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Soulignons le mois de mars, celui de la Saint-Patrick
Lyne Gariepy et Joanis Sylvain – Parce que le mois de mars est celui de la Saint-Patrick, et que le village de Shawbridge a des origines irlandaises, mais aussi afin de souligner les cinquante ans du Bloody Sunday cette année, voici deux films irlandais.
Chaque film représente un aspect de l’Irlande. Dans Belfast, c’est le conflit nord-irlandais, appelé aussi « les Troubles », débutant dans les années 60. Dans Ondine, c’est le côté mythologique de l’Irlande, avec le mythe folklorique des selkies, femmes phoques qui peuvent prendre l’apparence d’une séduisante femme.
Bonne immersion irlandaise !
Belfast – Film; drame 2021; Grande-Bretagne; 1 h 38 minutes; Amazon prime video; Apple tv. De et par : Kenneth Branagh. Interprètes : Caitriona Balfe, Jamie Dornan, Jude Hill, Judi Dench, Ciarán Hinds.
Synopsis – Belfast, 1969. La capitale de l’Irlande du Nord est marquée par un conflit opposant catholiques et protestants. Dans une rue où cohabitaient en paix ces deux communautés, le quotidien du jeune garçon Buddy est chamboulé. Devant la flambée de la violence et la pression de prendre parti, son père songe sérieusement à déménager. Il faudra pour cela convaincre toute la famille et quitter les grands-parents. Entre le cinéma, l’école et son béguin pour une camarade de classe, Buddy découvre la vie.
Ciné-fille – Avec Belfast, le cinéaste Kenneth Branagh, excellent acteur devenu réalisateur accompli et éclectique (Mort sur le Nil est au cinéma présentement), nous présente ici son œuvre la plus personnelle. On y découvre le conflit civil d’Irlande, à travers les yeux de Buddy, 9 ans, alter ego de Branagh. D’ailleurs, le film ne fait pas de mise en contexte social très complexe du conflit, et cela se justifie parfaitement par le fait que les évènements sont vécus par un jeune garçon, qui n’en comprend pas toutes les nuances.
Buddy (excellent Jude Hill), petit garçon curieux, intelligent, aux grands yeux purs posés sur un monde qui ne l’est pas, découvrira ainsi le gangstérisme, le premier béguin, mais, par-dessus tout, l’importance des liens familiaux et l’attachement à son coin de pays. Son père (Jamie Dornan, Nord-Irlandais d’origine), traversant souvent en Grande-Bretagne pour le travail, songe à y déménager avec les siens. Le personnage de sa mère (Caitríona Balfe, Outlander, solide), femme forte, souhaite demeurer avec ceux qu’elle connait depuis toujours. Un choix déchirant, entre sécurité et inconnu. Le couple de grands-parents (magnifiques Judi Dench et Ciarán Hinds), dépeint avec tendresse, incarne justement cette volonté de continuité. Les moments les plus touchants et les plus drôles surviennent en leur présence. Je me dois de souligner que l’ensemble de la distribution est de qualité supérieure. Le choix du noir et blanc est efficace pour nous transporter dans le passé, et la photographie du film est superbe.
Le film est davantage sentimental que politique. Branagh nous y présente une enfance heureuse, parce qu’entourée d’amour, à travers les scènes de chants, de films, et de rires. La violence nourrie de pavés, de feu, de menaces, et de soldats, ponctue cette insouciance. Et malgré ces horreurs, le film n’est pas sinistre, mais touchant. 8,5 sur 10
Ciné-gars – Sujet intéressant. Par contre, j’ai trouvé que l’histoire était lente à s’installer. La deuxième moitié est meilleure. Le noir et blanc n’était pas nécessaire, d’après moi, et m’a donné l’impression de manquer des détails, surtout des costumes et décors, qui, autrement, sont réussis. Points positifs : les personnages sont attachants, les acteurs sont bons, et les conversations sont bien tournées. 7,5 sur 10
Ondine – Film; drame; romance; fantastique; thriller; 2009; Irlande; 1 h 58 minutes. Présenté sur Canal vod, sur un VPN français. Ou achat en DVD sur Amazon.ca. De et par : Neil Jordan; interprètes : Colin Farrell, Alicja Bachleda, Stephen Rea, Allison Barry
Synopsis – Syracuse, un pêcheur irlandais, découvre un jour dans son filet une femme mystérieuse prénommée Ondine. Annie, sa fille, est persuadée qu’il s’agit d’une selkie, une sorte de sirène, ou femme phoque. Dans le mythe celtique, une selkie est capable de devenir humaine en enlevant son manteau, et peut revenir à son état premier en le remettant. Quand Ondine est à bord du bateau de pêche de Syracuse, les filets et casiers à homards remontent incroyablement pleins. Toutefois, étant irlandais, Syra-cuse se méfie de sa chance tandis qu’il commence à tomber amoureux de sa passagère. Cependant, com-me dans tous les contes de fées, l’enchantement et les ténèbres vont de pair.
Ciné-fille – Le film oscille entre réalisme social et légendes, entre fable et comédie romantique, et entre mythologie et thriller. Même si l’histoire d’Ondine tient du conte de fées, il est ancré dans la réalité de Syracuse (Colin Farrell, touchant), une réalité pas toujours facile au regard de sa situation. Car Syracuse est un alcoolique abstinent, père d’une fillette en attente d’une greffe. Le réalisateur alterne entre la vie réelle et la légende pour explorer les idées de problèmes sociaux, de justice, de liens familiaux, de responsabilité, et de miracles, dans une époque de désillusions. Disons que l’histoire tient davantage du film Gilbert Grapes que de Cendrillon !
L’intrigue est bien charpentée. Tous les genres cohabitent harmonieusement dans ce film. À travers les personnages, on découvre l’âme irlandaise. Colin Farell (qui est irlandais) est excellent et parfaitement à sa place dans ce rôle. Ses yeux nous communiquent à la perfection les sentiments et pensées de son personnage. Le duo que forme Syracuse avec sa fille Annie (Allison Barry, excellente) est touchant et attachant. L’histoire, les textes, les acteurs et les décors sont réussis. Un bel ensemble! Les paysages irlandais, tout en nuances brumeuses ou en lumières gris-bleu, agrémentés des touches du vert des champs, fournissent un écrin précieux à ce conte réaliste réussi. J’y ai cru. 9 sur 10
Ciné-gars – L’histoire est bien pensée, on aurait pu croire que c’est un fait réel, malgré les éléments légèrement fantastiques. Les personnages ont tous une personnalité bien définie. On y retrouve bien le caractère irlandais. La texture sombre de l’image est réussie et ajoute à l’ambiance. 7,5 sur 10