, la grève de Radio-Canada), toujours prêt à défendre les droits historiques des minorités sans dénaturer ce qu’il voulait pour l’avenir de son peuple. Il s’est longtemps battu, souvent seul, contre vents et marées, dans ses propres partis politiques, afin de démocratiser et de crédibiliser l’idée d’indépendance du Québec. 

Aucun autre homme n’a laissé ni les Québécois et ni les Canadiens indifférents comme lui l’a fait, même 35 ans après sa mort prématurée. On dit que la cigarette l’a tué; d’autres sources indiquent que les multiples déceptions politiques et la trahison du Canada anglais après la Nuit des longs couteaux de 1981, qui a mené au rapatriement de la Constitution (voir autre texte), sont la cause de sa mort. 

Je n’ai jamais rencontré René Lévesque. Mais je me souviens de la journée de sa mort le 1er novembre 1987. Je prenais l’autobus pour aller à l’école et tout le monde en parlait. Je venais d’apprendre son dé-cès. À l’école, malgré mes 13 ans, je constatais qu’il y avait beaucoup de tristesse, un grand deuil. Plus tard, à la maison, c’était solennel, mortuaire. Je me souviens d’avoir entendu mon père pleurer, lui l’homme de pierre, l’homme inébranlable qui n’admettait pas d’étaler ses sentiments devant quiconque. 

Aucun autre Québécois, même si Félix Leclerc et Maurice Richard s’en approchaient, ne reçut autant d’éloges lors de ses funérailles nationales. On eût dit que le peuple au complet était présent. Je comprenais maintenant ce que sa mort signifiait. Il est d’une étrange fatalité qu’elle soit survenue le jour de la fête des Morts!

Cet anniversaire peut être l’occasion de se rappeler l’homme qu’il était, lui qui partageait humblement notre caractère ambivalent et nos faiblesses. Se rappeler ce qu’il fut, se rappeler la dette que l’on a envers lui. C’est également l’occasion de réfléchir à de meilleurs hommages qu’un boulevard qui ne traverse pas Westmount, qu’un bout d’autoroute perdue aux confins de la Montérégie, une circonscription électorale, ou des écoles. L’homme vaut plus que ça. Beaucoup plus que ça. Bon anniversaire, Ti-Poil !

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