La Journée internationale des droits des femmes

Droits des femmes, journal des citoyensJeanne Mance, Thérèse Casgrain, Pauline Marois, Rose Ouellette, Dorimène Desjardins, Véronique Cloutier, Jehane Benoit et Jeannette Bertrand.
Jacinthe Laliberté
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Des femmes qui ont marqué l’histoire du Québec

Jacinthe Laliberté et Lise Pinard – Le 8 mars prochain célèbre la Journée internationale des droits des femmes sous le thème L’inspiration au féminin. Ce thème, très évocateur, est une invitation à se projeter dans le temps pour se souvenir que des femmes ont été et sont, toujours, une source d’inspiration.

Un célèbre adage souligne ainsi l’apport des femmes : « Derrière chaque homme se cache une femme. » Pourtant, nombre d’entre elles n’ont pas eu besoin d’hommes pour briller. Peu importe que le domaine soit le journalisme, la médecine, la politique, les affaires ou la culture, ces femmes ont fait preuve d’intelligence et de persévérance laissant une marque incontestable. Découvrons-les à juste titre.

Aux premiers temps de la colonie

Les femmes autochtones sont considérées Chefs de famille. L’arrivée des Français a transmis ce rôle au père. Louis XlV envoie les Filles du roi qui traversent la « grande mare » dans le but de prendre mari et peupler la Nouvelle-France. Le défrichage, la culture, les enfants à porter et à élever dans ce dur climat laissent peu de temps pour se réaliser en tant que femme. Elles ignorent l’avenir, mais ont confiance en ce peuple naissant. 

Jeanne Mance (1606-1673) – cofondatrice de Montréal avec le sieur de Maisonneuve et fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal, elle rejoint la Compagnie de Notre-Dame de Montréal pour l’installation d’un petit hôpital. Dès lors, elle s’adjoint des membres pour veiller au développement de Montréal. Lors du 375e anniversaire de la fondation de Montréal, le maire, Gérald Tremblay, confirme officiellement Jeanne Mance comme cofondatrice de Montréal avec le sieur de Maisonneuve.

Les politiciennes, instigatrices de la transition

Longtemps, la politique ne fut dévolue qu’aux hommes. Mais nombre de femmes se sont distinguées dans ce domaine par passion. Les lois pour lesquelles elles se sont battues reconnaissent les droits à la voix des femmes.

Thérèse Casgrain (1896-1981) – Première femme chef de parti politique au Québec, elle fait campagne pour l’obtention du droit de vote aux femmes qui a fait loi en 1940. Ses activités parlementaires sont toujours guidées par le droit et l’égalité des femmes. Elle sera aussi présidente de la Ligue pour les droits de la femme et fondatrice de la Fédération des femmes du Québec. Cette femme demeure une inspiration pour toutes.  

Pauline Marois – Première femme à exercer la fonction de Première ministre du Québec, elle dirige plusieurs ministères, dont celui à la Condition féminine. En 30 ans de carrière, elle crée notamment la première politique familiale du Québec d’où sont nées des mesures de conciliation travail-famille, tel est le cas des CPE et du congé parental. Cette grande dame a écrit plusieurs pages de l’histoire québécoise.

Les artistes, des bâtisseuses de notre culture

Des comédiennes ont trouvé le chemin de la réussite, mais nombreuses, surtout en comédie, furent la « seconde jambe » d’un comédien. Toutefois, quelques-unes ont réussi à dépasser le maître. 

Rose Ouellette (1903-1996) – Alias « la Poune », elle a couvert pendant 70 ans les carnets artistiques dans le monde du vaudeville. Première humoriste québécoise, elle prend, fréquemment, la tête d’affiche. Toute menue, mais avec une vitalité hors du commun, elle acquiert une indépendance en devenant la première femme en Amérique du Nord à diriger deux théâtres (Le Cartier et le théâtre National). Elle s’est produite, aux côtés de Gilles Latulipe, au célèbre Théâtre des Variétés jusqu’à l’âge prestigieux de 90 ans. Elle demeure une pionnière de l’humour québécois.

Les femmes d’affaires féministes en cravate

Une récente étude réalisée par le Dow Jones soutient que le pourcentage de la présence des femmes à des postes de dirigeantes est proportionnellement relié à la réussite des entreprises. Le nombre de femmes d’affaires qui ont marqué le Québec à ce jour le confirme.

Dorimène Desjardins (1858-1932) – Alphonse Desjardins et Dorimène fondent ensemble la première Caisse populaire en Amérique du Nord à Lévis. Dû à l’absence fréquente de son conjoint, elle a la pleine gouvernance de cette Caisse et les administrateurs lui confient un certain nombre de responsabilités administratives. Malgré les contributions de Dorimène et le rôle important qu’elle joue en coulisses, Guy Bélanger, l’historien du Mouvement Desjardins apporte des nuances quant au droit des femmes dans le nouveau mouvement coopératif. 

Malgré toutes les inégalités auxquelles les femmes ont à faire face à l’époque, Dorimène Desjardins est tout de même une figure marquante des premières années d’existence du Mouvement Desjardins. Hors de tout doute, les évènements suivants le démontrent : après la mort de son mari en 1920, Dorimène Desjardins devient vice-patron du Conseil de l’Union régionale des Caisses populaires Desjardins du district de Québec, un rôle honorifique. Finalement, 80 ans après son décès, sa contribution à l’essor des caisses populaires est soulignée par l’Alliance coopérative internationale (ACI).

Véronique Cloutier – comédienne, animatrice de la radio et de la télévision, mais avant tout femme d’affaires accomplie dans le domaine télévisuel et du magazine, elle mène de front plusieurs chapeaux de dirigeante auxquels elle ajoute sa collection de vêtements Véro. Par ailleurs, elle épouse de nombreuses causes humanitaires dont la recherche en maladies infantiles. Sa dernière trouvaille, la Fondation Véro et Louis, vise à soutenir les adultes autistes âgés de plus de 21 ans. 

Les journalistes et auteures, porteuses des pensées des femmes

Depuis le début de la colonie, les femmes sont montées aux barricades pour l’obtention du droit à l’égalité sous toutes ses formes. Le monde de la littérature et du journalisme a contribué à donner cette parole aux femmes, et ce, même si, dans l’histoire québécoise de la littérature, ces journalistes et écrivaines ont eu, elles aussi, à mener leur combat pour se faire reconnaître. 

Jehane Benoit (1804-1987) – considérée pionnière de la cuisine québécoise, on lui prête tous les attributs réunis dans notre culture culinaire par sa géographie, son histoire, l’ingéniosité gourmande de son peuple et de ses atavismes. Elle enseigne le savoir-faire et le savoir-vivre culinaire à une époque où le Québec n’avait aucune identité gastronomique due à sa jeune histoire. Honorée par l’Ordre du Canada en 1973, on la considère comme une grande dame de chez nous pour son héritage culinaire.

Jeannette Bertrand – journaliste, comédienne, animatrice, écrivaine qui contribue à l’évolution de la femme québécoise à travers toutes ses activités artistiques et littéraires. La réalité du monde en changement et les charges des femmes monoparentales, l’éducation des enfants et le travail à l’extérieur sont ses thèmes « chouchou ». Nommée Femme du siècle au Salon de la femme de Montréal, reçue Officier de l’Ordre national du Québec et détentrice du prix du Gouverneur général des arts de la scène. Des reconnaissances bien méritées.

En définitive, « l’inspiration au féminin » est au rendez-vous en cette journée internationale de la femme. Pourtant, il reste à découvrir nombre d’entre elles dont les engagements et les luttes pour l’avancement des droits de la femme sont, néanmoins, connus.

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