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Élections inutiles et dossier des armes à feu
Émilie Corbeil – En janvier dernier, le Journal s’entretenait avec Rhéal Fortin, député de la Rivière-du-Nord afin de faire un bilan de la session parlementaire achevée. Une session arrêtée au profit d’élections totalement inutiles selon lui. Pire encore, il juge que la décision de déclencher le processus électoral a nui à la crédibilité de l’exercice démocratique. Bilan des cent premiers jours en chambre donc, et discussion autour d’un dossier qui occupe particulièrement monsieur Fortin : celui des armes à feu.
La COVID-19 comme moteur du progrès
Monsieur Fortin souligne d’entrée de jeu que la pandémie n’aura pas eu, à l’instar de bien d’autres fléaux, que des effets négatifs. Si en 2016, il a paru impossible pour une jeune maman de siéger au Parlement, il en est tout autrement aujourd’hui, alors que les événements ont forcé le recours et l’adaptation au télétravail et au vote électronique. Maintenant, le Parlement siège en mode hybride, ce qui est pour lui une formidable étape de franchie dans le dossier de la conciliation travail-famille.
Il admet toutefois que le fait, pour certains ministres, d’avoir à répondre à des questions directement en Chambre est plus engageant, voire même gênant. La distance permet une aise qui ne sert parfois pas la population; le travail en présence force les gens à sortir de leurs réserves et à donner l’heure juste. Le fait d’avoir à négocier à distance présente aussi son lot d’inconvénients : « C’est pas comme s’asseoir avec un café et jaser ».
Des élections inutiles, mais commodes pour les libéraux
Monsieur Fortin a expliqué au Journal que les élections ont été inutiles du point de vue démocratique : « C’est le même monde, à quelques exceptions près, qui occupent les sièges ». Pour lui, la décision de déclencher le processus électoral a certainement nui à la crédibilité de l’exercice démocratique. Le bilan des 100 premiers jours du Parlement le force à constater que rien n’a été fait.
Pire encore, l’élection a forcé la dissolution de tous les projets de loi alors à l’étude. « C’est triste, mais c’est vraiment ce qui s’est produit. Ils sont tous morts au feuilleton ». Il cite en exemple le projet de loi qui aurait permis aux personnes qui se retrouvent au chômage des suites d’une maladie grave de recevoir 50 semaines de prestation plutôt que 15, comme c’est le cas actuellement. Si des avancements importants avaient été faits avant l’élection, tout doit être recommencé et il serait étonnant que le tout reprenne efficacement. « Pourtant, c’est un projet très bénéfique pour toute la population ».
Rappelons que ce projet de loi, désormais appelé le projet de loi Émilie Sansfaçon suite au combat de la jeune femme aujourd’hui décédée, est sur la table depuis plusieurs années.
Monsieur Fortin rappelle par ailleurs que certains dossiers gênants étaient traités par des comités qui ont été dissous par le déclenchement du processus électoral. Mentionnons entre autres le congédiement de la Dre Xiangguo Qiu, médecin, et de son mari Keding Cheng, biologiste, tous deux hauts placés au Laboratoire national de microbiologie (LNM) en 2019. Alors que le Gouvernement refusait d’expliquer les raisons pour lesquelles les deux chercheurs ont été congédiés, des documents ont été demandés et soumis à des comités qui ont de facto été dissous pour cause d’élections.
Contrôler le trafic d’armes illégales
Le principal combat de Rhéal Fortin concerne le trafic illégal d’armes à feu. Il explique qu’on sait par où elles passent : La réserve d’Akwesasne. Comme elle se trouve à cheval entre l’Ontario, le Québec et les États-Unis, les corps policiers, indépendants, peinent à intervenir.
Pour lui, il est primordial de créer une escouade mixte mêlant les quatre forces de l’ordre concernées et d’y investir les sommes nécessaires à l’achat de patrouilles navales. Il insiste que cela a déjà été fait pour la drogue et les cigarettes de contrebande avec grand succès. « Nous avons déjà connu du succès en ce domaine et les outils et les connaissances sont prêts à être réutilisés ».
Il propose par ailleurs des modifications législatives visant à rendre illégale l’appartenance à un gang se livrant à des activités criminelles. Actuellement, il n’est pas illégal de faire partie d’une organisation vouée au crime. Il est d’ailleurs nécessaire, lors de chaque procédure judiciaire, de faire la preuve que l’organisation est criminelle.
Le malaise des peines minimales
On étudie, à l’heure actuelle, l’idée d’abolir les peines minimales qui ont été imposées par les Conservateurs sous Harper. Pour le Bloc, les peines minimales ne sont pas une bonne idée : « On préfère laisser leur jugement aux juges ».
Rhéal Fortin souligne toutefois sa gêne à travailler dans le sens de l’abolition de la peine minimale pour possession et utilisation illégales d’armes à feu. « Ce qu’on dit c’est que le problème actuel d’importation d’armes illégales doit trouver une réponse avant qu’on abolisse les peines minimales. Si j’avais cinq bateaux qui patrouillent, je serais moins mal de travailler à les éliminer, mais en ce moment je me sens en porte-à-faux. On voit des gens qui ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école. Ce qu’on doit faire d’abord, c’est resserrer le contrôle du trafic et des sanctions appliquées aux organisations parce que la problématique grandit depuis plus d’un an ».