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L’âme des artisans
Jacinthe Laliberté jacinthe.laliberté@journaldescitoyens.ca – L’artisanat résulte souvent de la persévérance et de la passion des personnes qui en font très souvent un mode de vie. On définit, généralement, l’art comme une partie de l’âme de l’artisan et l’artisanat comme une preuve de son savoir-faire.
Ainsi le prouvera l’histoire d’Andrée Bergeron (78 ans) et de Mickey Brickell (76 ans), deux artisans de Sainte-Anne-des-Lacs dont les pièces de tissage en fil de bambou et les foulards en mohair et en soie tricotés à la main sont des créations uniques issues de la maitrise de leur art respectif.
Elle, la femme aux doigts agiles
Andrée Bergeron réalise des pièces uniques. Elle a toujours tricoté. Le tricot ne fut que le prolongement de ses années d’enseignement. Elle explique, ainsi, ce fait : « Quand j’enseignais, je travaillais tous les soirs à corriger et à préparer mes classes. Lors de ma retraite en 1996, je devais m’occuper les mains et l’esprit habitué à être continuellement en action ».
Elle a donc commencé à faire de la dentelle avec du fil à coudre et de cuivre. Ses papillons de cuivre montés sur tiges servaient à orner les pots des nombreuses plantes qui parent les pièces de leur maison.
Un regard sur ses pièces en dentelles l’amena à vouloir les immortaliser, d’où l’idée de les encadrer. Les fenêtres de sa maison en sont décorées tels des vitraux. Sans le prévoir, ses cadres de dentelle ont permis de sauver nombre d’oiseaux des contrecoups reçus en frappant ses fenêtres.
Malheureusement, avec le temps, il lui a fallu délaisser cette technique, le cuivre lui cisaillant trop les doigts. Elle s’est donc mise au tricot à la main préférant de loin le mohair et la soie pour ses foulards et ses écharpes.
Andrée fait partie des exposants de la Foire aux cadeaux depuis plus d’une dizaine d’années. Progressivement, elle a renoncé, aussi, à sa dentelle pour ne se consacrer qu’au tricot de foulards et d’écharpes, qu’elle veut le plus soyeux possible pour le cou de ces dames.
Lui, l’homme au métier à tisser
Né aux États-Unis, Mickey Brickell est venu au Canada à la fin de son service militaire. Son histoire d’amour avec le tissage a débuté d’une manière très cocasse lorsqu’il vivait à Toronto.
Il relate brièvement cette anecdote : « Ma première femme voulant apprendre à tisser s’était acheté un petit métier. J’ai commencé à tisser avant elle et j’ai eu le coup de foudre. Finalement, elle m’a donné son métier. »
Son premier contrat fut pour une boutique à l’aéroport de Toronto pour laquelle il fabriquait des ponchos en mohair. Travaillant, aussi, avec des couturiers torontois, il a fabriqué des pièces artisanales pour le Long Museum de Toronto et pour un des directeurs du textile du Musée royal de l’Ontario.
Chimiste de formation, il a délaissé ce travail, ne désirant pas passer sa vie dans un laboratoire. Il a alors choisi de tisser. Cependant, ne pouvant vivre de ce métier, il se devait de trouver d’autres types d’emplois. Ce qu’il fit.
Mais l’appel du métier à tisser était plus fort que tout. Il n’avait de cesse d’y revenir. Pour contrer cette attirance, il a même vendu son métier à tisser.
En 2013, il a mis fin à sa tourmente en s’achetant un nouveau métier. Encore, à 76 ans, il est toujours tisserand. Actuellement, il vend ses pièces de tissage (foulards, ponchos) dans une boutique au Complexe Desjardins, à Montréal, où il en a déposé, dernièrement, plus d’une centaine. De plus, Mickey expose ses produits avec Andrée à la Foire aux cadeaux depuis six ou sept ans.
Des projets et encore des projets
Étant compagnons de vie depuis 40 ans, Andrée et Mickey, les deux « B » comme l’annonce leur carte d’affaires, produisent, sans relâche, tout au long de l’année. Pour les deux, la retraite n’a pas encore sonné.
Mickey, très pragmatique, lance : « Je ne suis pas sûr que la retraite existe vraiment. » S’occuper de la centaine de plantes suspendues dans sa serre, poursuivre son travail d’arroseur à la pépinière Jardin Dion Sainte-Anne-des-Lacs, pianoter diverses mélodies pour sa douce moitié et tisser, sans relâche, non pas seulement pour répondre aux besoins de ses détaillants, mais, avant tout, par amour pour son art.
Quant à Andrée, il est impossible, pour cette enseignante passionnée, de ne pas poursuivre sa vocation en aidant, encore, des jeunes dans leur apprentissage. En plus, l’idée d’avoir leur boutique leur trotte dans la tête.
Lors de votre visite à l’évènement de la Foire aux cadeaux qui se déroulera les 20 et 21 novembre au Centre communautaire de Sainte-Anne-des-Lacs, n’hésitez pas à demander les « Deux B », vous les reconnaitrez par leur authenticité.