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Lyne Gariepy – Octobre, c’est le mois de l’Action de grâce, de l’Halloween et du festival des couleurs dans nos forêts. Mais c’est aussi un mois où la noirceur arrive de plus en plus tôt. Et malgré l’explosion de couleurs dans nos arbres, un air sombre commence à flotter dans l’air, avec les volutes de fumées s’échappant des cheminées.
Je vous suggère donc deux séries qui correspondent, autant par leur ambiance, que par leurs titres, au côté plus lugubre du mois d’octobre. Tout d’abord, la série Dark (sombre), qui porte bien son nom, et ensuite, la série Octobre, elle aussi très sombre.
Dark
Série. Drame fantastique, science-fiction, thriller. Allemagne. 2017-2020. Trois saisons, 26 épisodes de 42 à 60 minutes, en tout. Disponible sur Netflix. Créé par Baran bo Odar, Jantje Friese. Interprètes : Louis Hofmann, Lisa Vicari, Andreas Pietschmann et plusieurs autres.
Synopsis – En 2019, le policier Ulrich Nielsen cherche désespérément son fils disparu, Mikkel, âgé de 12 ans. Trente-trois ans plus tôt, en 1986, c’est son frère cadet Mads qui avait disparu dans des circonstances toutes aussi mystérieuses. Dans la ville de Winden, quatre familles, traumatisées par cette disparition, tentent de résoudre les mystères qui entourent la région. Jonas Kahnwald est lui aussi marqué par cette affaire, ainsi que par le suicide de son père. Il tente d’en savoir plus. Les enquêtes des policiers et de certains habitants mettent en lumière une histoire qui recommence tous les trente-trois ans. Des événements se déroulant en 1953, 1986 et 2019 sont étroitement liés. Les recherches effectuées pour trouver le coupable de ces disparitions vont peu à peu révéler les secrets de la petite ville paisible.
Ciné-fille – Cette série allemande est un véritable bijou de poupée russe. Alors qu’on pense avoir affaire à une enquête plutôt classique de disparition d’enfant, Dark ne mettra que quelques épisodes à exposer véritablement ses intentions. Sans en divulguer davantage, on parle ici de voyages dans le temps. J’ai rarement eu l’occasion de visionner une série aussi profonde, qui fourmille d’idées et de personnages. Les ramifications sont presque infinies. La moindre scène qui se déroule sous nos yeux a une incidence sur le scénario, et rien que pour ça : respect !
J’ai visionné la première saison, ainsi qu’une partie de la deuxième, et jusqu’ici, tout se tient. Pas d’incohérence. Un exploit quand on pense que, dans Dark, le passé influence le futur, mais que le futur a une influence sur le passé ! Enfin une série qui me garde en alerte, attentive, tentant de deviner quel personnage est qui, dans le passé et le futur, et surtout, les répercussions de chaque voyage dans le temps sur l’histoire de la ville de Winden.
La photographie est superbe, la distribution impeccable, les décors et les reconstitutions d’époques, excellentes. Les acteurs sont très bons et un immense travail de distribution a été fait sur la ressemblance des personnages à travers les époques : c’est très réussi.
C’est une série qui fait autant de place aux adultes qu’aux adolescents, la rendant attirante pour tous.
Si vous voulez regarder une série pour mettre votre cerveau sur pause, ce n’est pas une série pour vous. Mais si vous voulez cogiter, réfléchir et anticiper, c’est La série que vous devez voir ! 9 sur 10.
Octobre (VF de The Ches-tnut man)
Série, thriller, policier, Danemark, 2021. Une saison de six épisodes de 50 minutes. Disponible sur Netflix. Créé par Søren Sveistrup. Interprètes : Danica Curcic, Mikkel Boe Følsgaard, Iben Dorner.
Synopsis – Deux policiers de Copenhague que tout sépare doivent enquêter sur une série de meurtres sordides. Le dénominateur commun de ces crimes est une figurine enfantine bricolée avec des marrons, chaque fois placée à quelques pas du corps…
Ciné-fille – Une intrigue criminelle ancrée à Copenhague, sur fond d’atmosphère automnale, où l’on retrouve un duo de policiers improbable aux trousses d’un tueur machiavélique, le tout articulé sur fond d’enjeux politiques. Octobre est l’adaptation, par lui-même, du premier roman (noir) de Søren Sveistrup, et démontre toute sa science du récit, dans un habile et tortueux jeu de pistes qui captive instantanément. Sveistrup nous a déjà donné The Killing, alors pour ceux qui ont aimé cette série, vous devriez aimer Octobre.
Octobre tire avantage de la vague de miniséries, ramassant son scénario sur seulement 6 épisodes. Un format qui lui confère une réelle intensité, sans longueur superflue.
Plus qu’un polar nordique, la série se déploie comme un thriller, avec ce que cela implique d’angoisse et de tension. Mais le principal atout d’Octobre, c’est – comme son titre l’indique – son ancrage automnal. À l’image d’une présence perfide qui surplomberait tous les actes horribles de la série, les arbres rougeoyants de l’automne donnent toute leur âme inquiétante aux épisodes. La photographie est glauque à souhait. Même si chaque rebondissement ou événement relève ici toujours du tangible, une sensation d’oppression inexpliquée domine de nombreuses séquences. Cette sensation est d’autant plus diabolique et effrayante qu’elle se double d’une histoire aussi alambiquée que cohérente. Sveistrup semble à la fois fasciné par le thème de l’incommunicabilité et des enfances gâchées. Du suspense à la fois intelligent et glaçant. 8,5 sur 10