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La Forêt Héritage, entre conservation et usage abusif
Jacinthe Laliberté jacinthe.laliberte@journaldescitoyens.ca – Le vélo de montagne a été un sujet de conversation, voire de débat très prisé, depuis quelques semaines. La protection ou la conservation des sentiers, particulièrement des réserves naturelles comme celle de la Forêt Héritage est un aspect qui n’a jamais été abordé.
Cette réserve naturelle se trouve au cœur d’un territoire acquis notamment par des dons ou par vente à rabais, ce qui est le cas pour le terrain de Julie Gagnon, résidente de Sainte-Anne-des-Lacs. Celle-ci explique : « Nous faisons une vente à rabais avec notre deuxième partie de terrain, ce qui veut dire une vente de 75 % de la valeur et un don écologique de 25 %. »
Faire une réserve naturelle de terrains acquis à l’état naturel est très louable et découle d’un besoin de plus en plus criant de partager des espaces verts. Cependant, on ne peut acquérir des terrains par don écologique sans avoir à répondre à certaines exigences.
Un autre exemple est le don écologique fait par la famille Parent. « Ce fut un don d’environ 28,3 hectares pour des fins de conservation et aussi pour la pratique d’activités de plein air dans le cadre du Programme des dons écologiques du Canada, » a tenu à expliquer Luc Parent, représentant de cette famille.
L’histoire en appui à notre compréhension
Ce n’est pas d’aujourd’hui que des sentiers destinés à la pratique d’activités estivales et hivernales font partie de réserves naturelles. Anthony Côté, membre administrateur de l’HÉPAN, a commencé en 1993, avec un groupe de bénévoles, à tracer des sentiers de ski de fond sur un territoire nommé à l’époque Corridors verts, qui est devenu Forêt Héritage.
Des sentiers pour la Forêt Héritage
Ainsi, les sentiers font indéniablement partie du patrimoine de la Forêt Héritage. D’ailleurs, la mission de l’organisme Héritage plein air du Nord (HéPAN) vise la conservation et la protection environnementale des terrains acquis et inclut aussi l’accès à la nature pour la pratique d’activités sportives.
La Forêt Héritage est accessible en tout temps et sans frais à des adeptes de sport extrême qui en ont fait un terrain de jeu très fréquenté. Victime d’un succès non prévu, l’achalandage est devenu plus que problématique, particulièrement si on veut continuer de protéger un site où certains milieux humides sont considérés comme sensibles.
Fait étonnant, douze des dix-huit pistes des sentiers de la Forêt Héritage sont situées, en partie ou totalement, sur la réserve dite naturelle de ce territoire. Quinze de ces sentiers ont été classifiés « intermédiaire et avancé ». Ici, on parle, évidemment, des sentiers de vélo de montagne identifiés sur la carte qu’ont peut consulter sur le site de l’organisme. Pour mieux se situer, la signalisation est empruntée au Guide de sentiers de vélo de montagne de Vélo Québec.
M. Luc Parent, qui a entendu parler de la controverse concernant les vélos de montagne, a apporté cette précision : « Dans le contexte de la COVID, il y a eu un achalandage accru et le vélo de montagne semble très populaire. Il faut toutefois garder à l’esprit que Forêt Héritage a, dans le cadre de ce programme, comme principale mission la conservation et la protection du patrimoine. »
Madame Julie Gagnon apporte certaines précisions : « Dans l’offre d’achat, nous demandons que des démarches soient faites pour que le terrain fasse partie d’une réserve naturelle. La réserve naturelle ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de vélos… C’est juste qu’il y a un nombre maximum de sentiers à respecter pour la préservation de la forêt. Cette règle augmente le niveau de protection. »
Que faut-il tant protéger ?
Des citoyens de Sainte-Anne-des-Lacs, utilisateurs réguliers des sentiers de la Forêt Héritage, ont fait certains constats déplorables quant à la protection de l’environnement, tels le sentier Flamingo atteint par l’érosion, l’absence de végétation à certains carrefours de pistes, les racines d’un arbre évalué à près de 100 ans d’âge complètement dénudées par le passage répété des vélos.
Manifestement, cela ne semble être que la pointe de l’iceberg, puisque l’aménagement de nouveaux sentiers de vélos de plus en plus performants pour une petite catégorie d’experts est au cœur d’une certaine controverse.
À qui incombe la responsabilité ?
Et que dire du comportement de certains usagers qui contreviennent à la protection de cette réserve naturelle. La vitesse des cyclistes, la présence de plus en plus grande de randonneurs et raquetteurs, l’insubordination face à l’application du code d’éthique émis par l’HéPAN, le non respect des valeurs environnementales et du patrimoine écologique sous le couvert d’un comportement anti-sportif, n’en sont que les plus remarqués.
Les citoyens et le Conseil de Sainte-Anne-des-Lacs, de par leur apport financier, les donateurs d’organisme tel Conservation de la nature Canada, et tout autre usager seraient à même de demander des comptes à l’organisme Héritage plein air du Nord quant à la mise en place de moyens ciblés pour la protection de cette réserve naturelle.
« Protéger à perpétuité des sites naturels pour contribuer au maintien de la biodiversité et des processus écologiques… » Une mission qui devrait pourtant tenir la route si tout le monde s’y mettait.