Soutien pour l’Ukraine

À Saint-Sauveur, la galerie d’art Rod a ouvert ses portes au public pour la soirée d’ouverture de la Rencontre culturelle pour les Ukrainiens – photo : Jacinthe Laliberté
Jacinthe Laliberté
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S’imprégner de leur culture

Jacinthe Laliberté – L’évènement Rencontre culturelle pour les Ukrainiens s’est déroulé les 17, 18 et 19 juin à la galerie d’art Rod de Saint-Sauveur. Avec un peu de retard, le Journal considère qu’il est important de revenir sur l’évènement, car ramasser des fonds pour soutenir les activités d’aide aux ressortissants ukrainiens n’était pas l’ultime objectif de cette soirée. S’imprégner de la culture ukrainienne, rencontrer des artistes et des membres de cette communauté était aussi une façon de démontrer un soutien sincère en ces temps où l’attention de tous est tournée vers ce pays.

La galerie d’art Rod a ouvert ses portes au public pour la soirée d’ouverture de la Rencontre culturelle pour les Ukrainiens. Une réussite non pas seulement par la qualité des œuvres et des interprétations des différents artistes ukrainiens, mais aussi par le nombre de personnes qui ont répondu à l’appel des organisateurs de cet évènement.

La soirée d’ouverture n’était pas, en soi, le seul évènement, les activités prévues au programme se déroulaient sur trois journées. Une programmation bien ficelée a d’ailleurs permis à un public évalué à près de 300 personnes de s’inscrire à des ateliers, de visiter des kiosques et d’assister à des concerts tous offerts par des artistes et des membres de la communauté ukrainienne. 

Au cours de ces trois journées, le public a pu visiter l’exposition de peintures dédiée à l’art ukrainien et celle des photos saisissantes du photographe Serhii Korovayny, basé à Kijivi, et de celles de David Boily, photographe de La Presse. Ces photos, qui ont été prises sur les lieux du conflit, ne pouvaient être plus authentiques.

Une récolte substantielle

Yves Waddell, porte-parole du comité organisateur, a tenu à préciser que tous les profits de cet évènement ont été versés aux fonds d’entraide Ukraine 2022 du COFFRET (Centre d’orientation et de formation pour favoriser les relations ethniques traditionnelles). 

N’ayant pu rejoindre Lyne Chaloux, directrice générale de l’organisme pour obtenir des confirmations relatives à toutes ces activités de soutien offertes aux réfugiés, le Journal a, tout de même, pu, grâce aux organisateurs de l’évènement, recevoir l’information.

Le COFFRET, grâce à la somme d’argent amassé de 11 885 $, pourra participer à l’achat des billets d’avion nécessaires au transport des réfugiés, à leur offrir le gîte, la nourriture et les vêtements qui arriveront dans la région des Laurentides. L’organisme veillera, par la suite, à répondre à leurs besoins fondamentaux.

L’art de la Pysanka

Les ateliers sur l’art de la Pysanka ont attiré nombre de participants. En plus d’y exercer leur dextérité, ils ont pu l’associer au folklore ukrainien.

La pysanka, véritable art populaire, est le résultat d’une longue tradition transmise de génération en génération. L’origine du mot vient du verbe « pyssaty » qui veut dire écrire. Les Ukrainiens dessinaient sur les œufs grâce à la cire d’abeille pour transmettre des messages faits à partir de motifs et de couleurs. Cet œuf devenait, alors, l’outil de transmission de vœux. Comme la pysanka était liée à la fête de Pâques, elle soulignait, aussi, l’arrivée du printemps. Il appert que cet art pratique aussi la patience, puisque pour une personne expérimentée, peindre un œuf peut prendre plusieurs heures. Avis aux intéressés !

Un soutien culturel

Au cours de la soirée d’ouverture, les discours de certains notables furent marquants. Tel fut celui d’Eugène Czolij, consul honoraire de l’Ukraine à Montréal qui démontra que cette guerre, comme toutes les guerres, a un impact indéniable sur les civils. 

Il fit le constat suivant : « Des femmes et des enfants ont quitté leur pays en catastrophe sous les bombes. Il est bien de leur permettre de se rendre plus facilement au Canada. C’est à cette mission que répond justement cet évènement. » 

Une soirée emplie d’émotion et de délicatesse qui se déroula sous le charme d’Olga Trofanova, pianiste des Grands Ballets canadiens. En plus d’accompagner les artistes ukrainiens lors de leur prestation respective, elle joua aussi une de ses compositions  Tentative ukrainienne  accompagnée du violoniste Sergei Trofanov. 

De surcroît, deux auteurs des Laurentides ont participé à cet événement. Bernard Anton, de Prévost, a lu quelques passages de son recueil de poèmes  Lauriers pour l’Ukraine, et Michel Bouvrette, auteur et membre de l’Association des Auteurs des Laurentides, à la fois poète et conférencier, a charmé l’auditoire avec son poème Maman, maman, dis-moi. 

Mamo, mamo skazhy chomu ?

(Maman, maman dis-moi pourquoi ?)

Mamo, mamo

Mamo, mamo

Mamo, mamo

Dis-moi pourquoi

nous marchons depuis des jours

loin de la maison ?

Ma petite Lilia,

l’envahisseur a brandi son orgueil noir

au seuil de notre patrie

il piétine notre étoffe jaune et bleue.

Mamo, mamo

Dis-moi pourquoi

on entend toujours le bruit des sirènes ?

Les oiseaux de feu

fracassent la nuit

déversent l’horreur

sous une pluie d’obus.

Un nuage de poussière et de cendre

couvre les rues

dévastées.

N’aie pas peur

je suis près de toi.

Mamo, mamo

Dis-moi pourquoi

pleures-tu ?

Entre les cris et les lamentations

des familles déchirées

les larmes tracent des sillons

sur les visages meurtris.

Les hommes enfilent

les habits de guerres

les femmes ont le cœur transpercé

les enfants laissent derrière eux

leurs poupées russes.

Mamo, mamo

Dis-moi pourquoi

les hommes jouent à la guerre ?

Du levant au couchant

l’Europe et l’Amérique

se dressent en défenseurs

blanchis par le temps.

Tel des ados

maniant leurs consoles

ils se proclament

gardiens de liberté.

Mamo, mamo

Dis-moi pourquoi

papa n’est plus là ?

Ma fille,

ton père t’aimera toujours

au-delà des flammes

et des sanglots.

Mamo, mamo, skazhy, bud’ laska, shcho shche ne pizno ?

Mommy, mommy, please tell me it’s not too late ?

Maman, maman, s’il te plait, dis-moi qu’il n’est pas trop tard ?

Mamo, mamo

Dis-moi pourquoi

je ne vois plus notre maison ?

l’envahisseur a fait table rase

l’histoire se souviendra de lui

comme on se rappelle de la terreur.

Mamo, mamo

Dis-moi pourquoi

je vole maintenant ?

De l’autre côté de l’océan

il y a des gens

au cœur plus grand que la mer.

Tu verras,

il y aura des sourires et des enfants

pour jouer dans les champs !

Michel Bouvrette 23 mars 2022

modifié Pour l’Ukraine, 17 juin 2022

Texte inspiré par la chanteuse Pauline Julien lorsqu’elle entonne : « Mamo » écrite par Gilles Richer et Marc Gélinas. Ainsi que de Louise Dupré qui a écrit : Plus haut que les flammes, poème qui a été adapté au cinéma par la réalisatrice Monique LeBlanc. Enfin, ce texte est une ode à toutes les femmes ukrainiennes qui combattent actuellement pour leur liberté et la survie de leurs enfants.

Un public attentif à l’interprétation de la pianiste Olga Trofanova. – photo : Jacinthe Laliberté
Olga Trofanova, pianiste des Grands Ballets canadiens accompagnée du violoniste Sergei Trofanov. – photo : Jacinthe Laliberté


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