La capitulation de Montréal

La capitulation de montréal, journal des citoyensLa capitulation de Montréal aux forces britanniques le 8 septembre 1760
Daniel Machabée
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Épilogue de la bataille de Sainte-Foy

Daniel Machabée : danielmachabee@journaldescitoyens.ca – Après avoir vaillamment guerroyé lors de la bataille de Sainte-Foy, l’armée française commandée par le maréchal Lévis doit abandonner le siège de la ville de Québec et se replier vers l’intérieur de la colonie, alors que des voiles anglaises apparaissent devant le Cap-Diamant. En début septembre, trois corps d’armée marchent sur Montréal. Murrray arrive de Québec et fait sa jonction avec Amhearst, qui prend position le 6 septembre à Lachine.

Vingt mille soldats anglais encerclent la ville de Montréal défendue par les résidus de l’armée française, soit 3000 hommes et 12 petites pièces de canon presque hors d’usage. Bourlamaque et le sieur Dumas voulent forcer les Anglais à descendre au centre de l’île pour espérer livrer un bon combat qui aurait honoré les troupes. Mais les Anglais se bornent à leurs positions. Dans la nuit, le gouverneur Vaudreuil, en toute hâte, assemble un conseil de guerre qui, sur l’avis de l’intendant Bigot, décide la capitulation, puisque les habitants de Montréal refusent de prendre les armes. En conséquence, il est résolu que Bougainville sera le parlementaire désigné au général Amhearst pour lui proposer une suspension d’armes, à charge de capituler si l’on n’a aucune nouvelle de la paix.

Pendant toute la journée, ce ne sont que négociations pour traiter de la capitulation. La proposition de Bougainville refusée, celui-ci revient porter à Vaudreuil les 55 articles de la capitulation. Le maréchal Lévis, toujours aussi fougueux, réclame pour ses troupes les honneurs de la guerre et la neutralité canadienne. Bougainville retourne comme messager, mais Amhearst ne le reçoit même pas. Indigné, Lévis écrit à Vaudreuil ses intentions dans un mémoire : « Si Monsieur le Marquis de Vaudreuil, par des vues politiques, se croit obligé de rendre présentement la colonie aux Anglois, nous lui demandons la liberté de nous retirer avec les troupes de terre dans l’isle de Sainte-Hélène pour y soutenir en notre volonté l’honneur des armes du Roy, résolus de nous exposer à toutes sortes d’extrémités plutôt que de subir des conditions qui nous y paraissent si contraires. » 

Or, Vaudreuil lui demande impérativement qu’il remette son épée à l’ennemi afin d’éviter à la ville les horreurs d’un carnage : « Attendu que l’intérêt de la colonie ne nous permet pas de refuser les conditions proposées par le général anglois, lesquelles sont avantageuses à un pays dont le sort m’est confié, j’ordonne à Monsieur le Chevalier de Lévis de se conformer à ladite capitulation et de faire mettre bas les armes aux troupes. »

Résigné, Lévis accepte de se rendre. Dans la nuit du 8 septembre, par une température froide et humide, sur l’île Sainte-Hélène, un roulement de tambour prolongé retentit dans les ténèbres. Les troupes sont rangées en ordre de bataille. En avant de leur front, un vaste brasier flambe éclairant un visage pâle et crispé, le visage de Lévis. En levant son épée, les officiers abaissent vers le feu l’image militaire de la France. Pendant que s’accomplit cet holocauste de l’honneur, les troupes présentent les armes et les officiers saluent de l’épée. Puis, suprême protestation, un ulti-me cri de douleur jaillit à la fois de toutes les poitrines : « Vive la France ! » Le chevalier de Lévis vient de brûler les drapeaux au lieu de les rendre à l’ennemi. Le 8 septembre, la capitulation est signée à 8 h du matin. Le soir même, les Britanniques occupent le faubourg des Récollets. Henri Martin, dans son Histoire de France, écrira sur cette période : « Dans l’Inde on avait pu admirer quelques grands hommes; ici, ce fut tout un peuple qui fut grand. »

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