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L’œuvre saisissante de Benjamin Von Wong fait bouger les choses
Jacinthe Laliberté – Une grotte cosmique composée de 18 000 gobelets en plastique, une installation de 168 000 pailles usagées ressemblant à la coque de l’arche de Noé échoué (un record Guinness), un placard mesurant 9 mètres et contenant 3000 vêtements. Tels sont les projets d’envergure et quelque peu excentriques de l’artiste photographe, Benjamin Von Wong. Interpeller, influencer, attirer l’attention tel est l’objectif qu’il s’est donné.
Benjamin Von Wong né à Toronto est maintenant installé à Montréal. Il se définit comme un artiste et un activiste. Il est connu mondialement pour ses installations d’art à connotation environnementale et le style hyperréaliste de ses photos.
Défenseur des causes environnementales, son sujet de prédilection est le plastique océanique. Toutefois, la quantité de déchets accumulée dans les centres d’enfouissement a attiré son attention. Il s’est alors donné comme mission d’être le porte-parole de la réduction de la consommation de tout objet plastique et particulièrement, ceux qui sont à usage unique.
Tout d’abord la photographie
En 2013, délaissant un poste d’ingénieur minier, Benjamin opte pour une nouvelle vie en art visuel. Repoussant constamment les limites de la créativité, la photographie devint plus qu’une profession. La passion venait d’apparaître à travers la lunette de son appareil photo.
Ses connaissances en matière d’ingénierie et sa maîtrise de la retouche photo lui permettent d’aller au-delà de l’impossible. Une simple photo devient un montage où la création se mêle à la complexité technique. Il est d’ailleurs mondialement reconnu pour l’originalité de ses photos.
Le robinet, un symbole fort
Longtemps, la photo a précédé l’œuvre, mais la nécessité de créer l’œuvre en premier supplanta, bientôt, la photographie.
« Créer une œuvre dont le but était de faire de la photo devenait du gaspillage. C’est alors que me vint l’idée de créer des installations qui pourraient voyager », de mentionner l’artiste.
Toujours à la recherche d’une idée pour son projet touchant la surconsommation reliée aux objets en plastique, la phrase « Il faut fermer le robinet » qu’il entendait, ici et là, fut l’élément déclencheur pour la création de son robinet.
La conception du robinet
« J’ai toujours de grandes idées, mais je ne sais jamais comment les réaliser. Je dois trouver la personne dont le cerveau est plus technique que le mien. Guillaume est une de ces personnes », explique Benjamin.
De construire et d’imaginer un robinet d’une hauteur de 30 pieds de haut qui lévitait et amovible représentait bien des défis techniques, et ce, autant pour Benjamin que pour Guillaume Briand, technicien en son, photographe à ses heures et concepteur autodidacte.
Une des contraintes était de pouvoir monter et démonter le robinet à l’intérieur d’une même journée pour répondre aux exigences photographiques, dont celle de se rendre sur différents lieux préalablement ciblés pour la prise de photos comme un site d’enfouissement ou une cour de conteneurs dans le port de Montréal.
Une œuvre collective
Ce projet n’est pas seulement l’œuvre d’une personne, mais aussi d’une collectivité, d’une communauté. Les organismes Y’a Quel-Qu’unl’aut’bord du mur (YAM) et la Société de développement commercial (SDC) de Hochelaga-Maison-neuve ont aidé Benjamin pour la cueillette des contenants de plastique faite par les citoyens de ce secteur.
Un tuyau de ventilation réutilisé fut conceptualisé et fabriqué, sur mesure, par un groupe d’artistes artisans. Parents et amis sont venus laver tous les contenants plastiques et fabriquer les guirlandes qui ont permis de reproduire un effet visuel de chutes d’eau authentique.
Des impacts mondiaux
Dès sa conception, le robinet s’est mis à voyager. Cette œuvre d’art a la particularité d’avoir un impact notable partout où elle se trouve, et ce sans que le créateur soit présent. Par exemple, le robinet a été envoyé en France. Par la suite, il a été installé à Toronto devant la Tour du CN et l’Aquarium. Le gouvernement fédéral a utilisé le robinet pour annoncer ses actions concernant l’utilisation de la matière plastique.
Au total, trois robinets ont été construits à la suite de la popularité de la première œuvre. Les demandes fusent de toutes parts. Le premier robinet revient tout juste de Toronto, le troisième est à Miami et le quatrième est dirigé vers Chicago.
Le deuxième robinet, un peu plus important et imposant, d’une hauteur de 40 pieds, a été créé au Kenya, en Afrique, et commandé par l’Assemblée des Nations Unies qui ont, de par ce symbole, conçu un traité relatif à des contraintes sur les plastiques. Ce traité fut signé par 190 pays.
Benjamin a réussi. Le symbole du robinet fait réagir et porte à réflexion. Les instances politiques l’utilisent de plus en plus. Des changements s’opèrent.
« On voit la réaction du public, la quantité de personnes qui interagissent avec le robinet et la fréquence dans laquelle cette œuvre continue d’être utilisée, partagée. Elle fait partie du discours global sur le plastique et fait bouger les instances politiques. Voilà le but que je voulais atteindre avec mon robinet », conclut Benjamin Von Wong.