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Proverbes
Gleason Théberge -Dans toute société humaine, la culture générale est portée par sa langue. Dans les propos qu’on partage avec les autres, on peut tolérer plus ou moins l’inévitable diversité des opinions, mais diverses formules permettent de donner l’impression d’être d’accord sans avoir à se compromettre. Tels sont les maximes, proverbes, dictons et adages, avec lesquels on peut faire allusion à ce qui est inévitable ou en appeler à un futur espéré. De cette manière, on peut éviter de se prononcer sur un sujet brûlant, témoigner de notre sympathie, encourager.
Répondre Après la pluie le beau temps n’est alors qu’une manière d’intervenir sans faire de promesse précise. Après la pluie, pourtant, il y a encore souvent de la pluie, de la neige en hiver et même du verglas. Chacun accorde alors un sens à une expression qui peut en avoir plusieurs, ou même aucun. On parle pour parler, en quelque sorte, pour ne pas rompre une relation, d’une manière qui rappelle le gros bon sens, lequel souffre de la même ambiguïté.
Elles sont pourtant légion ces formules. On les appelle maximes, quand elles trouvent un certain fondement en art ou en science; proverbes, quand elles sont d’usage courant; ou dictons, quand leur compréhension est limitée aux personnes d’une région particulière. Les adages, eux, sous l’influence de l’italien, dont on connaît l’annotation musicale adagio, évoquent la sérénité des personnes qui vont d’un pas décidé, mais sans être pressé.
Un adage c’est une maxime issue des langues mères que sont le grec et le latin, mais les adages proviennent aussi de citations d’auteurs ayant conservé une certaine notoriété. Entre deux maux, il faut choisir le moindre du philosophe Socrate, justifie une décision dont le difficile est plus facilement accepté si un choix plus pénible a été évité. Les mesures sanitaires actuelles diminuent, par exemple, les risques de maladie grave. Les paroles s’envolent, mais les écrits restent, une maxime latine, suggère d’éviter de laisser de traces compromettantes; mais les messages des réseaux sociaux modernes en étendent la portée au-delà de l’écrit. Quant au Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger, il est de Molière, dont le conseil prend avec le temps une allure écologique.
Quant à moi, sans prétendre à faire œuvre aussi vigoureuse qu’avec ces adages, je propose ici quelques proverbes inventés.
À faire son frais on ne réchauffe pas sa réputation. Au milieu de la tarte, il faut savoir se décider. Il faut du nez pour faire face. La météo ne ment qu’au passé. La nuit ne peut naître du sommeil. La sentinelle ne fait pas la chandelle. Qui cloche n’aime pas le bruit des autres. Qui ne cherche qu’à plaire se prépare des pleurs. Tout ce qui brûle n’est pas mort.
Telle est mon opinion, et qu’on se le tienne pour dit.