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Contrer le myriophylle à épis
Jacinthe Laliberté – Le myriophylle à épis fait la une des journaux depuis des années. En novembre 2021, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques certifiait que plus de 200 lacs en étaient infectés, dont 46 dans les Laurentides. L’Agence des bassins versants de Sainte-Anne-des-Lacs (ABVLacs), dont la mission est d’œuvrer à la préservation de l’eau, a décidé de prévenir plutôt que de guérir. Ainsi est né, le projet « Les sentinelles de lacs ».
Jeanne Kavanagh, membre de l’ABVLacs, est l’instigatrice de ce projet. Cette Annelacoise a décidé de s’attaquer au myriophylle à épis qui détruit tous les plans d’eau sur lesquels il s’est implanté. « Il est important de prévenir le problème, car si nous trouvons du myriophylle à épis dans nos lacs, nous perdrons beaucoup, en un mot, la jouissance de nos lacs », de dire Jeanne.
Une plante destructrice
La présence du myriophylle à épis (MAE) remonte en 1958, mais son caractère envahissant s’est remarqué dans les années 2000. Son mode de reproduction, très rapide, est la fragmentation de la tige, elle se multiplie quand elle est coupée. Il suffit d’un fragment pour contaminer tout un lac. Dès lors, elle s’attaque aux sécosystème et n’ayant aucun prédateur, elle a le champ libre.
Une propagation sournoise
L’activité humaine est le moyen de propagation de cette plante. Des objets jugés inoffensifs comme les lignes de pêche, les vestes de flottaison, les équipements de plongée et les costumes de bain qui n’ont pas été lavés avant d’être utilisés dans un nouveau plan d’eau peuvent être à l’origine de l’introduction de cette plante. Il en va de même pour les embarcations nautiques comme les bateaux à moteur, les pontons et même les hydravions.
De nombreux impacts
Les répercussions sur l’économie, notamment, sur le tourisme et la villégiature ainsi que sur les activités récréatives comme la baignade, la pêche, le canotage et la voile ont été constatées depuis fort longtemps. De plus, les lacs étant esthétiquement affectés, inévitablement, la valeur des propriétés riveraines ou ayant un droit d’accès à un lac diminuera considérablement.
Selon le ministère de l’Environnement, les solutions sont très coûteuses, et il n’existe pas de solution rapide. L’action est, toutefois, préférable à l’inaction.
Prévenir plutôt que guérir
Comme le myriophylle à épis s’enracine peu profondément, Jeanne Kavanagh, avec ses sentinelles de lacs, a décidé que le meilleur moyen de prévention serait de sillonner les pourtours des îles et les baies de son lac, le lac Marois.
« J’ai commencé à faire des recherches pour savoir comment trouver le myriophylle à épis le plus vite possible. Je voulais des bénévoles, car c’est déjà la première façon de sensibiliser, de faire de l’éducation de bouche à oreille », d’expliquer cette dentiste à la retraite.
Les sentinelles de lacs
Ce projet a été lancé l’an passé. « Nous avons commencé par le lac Marois, car il était impossible de faire tous les lacs en même temps. Aussi, je ne voulais pas perdre de temps à chercher des bénévoles », d’expliquer Jeanne.
En juin 2021, les bénévoles de ce projet ont reçu une formation sur le MAE par l’agente de liaison, Jany Boyer, rattachée au Centre régional de l’environnement des Laurentides (CRE Laurentides), spécialiste dans ce domaine. Le but était de sensibiliser les bénévoles à une possible intrusion de la plante. Chacun a reçu des cartes photos de plantes indigènes et non-indigènes leur permettant d’identifier plus facilement une plante envahissante.
En action
Jeanne, aussi coordonnatrice du projet, l’explique ainsi : « Cela ne demande pas beaucoup de matériel. Il suffit d’un aquascope, instrument permettant de regarder sous l’eau à partir d’une embarcation pour explorer les fonds des baies. Il ne faut que deux personnes : un rameur et une personne qui s’occupe de l’aquascope. »
L’autre possibilité est de « nager son lac », poursuit Jeannie : « Un des bénévoles a voulu participer au projet en nageant et en utilisant seulement son masque de plongée, ce qui est tout aussi bon ».
Aux deux semaines, elle procède à la collecte des données. Le mot d’ordre lancé lors de la formation et par le directeur du service de l’Environnement de la Municipalité, Mathieu Langlois : « Détecter, géolocaliser, ne pas couper, ne pas prendre des échantillons pour, ainsi, ne pas provoquer une prolifération ».
Pour l’an 2, le projet s’élargira aux lacs Saint-Amour, Parent et Guindon. Pour la réussite du projet, la participation de bénévoles est un incontournable. Par exemple, au lac Ouimet, Dominique Alarie, un autre membre de l’ABVlacs, a sillonné le lac seule. Constat : travail trop fastidieux pour une seule personne, celle-ci aimerait donc se trouver des partenaires.
Des solutions concrètes liées à la prévention, la clé du succès
Selon le CRE Laurentides et le ministère de l’Environnement, la prévention et la détection rapide demeurent les actions les plus efficaces.
Mathieu Langlois du service de l’Environnement a élaboré un formulaire de « détection » qu’il mettra sous peu sur le site de la Municipalité. Il explique le bien-fondé de ce formulaire : « Si, pour un citoyen, un moindre doute subsiste, il pourrait prendre la plante en photo et nous envoyer le formulaire complété. Après réception des informations, accompagnées soit de l’agente de liaison du CRE Laurentides ou d’une biologiste, des employés de la Municipalité procéderont à l’analyse de ladite plante et circonscriront l’endroit si besoin est ».
L’ABVLacs mise sur la sensibilisation pour changer les habitudes et les pratiques. Mathieu Langlois, qui travaille étroitement avec l’ABVLacs, conseille cette pratique : « La station de lavage sera fonctionnelle dès le 9 mai. Il est impérieux de laver vos embarcations avant toute mise à l’eau particulièrement lorsque vous changez de lac ».
Protéger l’environnement est l’affaire de tous. Chaque petite action compte.