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Gleason Théberge
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Fêtes

Gleason Théberge – Notre calendrier est marqué de jours de fête qui sont dans certains cas l’occasion de congé social. Fêter, c’est ainsi se réunir autour d’occasions davantage civiles qu’à l’époque des saints et saintes du calendrier des grandes célébrations liturgiques incluant celles de Pâques, Noël et d’autres occasions de solennité. 

Jadis, sous l’influence des curés, les enfants nés tel jour recevaient souvent le prénom de ces béatifiés ou sanctifiés. D’après le volumineux Dix mille saints publié en France chez Anne Sigier, en 1991, quant aux femmes, une cinquantaine de Marie étaient honorées au long de l’année. La suivaient une trentaine de Marguerite et Catherine, de même qu’une quinzaine d’Élisabeth et Julie. Les prénoms masculins, évidemment dominants, étaient pour une fréquence de quelques centaines ceux de Jean et Pierre, suivis en moins de cent fois de ceux de Félix, Thomas et François. La proximité relative de Jacques (48 fois) correspond d’assez près à l’expression Pierre, Jean, Jacques, remplacée depuis par monsieur et madame Toulemonde, qui désigne des individus indifférenciés. 

Beaucoup de ces anciens prénoms sont toujours populaires, mais c’en est désormais fait des Eudore, Germaine et Pamphile, de même que de beaucoup d’autres grandes âmes célébrées à une date autre que celle de leur naissance. Ce n’est ainsi pas l’anniversaire de Jean le Baptiste qu’on célébrait le 24 juin. C’était simplement sa fête. Au Québec, sans doute encore marqué par le rapport avec la religion, nous avons pourtant l’habitude de confondre les deux termes. On souhaite bonne fête à quelqu’un pour dire qu’on salue son jour d’anniversaire, qu’il y ait fête ou pas, mais normalement, souhaiter une bonne fête veut dire qu’on espère de n’importe quelle célébration qu’elle sera réussie. 

Certains évènements contestataires se transforment d’ailleurs aussi en fête, mais nos moments de rassemblement évoquent surtout d’autres intentions, comme évoquer une valeur morale ou rappeler des circonstances parfois dramatiques. Les uns se produisent en famille ou entre amis (mariage, victoire d’équipe ou retrouvailles) ; d’autres nous sont propres (fête des Patriotes, commémoration du drame de Polytechnique) ; et d’autres encore sont communes à de nombreuses sociétés humaines (Journée internationale des travailleurs du 1er mai, jour du Souvenir du 11 novembre)

De ce nombre, comme d’autres fêtes de diverses religions, la fête de Pâques est d’autant plus solennelle qu’elle était jadis précédée d’un carême de quarante jours, une veille semblable au mois de privations de l’Avent, lequel conduisait à la fête de Noël. 

Mais n’anticipons pas. Profitons d’abord du printemps, de la fête des Mères et de celle des Pères (dont ce n’est pas l’anniversaire) et de notre Fête nationale, puisque le beau temps est de retour.

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