Animaux adaptés à l’hiver

oiseau, citelle - journal des citoyensLa sittelle ingère le plus de matière grasse possible (comme les graines de tournesol offertes aux mangeoires) – Photo courtoisie
Valérie Lépine
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Leurs adaptations sont parfois surprenantes

Valérie Lépine – On le sait : au Québec, les hivers peuvent être très rigoureux. Certains animaux, comme la plupart des oiseaux, choisissent de fuir les affres de la saison froide et de migrer sous de plus chaudes latitudes. D’autres se sont adaptés aux rigueurs de la blanche saison et réussissent à survivre au froid, aux changements drastiques de l’environnement et à la rareté de la nourriture. Leurs adaptations sont parfois surprenantes.

Mammifères : dormir ou pas ?

Les mammifères du Québec ont adopté diverses stratégies pour survivre à l’hiver. Plusieurs restent actifs comme le cerf de Virginie, le lynx et le lièvre. Pour poursuivre leurs activités même au froid, ces mammifères vont faire des réserves de graisse. L’évolution a aussi fait émerger certaines caractéristiques morphologiques particulières pour augmenter les chances de survie. Ainsi, le pelage s’épaissit et change parfois de couleur. Le lièvre devient blanc l’hiver. Les grosses pattes du lynx lui permettent de marcher sur la neige sans trop s’enfoncer et sa petite queue limite les pertes d’énergie et les engelures. La fourrure très épaisse du renard arctique lui permet de garder sa chaleur, même à -80 ºC!

Certains mammifères, comme le tamia rayé, certaines chauves-souris, la marmotte et la souris, hibernent : ils se retrouvent dans un état de léthargie avancée pour économiser de l’énergie. Seules les zones de leur cerveau liées aux fonctions vitales restent actives. Leur température corporelle peut descendre jusqu’à 0 0C, leur métabolisme, leur rythme cardiaque et leur flux sanguin diminuent drastiquement et leur respiration devient très lente. 

D’autres, comme l’ours noir, le raton-laveur ou la moufette rayée vont plutôt somnoler dans leur tanière. On dit qu’ils hivernent. Ils vivent de leurs réserves de graisse. Leur métabolisme diminue, mais ils peuvent se réveiller puisque leur cerveau reste très réactif. Ils ne mangent rien durant l’hiver puisqu’ils ont bouché leur système digestif de matières fibreuses avant la venue de l’hiver. Lors de leurs réveils ponctuels, ils peuvent cependant manger un peu de neige.

Oiseaux : partir ou pas ?

En Amérique du Nord, 75 % des oiseaux migrent à l’automne. Ceux qui restent, comme la mésange à tête noire, la sittelle, le sizerin, la gélinotte huppée, certains pics, le geai bleu et le grand-duc d’Amérique, ont adopté toutes sortes de stratégies qui leur permettent de survivre au froid. Ils ingèrent le plus de matière grasse possible (comme les graines de tournesol offertes aux mangeoires). La nuit, les mésanges dorment tassées les unes sur les autres et peuvent même entrer en hypothermie sans provoquer de dommages tissulaires ou métaboliques. Quand les températures baissent sous les -30 ºC, elles peuvent même trouver refuge sous la neige. Fait étonnant, on a découvert que l’hippocampe (partie du cerveau liée à la mémoire et à l’organisation spatiale) des mésanges grossit de 30 % à l’automne pour leur permettre de repérer plus facilement leurs nombreuses caches de nourritures. Les sizerins blanchâtres, quant à eux, peuvent survivre jusqu’à 20 heures sans nourriture. La structure de leur œsophage leur permet de conserver des graines entières qui peuvent être digérées plus tard.

Amphibiens et reptiles : as-tu ton antigel ?

Plusieurs amphibiens et reptiles du Québec adoptent la même stratégie de survie que certains de nos mammifères : ils hibernent. Après avoir fait le plein de nutriments à l’automne, ils trouvent un gîte et diminuent grandement leur métabolisme pour limiter les pertes d’énergie. Les grenouilles et les tortues d’eau douce, par exemple, passent l’hiver sous l’eau, souvent en colonies importantes. Les grenouilles respirent alors l’oxygène dissous dans l’eau par la peau. Les crapauds s’enfouissent dans le sol sous la ligne de gel. Les salamandres, elles, trouvent un hibernacle (anfractuosité de rocher, terrier ou autre cavité) sous la ligne de gel et se regroupent pour passer l’hiver.

D’autres restent actifs sous la glace des étangs, des lacs et des rivières. C’est le cas du triton vert adulte qui peut ajuster son métabolisme pour s’acclimater au froid. En phase juvénile, le triton vert (dit elfe rouge) s’enfouit plutôt dans la litière forestière.

Mais d’autres amphibiens gèlent carrément durant l’hiver. Grâce à des substances cryoprotectrices (apparentées à l’antigel), la grenouille des bois et les rainettes hibernent sous la terre. Cet antigel empêche la formation de glace dans les cellules. La glace se forme plutôt dans les espaces extracellulaires. Grâce à cet antigel, 60 % de leurs liquides peut geler sans causer de dommages aux tissus. Quand leur corps contient plus de 60 % de glace, leur cœur s’arrête de battre, leur respiration cesse et elles survivent grâce à un métabolisme anaérobique. Par contre, si leur température descend sous -7 ºC, elles meurent. La couverture de neige est donc très importante pour leur survie.

Poissons : eau douce ou eau salée ?

Comme les amphibiens et les reptiles, les poissons ne peuvent produire leur propre chaleur. Leur température varie donc en fonction de celle de l’eau. Pour affronter le froid de l’hiver et pouvoir rester actifs, les poissons d’eau douce restent sous la glace. Leur métabolisme élevé et leurs liquides internes qui gèlent à des températures inférieures à celle de l’eau douce les protègent du gel. Les anguilles, quant à elles, tombent en léthargie et s’enfouissent dans la vase.

Certains poissons d’eau salée migrent en eau profonde. Certains autres, comme la morue, produisent des protéines antigel quand elles demeurent dans des étendues d’eau salée peu profonde chargées de glace.

Insectes : pourquoi ne pas rester ?

Les insectes ont aussi adopté une panoplie de stratégies pour affronter le froid. Une minorité d’insectes fuient l’hiver pour migrer vers des zones plus tempérées. C’est le cas du papillon monarque qui parcourt 4 000 km chaque année pour se rendre au Mexique. Mais, contrairement aux oiseaux, la majorité des insectes restent au Québec durant l’hiver. 

Plusieurs trouvent un abri et entrent en diapause, un état de torpeur qui réduit les dépenses énergétiques. Certains autres peuvent produire du glycérol, une molécule qui empêche la formation de cristaux de glace et remplace l’eau dans et autour des cellules. Les abeilles passent quant à elles l’hiver dans la ruche. Les ouvrières se regroupent autour de la reine et, pour la réchauffer, font vibrer leurs ailes. Une minorité d’insectes continuent leur vie active malgré l’hiver. C’est le cas des collemboles. Communément appelés puces des neiges (même si ce ne sont pas des puces), les collemboles sont des insectes ne mesurant que quelques millimètres qui profitent des journées de dégel pour remonter à la surface de la neige pour se nourrir de parties de champignons microscopiques. Peut-être en avez-vous déjà vu par une belle journée ensoleillée d’hiver, regroupées par millions sur la neige et sautillants dans les airs ?

À propos du CRPF – Le Comité régional pour la protection des falaises œuvre depuis 2003 pour la protection et l’utilisation écoresponsables d’un territoire de 16 km² doté de caractéristiques écologiques exceptionnelles et s’étendant derrière les escarpements de Piedmont, de Prévost et de Saint-Hippolyte. – Cet article est publié simultanément dans le Journal des citoyens (Prévost, Piedmont et Sainte-Anne-des-Lacs) et le journal Le Sentier (Saint-Hippolyte).

Pandémie et randonneurs

L’organisme Rando Québec a récemment publié les résultats d’une étude portant sur la fréquentation des sentiers pédestres durant la saison estivale. Sans surprise, on remarque que l’achalandage a augmenté de 63 % entre 2019 et 2021, une augmentation attribuée à la pandémie de COVID-19.

L’étude de Rando Québec a aussi révélé que ce sont surtout des randonneurs débutants qui ont généré cette augmentation, des randonneurs qui ne sont pas toujours au fait des règlements de base en vigueur dans les parcs. L’étude montre en outre un accroissement de certains comportements qui peuvent causer beaucoup de dommages à la nature et augmenter le travail des personnes responsables de l’entretien des sentiers. Par exemple :

• Marcher hors des sentiers balisés

• Faire des feux ou couper des branches

• Abîmer les infrastructures

• Ne pas respecter la fermeture des sentiers

• Promener son chien dans des sentiers où ces animaux sont interdits

Certains de ces comportements nuisibles ont malheureusement été observés dans la Réserve naturelle du Parc-des-Falaises. 

Le CRPF tient à rappeler que la Réserve est une propriété privée ouverte au public et que le respect des règlements est primordial pour maintenir la qualité des sentiers ainsi que la santé de la faune et de la flore.

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